** "Le shopping est devenu un devoir patriotique aux Etats-Unis", écrit Tom Leonard dans le Telegraph.
* Rappelez-nous comment tout cela fonctionne…
* Voyons voir : les initiés de la finance ont gagné des milliards de dollars en primes et en commissions durant l’Ere de la Bulle — et ils ont été assez malins pour empocher l’argent à temps.
* Ensuite, lorsque la bulle a éclaté, ils se sont retrouvés un peu à court de liquide dans la boutique. Et puisqu’ils n’avaient pas d’argent, ils ne pouvaient pas en prêter. Puisqu’ils ne pouvaient pas prêter, eh bien… les Américains ne pouvaient pas emprunter… puisqu’ils ne pouvaient pas emprunter… ils ne pouvaient pas faire d’achats… et puisqu’ils ne pouvaient pas faire d’achats… tout le mic-mac de l’économie américaine a stoppé net.
* Pire, elle a commencé à faire machine arrière. Selon les chiffres officiels, l’économie américaine a reculé de 0,5% au troisième trimestre.
* Et dans la mesure où les entreprises ne vendent rien, les profits chutent… et les investisseurs retirent leurs billes.
* Bloomberg déclare que la récession a en fait commencé en 2007. Cela signifie que c’est déjà la plus longue récession depuis 20 ans environ.
* Les Etats-Unis ne sont pas les seuls concernés. Le fret a chuté à pic. En Grande-Bretagne, l’industrie manufacturière a engrangé sa plus grande dégringolade depuis le début des années 90. Les prix de l’immobilier britannique sont revenus à leur niveau d’il y a trois ans. L’Inde annonce le premier déclin de ses exportations en sept ans. Et en Islande, les gens manifestent pour "protester contre l’effondrement économique".
* Les Islandais perdent leur temps, de toute évidence. Les effondrements sont inévitables. Ils font partie du processus capitaliste — effaçant les erreurs pour qu’on puisse continuer. Ils pourraient tout aussi bien manifester contre la mort…
* Mais partout dans le monde, les gens commencent à être nerveux… déprimés… inquiets.
** O ! Bama ! Où est ton rebond ?
* Bien entendu, les gens pensent que nous avons un gros problème sur les bras. Et ils croient savoir ce qui l’a causé — trop d’emprunts et trop de dépenses durant les années de bulle.
* La chose amusante, c’est que la plupart des gens croient également savoir que s’ils ne font pas plus d’achats, les choses seront pires encore.
* C’est là que nous nous trouvons à court d’argument. Mais vous devez nous excuser, parce que nous ne sommes qu’un malheureux avocat de province… Enfin, nous serions un malheureux avocat de province… si nous vivions en province… et si nous étions avocat.
* Bref, ce que nous essayons de dire, c’est que nous sommes un peu lent, à la Chronique Agora. Parfois, nous n’arrivons pas à suivre tous ces gars d’la ville…
* Essayons encore.
* Le gouvernement américain emprunte de l’argent aux contribuables… et le donne à Wall Street pour que les financiers puissent le reprêter aux contribuables, à grands frais. En fait, Wall Street emprunte cet argent à la Fed à 1%, disons… puis le prête de nouveau aux contribuables à 6% ou 7%, par exemple. Ainsi, Wall Street gagne de l’argent et nous pouvons toujours emprunter ce dont nous avons besoin.
* Super système, non ?
** Tiens, et Hank Paulson ! Voilà un gars d’la ville que nous admirons. Il a gagné une fortune à la tête de Goldman, jusqu’à ce qu’on lui demande de gérer le Trésor des Etats-Unis. Il sait tout de ces CDO, SIV, MBD — oh, il connaît probablement toutes les lettres de l’alphabet. Et il les a aussi utilisées — pour mettre en place tous ces investissements subprime élaborés.
* Voilà pourquoi c’était le type parfait pour diriger le département du Trésor. Il connaît tout sur les investissements toxiques qui causent tant d’ennuis — après tout, c’est sa société qui les a créés.
* Bien entendu, si vous lui demandez, il niera. Il déclarera que ce sont des ingénieurs renégats, cachés dans la cave, qui ont commis tous ces méfaits. Il était en train de participer à des réunions importantes et sauvait l’environnement ; comment pouvait-il savoir ce qu’ils tramaient ? Oui, il était PDG… mais allez… aucun dirigeant ne peut se tenir au courant de toutes ces histoires d’alphabet, si ?
* C’est exactement le genre de personne qu’on veut à la tête d’une économie, non ? Quelqu’un qui reste fixé sur l’ensemble du tableau… qui ne se laisse pas distraire par les détails…
* Et puis il y a son remplaçant, Tim Geithner. Nous savons que c’est l’homme de la situation. Pourquoi ? Parce qu’il a de l’expérience. Voilà des années qu’il travaille dans le domaine. En tant que chef de la Fed de New York, il était pile sur le terrain quand tous ces scientifiques de l’investissement faisaient leurs expériences… il était pratiquement dans la pièce — gardant ouvert un oeil vigilant — lorsqu’ils ont élaboré ces jolis modèles de régression linéaire… mélangé de la dette hypothécaire subprime… avant d’ajouter une tonne de produits dérivés effervescents. Personne ne sait vraiment ce qui s’est passé ensuite. Les fenêtres se sont ouvertes en grand et un nuage de fumée s’est élevé si haut dans les airs qu’on pouvait le voir jusqu’au New Jersey. Mais bon sang, ce n’était pas sa faute si tout a explosé !
* Et puisque ces braves gens en savent autant sur la manière dont nous nous sommes retrouvés dans cette crise, ce sont clairement ceux qui nous aideront à nous en sortir… Logique, non ?
* Evidemment, ils vont donner de l’argent à leurs vieux amis de Wall Street… et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher le coût de la vie de baisser…
* … Et bien entendu, ils encourageront les gens à emprunter et dépenser… afin qu’ils puissent dépenser plus d’argent qu’ils n’ont pas sur plus de choses dont ils n’ont pas besoin. Les gens seront ensuite plus endettés que jamais.
* … Mais ce doit être ainsi que toutes ces histoires d’argent fonctionnent. Nous ne devrions pas être si bêta à ce sujet…