▪ Actuellement, le sucre touche de nouveaux records historiques. A 760 $ la tonne à Londres (du jamais vu !). Et 29,82 US cents la livre à New York. Quelque 150% de hausse depuis le début de l’année 2009 !
El Niño ravage la production sucrière des deux plus gros producteurs mondiaux : l’Inde et le Brésil. Le marché devrait être déficitaire de 13,5 millions de tonnes cette saison. Face à l’effondrement de l’offre, la demande en hausse n’est plus satisfaite.
Le dernier appel d’offres de l’Indonésie a été un flop total. Le pays n’a pas réussi à acheter une seule livre de sucre. Pas une !! Son stock est quasi vide. La pénurie guette.
▪ Très fort repli de l’offre
La production brésilienne sur la saison 2009/2010 est attendue en repli de 2,1 millions de tonnes. A 34,6 millions de tonnes contre 36,7 précédemment. Or le Brésil, je vous le rappelle, c’est 60% du commerce mondial de sucre. De loin le plus gros exportateur de sucre.
J’ai déjà eu l’occasion de vous le dire, El Niño apporte bien trop de pluie sur le Brésil (alors que c’est la période sèche), ce qui a endommagé les récoltes.
Cette pluie continue à poser problème car elle réduit la période de la moisson (la canne doit être coupée sèche, or elle est chargée d’eau). Et comme pour le vin, elle dilue et réduit le taux de sucre présent dans la canne. Ce qui nuit à la qualité et réduit la production de sucre à l’arrivée.
▪ Chute de 40% de la production indienne
Ce n’est pas mieux en Inde. El Niño y a déclenché une grosse sécheresse, destructrice pour sa production sucrière en chute de 15 millions de tonnes sur la saison 2009/2010. Une chute de 40% comparée à une année de production normale. La saison précédente, sa production avait chuté de 20% pour cause de sécheresse, déjà.
Du coup l’Inde, plus grosse consommatrice mondiale de sucre, n’est plus auto-suffisante et doit importer. Ses ponctions sur le marché international de sucre poussent les prix à la hausse.
Outre l’Inde et le Brésil, les autres producteurs significatifs (la Chine, le Mexique et la Russie notamment) ont vu leur production baisser cette saison. La Thaïlande, second exportateur mondial, voit également sa production baisser sur la saison. Tous les clignotants sont au rouge…
▪ La demande, elle, continue de croître
Une hausse de 2,3% sur l’année, à 165 millions de tonnes est attendue. Et n’oubliez pas que dans les pays émergents, le sucre est une denrée considérée comme vitale. Car elle est source de calories. D’où la sensibilité de ces pays importateurs de sucre au prix.
Face à l’envolée des cours, les pays importateurs comme l’Inde, l’Ukraine, le Pakistan, l’Indonésie (le plus gros importateur), la Chine, l’Egypte… ont reporté leurs achats, essayant de "vivre sur leurs stocks".
▪ Pénurie et rupture de stock
A tel point qu’une pénurie de sucre menace aujourd’hui ces pays. Car leurs stocks ne sont pas inépuisables. Face à ce risque latent, les prix du sucre flambent dans ces pays confrontés à une soudaine inflation. Ils devront donc se mettre à importer d’ici peu ! Et au prix fort.
Or face à cette demande qui inévitablement arrivera sur le marché, il n’y a pour l’instant pas d’offre ! Comme nous l’avons vu il y a quelques lignes, le dernier appel d’offres de l’Indonésie s’est soldé par un flop.
Nous verrons la suite dès demain…