Les cycles financiers longs durent plusieurs décennies, et beaucoup d’investisseurs ont tendance à oublier qu’ils existent. Ce qui est une très mauvaise idée si vous ne voulez pas être surpris lors des retournements…
L’étau se resserre autour de la Fed. Bloomberg :
« Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, et ses collègues ont vu leur indicateur d’inflation de référence se hisser à un niveau que l’on n’avait plus vu depuis quarante ans, époque à laquelle Paul Volcker présidait la banque centrale américaine.
L’indice des dépenses de consommation des ménages, que la Fed utilise pour déterminer son taux cible d’inflation, aurait bondi de 6% en glissement annuel en janvier, d’après l’estimation moyenne ressortant d’une enquête Bloomberg réalisée auprès d’économistes. L’indice ‘core’, qui exclut les produits alimentaires et les carburants, devrait progresser de 5,2%.
Moins d’un mois avant la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Fed, une hausse plus forte que prévu de l’indice des prix pourrait conduire la banque centrale américaine à rehausser son taux directeur d’un demi-point. L’indice des prix à la consommation a progressé plus que prévu en janvier, avec de fortes hausses des prix des biens et des services. »
C’est l’inflation ou la mort. Soit la Fed continue à faire tourner la planche à biller en toute insouciance, soit elle resserre sa politique monétaire, auquel cas vous pouvez dire au revoir à l’économie de bulle.
Pourquoi cette tendance ?
Paul Volcker fut le dernier président de la Fed compétent. Il fut également le dernier à réduire la masse monétaire pour endiguer l’inflation. Cela ne veut pas dire qu’il avait vu juste sur toute la ligne. Mais poussé dans ses retranchements, il a su réagir et stopper l’inflation.
C’était il y a quarante ans.
Vendredi dernier, nous regardions les cycles longs des marchés. Pour faire court, les prix évoluent à la hausse et à la baisse sous la forme de tendances qui durent des décennies.
Pourquoi ? Parce que les marchés font partie de l’existence humaine. Comme tout ou presque dans la vie (exception faite de la science et des technologies, où de véritables progrès sont possibles), il s’agit de tendances, de modèles et d’archétypes profondément ancrés.
Pourquoi tombons-nous amoureux ? Existe-t-il une loi qui nous y oblige ? Pourquoi nous marrions-nous ? L’amour et le mariage semblent aller de pair, comme un cheval et une calèche. Puis nous avons des enfants, qui auront des enfants et ainsi de suite. Est-ce une bonne chose ? Est-ce une mauvaise chose ? On ne sait pas mais c’est ainsi depuis longtemps. Nous suivons un schéma que nous connaissons mais que nous ne comprendrons jamais complètement.
Des leçons saisonnières
Lorsque vient l’hiver, les températures ne baissent pas indéfiniment jusqu’à ce que la terre se transforme en boule de glace. Après l’hiver vient le printemps, puis l’été. De la même manière, nous sommes tour à tour habités par l’espoir, le désespoir, la joie, morosité, la guerre et la paix, l’amour et la haine, le péché et la rédemption.
Nous apprenons les mêmes leçons, encore et encore. Les orages vont et viennent.
Les marchés se contentent simplement de refléter ces saisons de délectation et d’inconfort. Et le fait que les « longues vagues » soient si longues n’a rien de surprenant. Une génération apprend. La suivante oublie.
Cela fait à peu près une génération et demie que Paul Volcker a jugulé l’inflation. Depuis, la hausse des prix a globalement ralenti. Personne ne pense à réparer son toit quand le soleil brille. Et personne ne redoute une hausse des taux d’intérêt lorsque ceux-ci évoluent à la baisse depuis un bail.
Les taux obligataires se sont repliés à leur plus bas niveau de l’histoire après la Seconde Guerre mondiale (plus ou moins quand nous avons vu le jour). Puis, ils ont progressé pendant plus de 30 ans, et ont ensuite évolué à la baisse pendant plus de 40 ans. Il semble qu’ils sont désormais en train de repartir à la hausse.
Sur les marchés, les tendances de long terme, ou tendances primaires, sont également longues. Les marchés ont atteint un sommet en 1929. Les investisseurs ont ensuite dû attendre 27 ans pour connaître un nouveau sommet (ajusté en fonction de l’inflation). À partir du niveau le plus bas, touché en 1932, les marchés ont augmenté pendant 34 ans, pour atteindre un nouveau sommet en 1966.
Puis, ils sont repartis à la baisse pendant 29 ans, au grand dam des investisseurs. En 1998, le Dow Jones se hissait de nouveau à un niveau (ajusté en fonction de l’inflation) que l’on n’avait plus vu depuis 1966.
Progression fulgurante
Partant d’un niveau de 5 300 points, le Dow Jones allait connaître une progression fulgurante qui le propulserait à 36 000 points en 2021. Depuis le point le plus bas de ce cycle, qui a commencé en août 1982 et dure encore à ce jour, les Bourses ont progressé continuellement durant près de 40 ans.
Qu’est-ce qui nous attend désormais ? Il serait tentant de s’attendre à une nouvelle baisse longue et brutale. Si l’histoire se répète, les investisseurs devront attendre 2047, au minimum, pour voir les marchés se hisser de nouveau à de tels sommets.
Faut-il récupérer sa mise dès maintenant ? Comme nous l’avons montré vendredi dernier, mesurées en or, les Bourses ont fait du sur place ces 93 dernières années. En 1929, il était possible d’acheter toutes les actions composant le Dow Jones pour 18 onces d’or. Il faut également 18 onces d’or aujourd’hui pour acheter le Dow Jones.
A quoi bon ?
Les dividendes ! Les entreprises fabriquent des biens et fournissent des services. Elles sont la source de la vraie richesse, qu’elles partagent avec les actionnaires. Le truc est de savoir quand il convient de les garder en portefeuille et quand s’en délester.
Est-ce possible ? Pas vraiment. Mais il est possible de tirer son épingle du jeu.
Affaire à suivre…