▪ La semaine dernière, les notations de crédit ont changé dans tous les sens.
Je ne sais pas ce qui est le plus surprenant : le soudain bouillonnement d’activité des agences de notation, ou la façon dont les marchés ont été surpris par leurs verdicts.
Vous avez entendu parler des "BRIC". Ce sont ces économies qui se développent à un rythme galopant : le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine.
Nous avons désormais les "PIIGS" : Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne (Spain, en anglais). Ce sont les pays européens dont les finances nationales sont le plus en détresse. Les trois agences de notation, Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, n’y sont pas allées de main morte sur les PIIGS cette année.
Et à raison. Par exemple, l’Espagne est la NEUVIEME économie la plus importante du monde. L’économie espagnole est plus importante que celle de l’Australie, du Canada ou même du Brésil. Mais son niveau de chômage est proche des 20%. Pour les Espagnols de moins de vingt-cinq ans, il est de 43%.
L’effet du chômage sur les jeunes adultes peut être dévastateur. Grandir sans emploi, c’est entamer une vie entière de chômage et d’opportunités ratées. La dette espagnole est de 66% de son PIB, et le déficit sera cette année de 11,2%.
Standard and Poor’s a déjà abaissé la notation de l’Espagne une fois cette année, et l’a mise sous surveillance en prévision d’une dette négative. Cela signifie qu’une baisse supplémentaire est plus que probable dans les prochaines années.
S&P a également baissé la notation du Portugal en janvier, puis a diminué la notation AAA de la dette gouvernementale de l’Irlande en mars. En octobre, il a aussi baissé la notation de l’Italie.
Concernant le Royaume-Uni, Moody’s a déclaré que le pays "testait les limites de sa notation". Enfin un carton jaune officiel ! Le bon sens a repris le dessus.
Moody’s a principalement dit que la notation baisserait s’ils ne voyaient aucune prise en compte de l’état des finances, et au moins quelques tentatives d’amélioration des choses.
Les chances annoncées par les bookmakers de voir la Grande-Bretagne perdre sa notation gouvernementale AAA tant convoitée dans les deux prochains mois a augmenté de 40%.
Une nouvelle notation entraînerait des ravages sur les coûts d’emprunts des gouvernements, mais peut-être que ce serait nécessaire pour générer une certaine prudence budgétaire chez les charmants M. Darling et M. Brown.
▪ Les Etats-Unis pourraient perdre leur notation AAA d’ici 2013
Nous avons vu des personnes qui investissent partout dans le monde appuyer sur le gros bouton rouge marqué PANIQUE quand les nouvelles de Dubaï sont arrivées il y a quelques semaines, et c’était pour une petite économie. Les marchés pourraient être pas mal secoués si le Royaume-Uni, la sixième plus grande économie du monde et le pays qui abrite l’un des plus grands centres financiers de la planète subissait un changement de notation.
Mais ce ne sont là que des broutilles.
Que se passerait-il si les Etats-Unis perdaient leur notation AAA ?
Moody’s a menacé les Etats-Unis d’une baisse de notation si le gouvernement ne faisait pas face au déficit dans les quatre prochaines années. C’est officiel — les Etats-Unis ont été prévenus.
Comme un alcoolique qui n’aurait pas été sobre depuis des années, les Etats-Unis sont coincés dans une spirale addictive d’endettement. La dette nationale des Etats-Unis est déjà de douze mille milliards de dollars.
Si les agences commencent à baisser la notation des Etats-Unis, le coût de cette dette va atteindre des niveaux records. Les Etats-Unis luttent déjà pour rembourser les intérêts !
Qui plus est, au-delà de ces nouveaux emprunts, il y a une quantité stupéfiante de dettes qui doivent être remboursées dans les prochaines années.
Et il y a les nouvelles dettes contractées. Les promesses d’Obama pour une nouvelle tentative de "mettre un terme à la guerre" en Afghanistan ne vont pas beaucoup aider le bilan. Quoi qu’il en soit, ramener les troupes à la maison n’est-elle pas la première chose qu’il a promis de faire s’il était élu ? Les guerres, comme l’histoire nous l’a montré, ont souvent tendance à durer plus longtemps et à coûter plus cher que prévu, et c’est bien la dernière chose dont les Etats-Unis ont besoin en ce moment.
Peut-être que quelqu’un aurait pu le lui dire quand il est allé chercher son prix Nobel de la paix.
Si les Etats-Unis veulent prouver leur bonne foi aux agences de notation et à leurs créanciers comme la Chine, ce n’est pas le comportement financièrement responsable qu’ils devraient adopter en ce moment.