▪ « Que signifie ‘le marché’ pour vous ? » demandait hier Joel Bowman.
Une question de plus en plus urgente actuellement — maintenant que les cours boursiers semblent parfaitement indifférents au contexte économique et financier sous-jacent, et uniquement préoccupés de grimper encore et toujours.
« En général, lorsque les commentateurs intarissables parlent en long et en large ‘des marchés' », continue Joel, « ils font référence à un groupe d’actions que vous pouvez ou non détenir, qui s’échangent selon des fondamentaux douteux qui vous importent ou pas, et qui varient de manière que nous ne pouvons certainement ni prévoir ni comprendre ».
« ‘Le Dow en hausse sur l’annonce trucmuche’, publie un journal. ‘Les marchés de la Zone euro ébranlés par l’annonce bidule’, clame un autre. Mais en quoi cela nous affecte-t-il réellement ? De quelle manière ces informations influencent-elles notre vie ? Le mouvement de ce marché en particulier détermine-t-il ce qui arrive en bas de chez nous ou bien reflète-t-il simplement le ‘sentiment’ général de robots de trading automatique et de services de trading haute fréquence à Wall Street ? D’ailleurs, pourquoi s’en soucier ? »
Pourquoi ? Tout simplement parce que le fait de connaître la réalité permet de s’en protéger, le cas échéant.
▪ Philippe Béchade, qui dénonce depuis bien longtemps les méfaits des robots et autres logiciels de trading algorithmique, rajoutait une pierre à l’édifice cette semaine avec le concept de « finance low cost » :
« Dans le monde de la finance, le low cost, c’est la possibilité de multiplier les allers-retours pratiquement sans frais et donc de raccourcir l’horizon de placement de la semaine (le temps d’amortir les frais de transactions) aux cinq prochaines minutes : si ça ne paye pas immédiatement, je sors ! »
« Avec ce genre d’échelle de temps, ce n’est plus la valeur qui compte, mais le prix — qui devient complètement auto-référent. Le low cost, c’est le culte de l’immédiateté en matière d’information. Pas de recul, pas de mise en perspective, aucun contenu analytique ».
« Tout se joue au niveau de l’émotion (devant un journal « gratuit » ou un article archi-soldé) ou de la réaction — par opposition à la conviction — en matière de placements financiers. Il n’est plus question que de suivre aveuglément la tendance, surtout pas de l’anticiper, et encore moins de la remettre en question ».
Le prix contre la valeur — l’éternel débat, dont Simone Wapler a fait un principe fondateur dans sa lettre d’investissement. Investissez dans des placements dont vous êtes certain de la valeur, cher lecteur : le prix finira par suivre… et même s’il fluctue, la valeur, elle, reste.
▪ Dan Denning est du même avis, comme il l’affirmait jeudi, sans prendre de gants :
« Les marchés boursiers sont devenus une gigantesque farce. Les indices ne communiquent pas d’informations utiles ou exactes. Les prix sont plus influencés par l’offre de crédit dans le système que par les bénéfices sous-jacents des entreprises cotées. L’ensemble ressemble furieusement à un système de racket conçu uniquement pour profiter aux banques, aux courtiers et aux bureaucrates qui les ‘régulent’ en apparence ».
Tout cela mène Dan à constat encourageant, somme toute :
« Il est assez rafraîchissant de faire ce genre de déclaration, même si nous admettons que nous avons peut-être tort sur le sujet. C’est rafraîchissant parce qu’une fois qu’on a reconnu le fait que le jeu auquel on vous demande de jouer est truqué, on peut choisir de ne pas participer. Ce qui rend les décisions d’allocation d’actifs bien plus simples ».
Et c’est bien vrai : quand on n’est plus dupe d’une situation, il est bien plus facile soit d’en jouer… soit de s’en écarter. Et cette lucidité ne peut être qu’une bonne nouvelle pour vos investissements.
Mais au fait… et pour vous, personnellement, que signifie « le marché »… et quelles sont les implications pour vos investissements actuels ?
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora