▪ Une autre journée pour rien à Wall Street. Rien à dire. Alors revenons aux réflexions que nous avons entamées hier — le monde, toutes griffes dehors… la préhistoire ! 10 000 ans av. J.C… 20 000 ans… 100 000 ans.
Nous continuons notre examen de la différence entre la civilisation et la barbarie. Mais avant de nous lancer… faisons une petite pause pour pouffer et cracher. C’est ce que nous avons fait quand nous avons lu dans le New York Times que :
"Oui, l’économie est une science".
"Je suis troublé par le sentiment, parmi les sceptiques, que les désaccords sur les réponses à certaines questions suggèrent que l’économie est une discipline confuse, une fausse science dont les découvertes ne peuvent être une base utile pour prendre des décisions politiques".
"Il est vrai que les réponses à de nombreuses questions macro-économiques sur ‘l’ensemble du tableau’ — comme les causes de la récession ou les déterminants de la croissance — restent insaisissables".
Insaisissables ? Elles sont aussi insaisissables qu’un Yéti mort ou qu’un Elvis vivant. Elles n’existent pas, en d’autres termes. Du moins pas là où les économistes regardent. On ne peut obtenir de réponses fiables à partir d’une science économie de charlatans.
L’auteur de cet article d’opinion est un professeur d’économie à Harvard. Evidemment : qui d’autre croirait qu’il y a le moindre petit aspect scientifique au sujet de l’économie ?
"Considérez la question — politiquement lourde — de savoir si prolonger les allocations chômage augmente le taux de chômage n’encourageant pas les travailleurs à retrouver un emploi. Près d’une douzaine d’études économiques ont analysé cette question en comparant les taux de chômage dans des états ayant des allocations chômage longues par rapport à des états qui n’en ont pas".
"Ces études ressemblent de près aux expériences médicales durant lesquelles certains groupes reçoivent un traitement — dans ce cas, des allocations-chômage longues — tandis que d’autres groupes de ‘contrôle’ n’en reçoivent pas. Ces études ont unanimement révélé qu’une extension de 10 semaines des allocations chômage augmente le temps moyen que les gens passent au chômage d’une semaine au maximum. Cette découverte simple et irréfutable sous-entend que les décideurs politiques peuvent étendre les allocations pour fournir une aide aux sans-emploi sans augmenter substantiellement le taux de chômage".
Quoi ? Et ça, c’est de la science ? La science exige des conditions initiales contrôlables… des hypothèses dont on peut prouver qu’elles ne sont pas vraies… et des résultats reproductibles. L’économie ne remplit aucun de ces critères. Telle qu’on la pratique aujourd’hui, elle n’est que suppositions et statistiques mouvantes pour justifier des politiques sordides. L’exemple ci-dessus notamment signifie-t-il qu’on peut rallonger les allocations chômage et ainsi augmenter d’une semaine la durée du chômage moyen ? Pas du tout.
Dans une économie, il y a des milliers d’influences sur l’emploi — les postes disponibles, les salaires réels, la démographie, l’inflation. Personne ne peut dire laquelle entrera en jeu à un moment donné… ou l’effet qu’elle aura. Il n’y a pas de facteurs discrets pouvant être isolés et étudiés. Il n’y a aucun moyen de construire un ensemble prouvé de connaissances économiques. Et on ne peut améliorer le monde en contrariant les décisions des individus, en utilisant l’économie pour en déduire des décisions politiques.
La science théorique et la science appliquée peuvent faire des choses stupéfiantes — envoyer un véhicule motorisé sur une autre planète, par exemple, et le faire fonctionner à distance. Que peut faire l’économie ? Qu’est-ce que la profession a accompli ? Notre économie se développe-t-elle plus rapidement maintenant que des économistes gèrent la Fed ? Les crises sont-elles finies plus vite ? Les gens deviennent-ils plus riches ? La réponse à toutes ces questions est "non". L’économie américaine fonctionnait mieux avant que les économistes ne s’en mêlent. Pouvez-vous citer une seule vraie réussite de la profession économique ? Nous non.
Mais revenons-en à 10 000 av. JC… ou peut-être 5 000 av. J.C.
