Des héros, et ceux pour qui la vérité n’est qu’une question de point de vue…
Nos élites bien intentionnées ont tant de raisons de se sentir bien dans leur peau. Lorsqu’elles se regardent dans leur miroir le matin, elles doivent toutes voir des auréoles au-dessus de leur tête…
…ou peut-être se contentent-elles de contempler leur sourire béatifique, signe extérieur d’une grâce intérieure.
Les héros de 2020
Aujourd’hui, nous saluons les saints, les héros. Michael Chertoff. Leon Panetta. Michael Hayden. Jim Clapper. John Brennan.
Pourquoi sont-ils considérés comme des héros ? C’est la presse grand public qui le dit. Ce sont les « héros de 2020 » qui nous ont sauvés de la vérité. Etant tous des anciens espions, à la tête de diverses agences gouvernementales américaines, ils ont passé une grande partie de leur carrière à jeter un coup d’œil aux fenêtres, à ouvrir le courrier des autres et à diffuser des informations erronées.
Experts en la matière, ils ont signé une lettre ouverte, trois semaines avant l’élection de 2020, nous assurant que le scoop du New York Post sur Hunter Biden était faux. L’histoire de l’ordinateur portable, disaient-ils, était une « opération de désinformation russe ».
Ils sont bien placés pour le savoir ! Leur déclaration publique a fait l’objet de milliers de gros titres dans la presse. Voici celui de Politico, l’exemple le plus marquant :
« L’affaire de Hunter Biden est le fruit de la désinformation russe, selon des dizaines d’anciens fonctionnaires. »
Cela semblait concluant. Et l’article a permis d’éviter une série de questions qui auraient pu faire dérailler la campagne présidentielle de M. Biden.
Mais ce n’était pas de la désinformation russe, et plutôt de la désinformation américaine, qui nous a été transmise par d’anciens fonctionnaires de haut rang… des personnes en qui nous étions censés avoir confiance. Et c’est une autre chose dont les grands et les bons peuvent se réjouir : ils parviennent à protéger le public contre les « idées fausses »… et les élections honnêtes.
Dans le cas présent, ces personnes ont été payées pour savoir exactement ce qui se passait. Ou bien elles ne savaient pas ce qu’elles disaient savoir… ou n’ont pas dit ce qu’elles savaient vraiment. Dans tous les cas, elles ont menti.
Michael Morell, ancien directeur adjoint de la CIA, a expliqué pourquoi il avait agi de la sorte :
« Parce que je voulais [que Joe Biden] gagne les élections. »
Hmmm. S’ils n’avaient pas été trompés, les électeurs auraient peut-être choisi le mauvais candidat.
Quels saints ! Et il y en a des milliers d’autres comme eux !
Du capital pour les copains
Ils ne sauvent pas seulement notre démocratie… ils sauvent la planète entière. Ne trient-ils pas leurs déchets, ne baissent-ils pas leurs thermostats et ne servent-ils pas des repas végétariens dans leurs jets privés ? N’ont-ils pas soutenu la « loi sur la réduction de l’inflation » de Biden, sachant qu’elle n’avait rien à voir avec l’inflation et tout à voir avec la récompense des industries de copinage dans le secteur « vert » ?
Ne bannissent-ils pas le racisme, la suprématie blanche et l’homo-trans-phobie ? Ne font-ils pas monter le drapeau de l’« égalité » au mât tous les matins et ne le saluent-ils pas avant de vérifier l’augmentation des cours de leurs investissements ESG ?
N’ont-ils pas « stimulé » l’économie en ajoutant 8 000 Mds$ au bilan de la Fed… et 27 000 Mds$ de dette fédérale supplémentaire (ou « impression monétaire ») depuis le début du siècle ? N’ont-ils pas empêché les corrections de 2001, 2008 et 2020 ?
Ne protègent-ils pas la souveraineté de l’Ukraine, n’insistent-ils pas pour que les Russes respectent les résultats du coup d’Etat de 2014 soutenu par la CIA… et ne gardent-ils pas la frontière là où Lénine, Staline et Khrouchtchev l’ont placée ? Ne se sont-ils pas levés (peut-être en réprimant un rire) et n’ont-ils pas applaudi chaleureusement lorsque Zelensky s’est adressé à une session conjointe du Congrès ?
Et pour s’assurer que tout le monde sait qui commande, n’ont-ils pas – républicains et démocrates confondus – soutenu la dépense de 1 500 Mds$ par an (selon les chiffres de Winslow Wheeler, y compris les prestations aux anciens combattants, l’aide, les prêts et autres dépenses de politique étrangère) pour maintenir l’empire en activité ?
Avec tant de raisons d’être fiers…
…ils doivent marcher d’un pas léger… sautillant d’une fantaisie à l’autre… oubliant commodément tout le chaos et la misère qu’ils ont provoqués jusqu’à présent.
Ne sont-ils pas – Biden, Pelosi, McConnell et autres… tous les vieux schnocks et « héros » qui tirent les ficelles depuis un demi-siècle – responsables de cette situation ?
La dette américaine de 33 000 Mds$, le déficit commercial de 1 000 Mds$, les 8 000 Mds$ gaspillés en guerres (au cours de ce siècle uniquement), les prisonniers torturés, le million de vies perdues : où sont les enquêtes, les tribunaux, les procès pour crimes de guerre ?
Les militants et les hommes politiques sont presque toujours des crapules. Pour chaque Sophie Scholl, il y a une centaine de John Brown. Pour chaque personne qui résiste au mal, des dizaines sont prêtes à le provoquer.
Arrêtez… de protester
Et dans le Financial Times du week-end dernier, on nous donne d’autres exemples de ce dont nous avons le moins besoin. Plus de héros !
« Greta Thunberg et ses camarades du mouvement Fridays for Future, et les jeunes personnes de couleur qui ont lancé le Mouvement mondial pour les vies des noirs après l’assassinat de George Floyd en 2020…
Les récentes manifestations des activistes de Just Stop Oil qui ont interrompu les championnats du monde de snooker à Sheffield, les manifestants pour les droits des animaux qui ont envahi le parcours du Grand National et les opposants français à la réforme des retraites qui ont pris d’assaut le siège parisien de l’entreprise de produits de luxe LVMH… »
Selon Yarmin, ce sont tous des saints, qui prennent position de manière désintéressée, souvent illégalement, pour protester contre quelque chose qui ne leur convient pas.
Curieusement, il n’est pas fait mention des militants de Trump qui ont pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2020. Ni des manifestations menées par les Jeunesses hitlériennes dans les années 1930… ni des escadrons de Mao lors de la révolution culturelle… ni de ceux qui ont pris la Bastille et exécuté leur commandant en 1789… ni de ceux qui ont massacré les gardes suisses lors du sac de Rome en 1527… ni de l’audace de Gavrilo Princip, qui a assassiné l’archiduc Ferdinand et a déclenché la Première Guerre mondiale… ni de la foule qui a déclenché les émeutes de la faim de Petrograd en 1917, qui ont abouti à la révolution bolchevique.
Mais quel charme ce doit être d’avoir un esprit si peu terni par l’Histoire… si peu souillé par la nuance ou l’ambiguïté…
… qu’il peut croire tout ce qu’il veut.
1 commentaire
Vous pointez le problème de l »autosatisfaction des élites en place à un moment donné que l’histoire et l’étranger finissent toujours par bousculer. « Elle passe la figure de ce monde ».