Trump vante les droits de douane, les emplois créés et les marchés au sommet. Mais ces « faits » ne disent qu’une petite partie de l’histoire.
Aïe… Dans le combat éternel entre vertu et vice, il semble que notre député préféré soit en difficulté.
The Washington Examiner rapporte :
« Des milliardaires pro-israéliens ont dépensé plus de 1,5 million de dollars en 38 jours pour évincer Thomas Massie. »
Les sondages le donnent nettement derrière son rival, soutenu à la fois par Trump et l’AIPAC.
Dans une récente interview, Massie a pointé un fait essentiel : il ne se retrouve pas seulement opposé à Trump et au lobby israélien, mais aussi à l’industrie américaine de l’armement. Tous réclament davantage d’argent public. Mais il y a plus grave encore : Massie se heurte au coeur même du système – celui de la monnaie factice et des prix artificiellement gonflés. Quiconque tente de se mettre en travers de cette machine est condamné à être éliminé.
Massie explique :
« Le Pentagone fournit au Congrès une carte pratique indiquant tous les districts où se trouvent les industries de défense et tous les emplois qu’elles génèrent. »
Voilà ce que nous voyons.
Mais ce que nous ne voyons pas, ce sont tous les emplois, les revenus, les ventes et les bénéfices perdus ailleurs. Chaque kilo d’acier utilisé pour construire un char n’ira pas dans la fabrication d’un climatiseur. Et même si l’argent injecté est de la fausse monnaie – « imprimée » et empruntée – il sert malgré tout à acheter des ressources bien réelles, prélevées sur l’économie réelle.
La question essentielle : que ne voyons-nous pas ?
Nous percevons ce qui est. Pas ce qui pourrait être, ni ce qui devrait être… encore moins ce qui sera.
Un homme part en vacances à Milan et Paris lui manque. Napoléon emmène ses soldats à Moscou – peut-être auraient-ils préféré profiter de la Côte d’Azur. Une bombe explose et tue un homme qui, peut-être, aurait trouvé le remède contre le cancer.
Nous ne connaissons qu’une infime partie de l’histoire. Et celle que nous croyons comprendre, nous ne l’apercevons qu’à travers un verre obscur.
Prenons les droits de douane. On nous assure qu’ils sont un grand succès puisque leurs recettes doivent réduire les déficits. Mais la suite de l’histoire est déjà visible.
CNBC rapporte :
« Le déficit américain atteint 291 milliards de dollars en juillet malgré la hausse des recettes douanières. »
En un an, le déficit du mois de juillet a bondi de 19 % (+47 Mds$). Les recettes fiscales ont progressé de 2 % (+8 Mds$), pour atteindre 338 milliards, tandis que les dépenses ont explosé de 10 % (+56 Mds$), à 630 milliards – un record pour ce mois.
A ce rythme, même si elles sont substantielles, les recettes douanières resteront insignifiantes face au gouffre de la dette.
Les chiffres ne disent pas tout
Jusqu’à la semaine dernière, Trump présentait les bons chiffres de l’emploi comme la preuve d’une économie solide. Après leur révision à la baisse, il a changé de discours : désormais, ils seraient « truqués ».
Quoi qu’il en soit, ces chiffres ne prouvent rien.
Certains emplois ont peut-être disparu à cause de l’incertitude créée par sa gestion imprévisible, « d’homme providentiel ». D’autres parce que de nombreuses femmes quittent le marché du travail.
Newsweek :
« Des centaines de milliers de femmes quittent le marché du travail. »
Ou encore parce que les immigrés repartent.
USA Today :
« Selon de nouvelles données, la population immigrée aurait diminué d’environ deux millions de personnes au cours des six premiers mois de l’année. »
Et les marchés ?
Sur le marché boursier, les cours records semblent confirmer que l’équipe Trump agit pour le mieux. Après tout, les prix sont des faits. Ils ne mentent pas… n’est-ce pas ?
Reuters rapporte :
« Le S&P 500 et le Nasdaq ont atteint des niveaux records à l’ouverture. »
Mais attention ! Que cachent ces cours ?
Les actions américaines ont progressé de près de 10 % cette année. Mais en Allemagne, elles ont bondi de 35 %. Autrement dit, l’équipe Trump a-t-elle fait perdre 25 % de gains potentiels aux investisseurs ?
Nous ne le savons pas. Mais il est peut-être prématuré de se réjouir. Louer les records actuels reviendrait à féliciter le capitaine du Titanic pour ses quatre premiers jours de traversée sans incident… ou Herbert Hoover pour les performances du marché boursier à l’été 1929.
Mieux vaut attendre la suite de l’histoire.
1 commentaire
On lit parfois des commentaires selon lesquels Trump lutterait contre les « élites ».
Il semble beaucoup plus clair que Massie, lui, lutte effectivement contre lesdites élites.
Et Trump veut éliminer (politiquement parlant, du moins on l’espère) Massie.
Le syllogisme serait : Trump lutte contre les élites. Massie lutte contre les élites. Trump et Massie mènent la même lutte.
La question est donc : comment Trump peut-il être contre les élites tout en voulant se débarrasser d’un homme qui est clairement contre elles ?
Seule réponse envisageable : Trump est contre les élites mais la tête de Massie ne lui revient pas., et c’est ce critère qui prime. Réponse envisageable mais…crédible ?