▪ L’utilité déclinante du meurtre
L’argent réel tel que nous le connaissons s’est développé en même temps que le mariage et la règle d’or. Ces innovations ont permis aux gens de vivre ensemble, pacifiquement, et de faire des affaires entre eux. Le commerce, l’épargne, l’investissement, la division du travail — ce sont les innovations de base sur lesquelles repose le capitalisme moderne.
Durant les 195 000 premières années de son existence, l’être humain tendait à s’engager dans des transactions gagnant-perdant. Il était difficile d’augmenter sa richesse. Il n’y avait qu’une quantité limitée de territoires de chasse. Le moyen d’en obtenir plus était d’en enlever à quelqu’un d’autre. Une personne gagnait. L’autre perdait. Naturellement, le perdant ne donnait pas ses biens sans combattre. En général, nous supposons qu’il était tué… ou chassé.
Ce qui ne signifie pas que la plupart des gens ne vivaient pas en paix. Ni que la bonté ou la gentillesse n’existaient pas. Nous n’en savons rien. Nous n’étions pas là. Mais il n’est pas difficile d’imaginer que la violence était aussi répandue que le silex. Tout changement majeur dans la richesse, le statut ou le pouvoir relatifs des êtres humains — qu’il s’agisse de groupes ou d’individus — devait être accompli en majeure partie par la violence. Il n’y avait simplement pas d’autre moyen d’avancer.
Il n’y a rien de particulièrement choquant là-dedans. La conduite de l’homme primitif n’était guère différente de celle de tout autre animal prédateur. Tous vivaient en tuant. Plus ils tuaient, plus ils étaient "prospères".
Pas plus que l’homme n’était le seul prédateur à cibler sa propre espèce. De récentes observations montrent que les chimpanzés, à l’état sauvage, conduisent des "guerres" meurtrières contre des groupes voisins — organisant des raids et des embuscades pour tuer les mâles rivaux.
Et les tueries n’ont pas pris fin après que la civilisation a été introduite. Elles sont plutôt devenues plus sophistiquées ; on a constitué de grandes armées professionnelles, et certains des esprits les plus affûtés se sont penchés sur les défis de l’ingénierie militaire et les homicides de masse.
Mais après que la civilisation a évolué — et elle évolue encore, bien entendu — il a fallu mettre une fausse moustache à ces tueries. Il fallait les déguiser en "patriotisme"… en protection de la mère-patrie… en combat pour le lebensraum… en "guerre contre la terreur"… en doctrine Monroe… en rendre le monde "plus sûr pour la démocratie"… et autres sottises de ce genre.
Parallèlement, le taux de rendement a décliné. On pouvait encore tuer — il est probable qu’aucun événement de la préhistoire ne soit arrivé à la cheville des morts de la période 1914-1945. Mais dans le nouveau monde moderne, l’homicide ne rapportait pas autant qu’autrefois. Une bonne partie du plaisir et des profits avait disparu. On pouvait tuer un homme… mais il était mal vu de s’approprier ses biens, de prendre sa femme pour concubine et d’envoyer ses enfants en esclavage. Au lieu de ça, le rendement était devenu négatif. On écrasait son opposant — et on se retrouvait responsable du bien-être de sa veuve ! Il fallait trouver les fonds pour reconstruire l’économie de son adversaire. Il fallait fournir une protection policière… et installer des gardes autour des bureaux de vote.
Toute l’entreprise impériale américaine s’est révélée être une proposition perdante. Les Philippines, la Première Guerre mondiale, la Deuxième guerre mondiale, le Vietnam, l’Afghanistan… le retour net sur investissement était largement négatif — même si rien n’a été aussi profondément dans le rouge que la guerre en Irak, dont le coût est estimé à 5 000 milliards de dollars sans aucun gain apparent pour compenser tout cela.
Tandis que le rendement de la violence déclinait, le rendement de la coopération augmentait. Cette transaction gagnant-gagnant ne se contentait pas de transférer de la richesse ; elle l’augmentait. C’est bien entendu le monde que décrivait Adam Smith dans sa Richesse des Nations. En se spécialisant dans ce qu’ils font de mieux… et en faisant du commerce avec les autres… les individus et les nations s’enrichissent. Ils augmentent la richesse totale du monde, et ne se contentent pas de faire circuler la richesse existante.
A suivre !