Des maisons à Baltimore pour 1 $ et il se pourrait qu’elles n’en valent même pas le coût…
« J’ai vécu dans la même maison à Baltimore pendant près de 45 ans. Elle a eu le temps de changer, tout comme moi. Mais d’une certaine manière elle demeure la même… Elle fait autant partie de moi que mes deux mains. Si je devais la quitter, je me sentirais estropié, comme si j’avais été amputé d’une jambe. » – H.L. Mencken, journaliste et critique social, surnommé « le sage de Baltimore ».
Le premier jour du printemps ! Et dans sa braise, on brûle nos habits d’obscurité et de désespoir. Les buissons bourgeonnent. Les fleurs éclosent. L’herbe pousse. Les schémas demeurent.
Le printemps suit l’hiver. Comme toujours. L’inflation et la faillite suivent les excès de dépenses. Et, s’ils obtiennent le droit de le faire, les gouvernements sont repris par des bandits.
Nous allons aujourd’hui interrompre notre programme régulier avec un rapport amusant nous venant tout droit de notre ville d’origine. Business Insider rapporte :
« Baltimore va vendre plus de 200 maisons abandonnées appartenant à la ville à des résidents à un prix de départ de 1 $, dans un effort de revivification de certains de ses quartiers les plus difficiles.
Le taux de criminalité de cette ville du Maryland a conduit à un surplus de maisons vacantes dans certains quartiers. Selon la ville, il y aurait environ 15 000 propriétés abandonnées à Baltimore.
La ville offre 50 000 $ d’aide aux individus disposant d’un prêt de construction pré-approuvé, rapporte Bloomberg. »
Le problème est que la plupart des maisons que la ville met en vente ne valent même pas 1 $. Et on sait de quoi on parle.
Home Sweet Home
Nous avons démarré notre carrière à Washington. Mais Washington, dans les années 1970, commençait déjà à être coûteuse. Et les effluves de la politique rendaient déjà la vie en ville désagréable.
Baltimore, en contrepartie, était abordable. Excentrique. Atypique. Des maisons anciennes se vendaient pour 25 000 dollars (nous en avions acheté une et nous y avons vécu pendant dix ans). La ville vendait également des locaux commerciaux abandonnés. Nous avons donc acheté deux petits magasins d’appoint, sur trois étages, côte à côte, pour 200 dollars. Nous les avons ensuite rénovés et nous y avons installé ce qui allait devenir notre maison d’édition.
Le problème à l’époque – et c’est le même qu’à l’heure actuelle – n’avait rien à voir avec la brique ou le mortier… ce n’était pas non plus un problème de plomberie ou d’électricité… Il n’était même pas lié aux rues parsemées de nids-de-poule ou aux ramassages d’ordures négligés.
Le problème, c’était le quartier.
C’est tout à fait possible de rénover une maison ou un bâtiment administratif. Mais si le quartier est mal famé, ce ne sera jamais un bel endroit ni pour vivre ni pour travailler.
Notre maison se situait dans un quartier construit pour la classe marchande à majorité juive des années 1860-1880. Les maisons avaient de hauts plafonds, de lourdes boiseries et d’élégantes moulures. Elles étaient larges et comportaient quatre étages, avec souvent un appartement supplémentaire au sous-sol. Mais la bourgeoisie a déménagé au milieu du XXe siècle. Les maisons ont été découpées en appartements souvent mal agencés, puis occupés par des personnes qui n’ont pas su apprécier la grâce et le charme de l’architecture.
Quelle aventure que de restaurer une maison pour lui rendre sa gloire d’antan ! Nous avons gratté. Nous avons peint. Nous avons plâtré. Nous avons enlevé les ajouts et les murs de fortune pour en faire une maison de famille.
Mais le quartier est resté tel qu’il était : sale, bruyant et dangereux. (Nous avons souvent plaisanté en disant qu’après notre départ, nous devions mettre un CD le soir avec des coups de feu et des sirènes de police, pour que les enfants puissent s’endormir.)
Diversité, équité, inclusion
Nous espérions voir une gentrification. En d’autres termes, nous espérions que le quartier s’améliore, à force d’accueillir de plus en plus d’habitants. Attirés par les bas prix, les maisons auraient été réparées, boutiques et commerces auraient ouverts et la vie serait devenue plus sûre et plus agréable pour tout le monde.
Dans les années 1980, nous avons brièvement cru avoir raison. Nous étions des pionniers, cultivant des maisons dans un ghetto à Baltimore et priant pour un avenir meilleur. Mais quelle qu’ait été la « gentrification » que nous imaginions, elle n’a été que de courte durée.
Après quelques années, beaucoup des rénovateurs de maison ont abandonné et ont déménagé en banlieue. Quelques couples « pionniers » – peut-être à cause du stress engendré par cette situation – ont rompu et ont tourné la page. En tant que jeune famille, avec une entreprise naissante, peu d’argent mais beaucoup d’énergie et d’enthousiasme, nous avons réussi à tenir pendant une décennie environ. Puis, au début des années 1990, nous avons fini par partir aussi.
Mais ce qui est amusant dans l’effort que fournit Baltimore pour vendre ses taudis abandonnés pour 1 $, c’est la façon dont la politique de la ville a dégénéré. Les médias nous apprennent que les dirigeants s’inquiètent du fait que ce plan n’aborde pas les questions urgentes de la « diversité et de l’équité ». Il ne suffit plus que quelqu’un soit capable de transformer une épave en un lieu de vie agréable. Aujourd’hui, il faut que cette personne soit issue du bon milieu social.
Aux infos matinales du jeudi 21 mars, un fonctionnaire de la ville s’est inquiété du fait que le programme pourrait conduire – le croiriez-vous – à la « gentrification ». Quoi ? Les gens pourraient rénover leur maison ? Ils pourraient nettoyer les rues ? Ils pourraient ouvrir des cafés et des studios de yoga ? Ils pourraient exiger une meilleure protection policière et de meilleures écoles ? Quelle horreur !
Oui, les pères de la ville ne craignent pas que les ventes de maisons à 1 $ ne réussissent pas à améliorer la ville… mais plutôt qu’elles y parviennent !
Un coup monté de l’intérieur
« C’est une arnaque, révèle une source locale très bien informée. Les administrateurs et les dirigeants de la ville ne pensent qu’à eux. Ils ne s’attendent pas vraiment à ce qu’une nouvelle vague de pionniers réussisse à ‘embourgeoiser’ les bidonvilles de Baltimore ravagés par la criminalité. Ils ne veulent pas non plus de véritables propriétaires indépendants qui construisent des quartiers authentiques et sûrs. Au contraire, les initiés cherchent à obtenir des subventions et des contrats… de l’argent de la ville ou du gouvernement fédéral. Ils réaliseront un grand projet de logements ‘abordables’, favorisant leurs propres clients et donateurs politiques, et vont s’enrichir. Mais ils ne créeront jamais un quartier décent. C’est aux habitants de s’en charger. »
Nous avons quitté le ghetto au milieu des années 1990. Notre maison – toujours magnifique et en meilleur état – s’est vendue à peu près au prix que nous avions investi… sans compter les efforts. Notre entreprise a également déménagé à une meilleure adresse. Nous avions payé 200 $ pour les deux bâtiments et investi environ 70 000 $ pour les rendre utilisables. Nous les avons vendus au début des années 1990 pour un total de 67 000 $.
Une expérience enrichissante.
1 commentaire
Compte tenu des sommes en jeu, de l’absence de diversification et des risques opérationnels , l’investissement immobilier est plus risqué que celui en actions !