Le Moyen-Orient connaît également des évolutions positives, bien qu’elles soient rarement mises en avant.
Les tensions et les conflits sont malheureusement une caractéristique du Moyen-Orient, et la dernière explosion de violence n’est pas de nature à changer l’image de la région. Malgré cela, de réels progrès sont réalisés en matière d’ouverture de la région au monde.
Le terrible raid terroriste commis par le Hamas le 7 octobre et la réponse d’Israël ont un effet sur les relations entre Israël et l’Arabie saoudite. La normalisation entre Israël et les Saoudiens est à nouveau « en suspens », alors qu’une grande avancée était attendue avant le 7 octobre. Fin septembre, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed bin Salman a qualifié le rapprochement de « plus grand accord historique depuis la fin de la guerre froide », déclarant ensuite que « chaque jour, nous nous rapprochons, il semble que ce soit pour la première fois un vrai sérieux ».
Certains ont affirmé que l’Iran était en réalité à l’origine du raid du Hamas, dans le but de faire dérailler les relations entre Israël et l’Arabie saoudite. Que cela soit vrai ou non, ce n’est pas un secret que le Hamas est soutenu par l’Iran depuis des années et, en premier lieu, il y a eu une défaillance massive de la sécurité israélienne.
Il est intéressant de noter que les Émirats arabes unis, alliés de l’Arabie saoudite, ont condamné le Hamas immédiatement après les attaques, se déclarant « consternés » par les informations selon lesquelles des civils israéliens avaient été pris en otage dans leurs maisons. Dans le même temps, ils ont également « exprimé leur profonde inquiétude face à l’escalade militaire israélienne et à l’exacerbation de la crise humanitaire qui menace d’entraîner de nouvelles pertes de vies civiles ».
Des sentiments similaires ont été exprimés par l’Arabie saoudite, où le prince Turki al-Faisal, un homme d’Etat âgé très respecté dans les cercles saoudiens, a non seulement condamné publiquement Israël, mais aussi le Hamas, déclarant qu’il était contraire aux croyances islamiques de tuer des enfants, des femmes et des personnes âgées, tout en soulignant qu’il n’y avait « pas de héros » dans le conflit. Selon Steven A. Cook, chroniqueur à Foreign Policy, le prince Turki « est […] la personne qui a dit en public des choses que les membres de la famille royale saoudienne veulent dire mais ne le peuvent pas ».
Il est intéressant de noter que cela montre que les Saoudiens et l’Occident se rapprochent quelque peu les uns des autres, en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien. Alors qu’en Occident, l’opinion publique devient de plus en plus critique à l’égard d’Israël – avec notamment des manifestations d’antisémitisme très regrettables, émanant principalement de la gauche dure –, le Hamas ne reçoit pas de laissez-passer pour faire n’importe quoi. Il semble bien que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis soient profondément contrariés par toute cette affaire, ce qui pourrait bien mettre en veilleuse le rapprochement avec Israël pendant des années.
Ce processus diplomatique n’est qu’un des nombreux changements en Arabie saoudite. Sous le nom de « Vision 2030 », l’Arabie saoudite est en train de mettre en place des réformes sociales et économiques majeures.
Dans The National, Mona Farag énumère comment cela signifie qu’aujourd’hui, les hommes et les femmes se mélangent sur le lieu de travail, de même qu’ils font « la même queue à la douane », ce qui n’était pas le cas dans le passé. Depuis 2018, il est également légal pour les femmes de conduire, ce qui semble avoir aggravé le problème des embouteillages, tandis que le vêtement traditionnel des femmes – l’abaya – n’est plus obligatoire. Au cours des six dernières années, les concerts de musique pop ont été légalisés, tandis que la ségrégation sexuelle dans les restaurants a été supprimée. En outre, les Saoudiennes peuvent désormais voyager à l’étranger sans l’autorisation d’un tuteur masculin.
Le pays a également gagné en importance dans le monde du sport, puisqu’il continue de faire parler de lui pour avoir attiré des stars du football, comme Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, et pour la tournée de golf LIV, soutenue par l’Arabie saoudite. Tout cela se produit dans le contexte d’une plus grande ouverture sur le monde.
L’Arabie saoudite a notamment pour objectif d’accueillir l’exposition universelle en 2030. Pour cela, sa capitale Riyad est en concurrence avec Rome en Italie et Busan en Corée du Sud. L’année dernière, le président français Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur de Riyad, dans le but de promouvoir les relations commerciales et diplomatiques avec l’Arabie saoudite, qui reste le plus grand exportateur de pétrole au monde.
Une visite du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed bin Salman à Paris l’année dernière a coïncidé avec d’autres réunions de haut niveau entre des ministres français et des ministres, des fonctionnaires et des représentants d’entreprises saoudiens.
Plus tôt cette année, la société franco-européenne Airbus a annoncé comment le transporteur aérien saoudien Flynas a passé une commande d’avions de 3,7 Mds$, tandis qu’elle a également signé un accord avec la société de défense saoudienne SCOPA pour produire conjointement des hélicoptères. En d’autres termes, les liens économiques entre l’Arabie saoudite et l’Europe ne font que s’intensifier.
Un plan directeur complet accompagne la candidature de Riyad à l’Expo 2030, qui comprend un site à thème mondial situé au nord de la ville de Riyad, près de l’aéroport, où chaque pays participant aurait son propre pavillon. Un monument futuriste dédié à l’exposition est également prévu, dans la lignée d’autres projets futuristes saoudiens, comme un nouveau cube doré gigantesque qui devrait être construit à Riyad – ou « The Line », une ville intelligente linéaire en construction dans la province saoudienne de Tabuk, qui est conçue pour ne pas avoir de voitures, de rues ou d’émissions de carbone.
Tout cela prouve une fois de plus que, quoi qu’il arrive dans le contexte du conflit israélo-palestinien, d’autres choses plus positives se produisent au Moyen-Orient et méritent que l’on s’y intéresse. Le processus d’ouverture de l’Arabie saoudite est, à cet égard, un signe d’espoir, surtout en cette période de désespoir.