Voici ce qui est tombé au courrier des lecteurs ce matin
Votre article du 11 janvier sur : Les flammes de l’enfer fiscal nous lèchent déjà les pieds
à l’attention de Madame Simone Wapler
Bonjour,
J’apprécie énormément vos articles et partage la plupart de vos opinions que vous parvenez à expliquer avec lucidité !
Dans votre dernier article cependant, je ne partage pas votre opinion : je pense qu’il faut taxer, beaucoup, très beaucoup, les très riches !
Vous dites « pourquoi devraient-ils aller rôtir en enfer » ? Ils seraient toujours dans leur Paradis !
Je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi, lorsqu’on possède 20 millions d’euros, on en veut 30, puis 100, puis 1 000 ? Car en avoir plus ne change rien à leur vie ! Alors que cet argent pourrait aider bien des gens ! Je crois qu’en réalité, en dehors de l’orgueil style « j’en ai une plus longue que toi », ils ne travaillent pas pour gagner plus d’argent, mais parce qu’ils aiment gagner, comme au Monopoly ? Et leur confisquer de l’argent par l’impôt n’enlève pas l’attrait du jeu !
Alors, je vais peut-être vous choquer, mais je pense qu’il faut taxer, à 90%, tous les avoirs au delà de mettons, 20 M€ (tous les avoirs c’est à dire y compris les holdings et autres véhicules, en France et à l’étranger qui contrôlent leurs avoirs )
Je ne parle pas des revenus qui seraient très peu imposés, mais des avoirs !
En contrepartie, on pourrait supprimer en partie l’impôt sur le revenu ou la CSG pour tout le monde ? Choquant, n’est-il pas ?
Les riches s’exileront-ils ? Sans doute, mais pas tous ?
Et si cette mesure était décidée de concert avec les autres pays de la Communauté européenne, cela serait efficace.
Je ne souhaite pas qu’on fasse cela pour punir les riches (le cheval qui tire la charrue) qui parfois (pas toujours, loin de là !) méritent de l’admiration.
Mais parce que l’argent a besoin de circuler pour créer plus de richesses… Et psychologiquement parce que la dichotomie pauvres-riches commence à devenir l’alpha et l’oméga de toutes les revendications ?
Cordialement
J’ai été tentée d’écarter ce courrier. D’y répondre plus tard, à l’occasion… Après tout, je suis censée vous parler des marchés, de vos investissements, de votre argent. Pas de politique et de fiscalité.
Mais finalement, nous sommes rentrés dans un grand marché baissier. Les banques centrales ont nationalisé les marchés obligataires et s’apprêtent probablement à nationaliser les marchés d’actions en rachetant tout et n’importe quoi avec de l’argent sorti du néant et du crédit infini et gratuit. Il y a donc moins de commentaires à faire, peu de surprises dans l’actualité. Alors, allons-y. Courage. Répondons.
Pourquoi les riches sont-ils riches et les pauvres sont-ils pauvres ?
Plus facile de répondre à la première question : pourquoi les riches sont-ils riches ? Je laisse tomber la deuxième question.
Soit ils sont riches parce qu’ils ont exploité des gens. C’est la version des étatistes de gauche, des socialistes et des marxistes. Dans ce cas, il ne sert à rien de prendre l’argent des riches pour le redistribuer. Il faut revoir les règles et les lois pour qu’il ne soit plus possible d’exploiter des gens. La mission de l’Etat est de protéger ceux qui lui délèguent ses fonctions régaliennes (police, justice, armée et diplomatie) contre les prévarications. La mission de l’Etat n’est pas d’organiser le vol d’une minorité au profit d’une majorité.
Soit, les lois sont bien faites. Alors, les riches sont riches parce qu’ils proposent des biens et services que les gens sont contents de leur acheter sans contrainte et librement. Dans ce cas, pourquoi les punir ? Laissons-les investir tranquillement pour trouver d’autres produits et services. Ne les amputons pas, pauvres malheureux. Ne leur rognons pas les ailes.
Ce courrier exprime aussi une idée très répandue : Je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi, lorsqu’on possède 20 millions d’euros, on en veut 30, puis 100, puis 1 000 ? Car en avoir plus ne change rien à leur vie ! Alors que cet argent pourrait aider bien des gens !
Mais pourquoi diable voulez-vous voler les gens que vous ne comprenez pas ? Pourquoi ne pas vouloir que ces riches qui réussissent puissent disposer comme ils le veulent de ce qu’ils ont légitimement acquis. : investir, jeter leur argent par les fenêtres, le distribuer à des œuvres caritatives, jouer les mécènes. Qui définit le seuil à partir duquel il faut les voler ? En quoi institutionnaliser le recel (jouir d’un objet volé) aide-t-il les gens ?
Ensuite mon lecteur s’étend sur ses propositions de vol. N’y revenons pas.
Voici ce que la vie m’a appris.
En dehors du domaine de la charité, un échange équitable consiste à échanger quelque chose contre autre chose.
Les contractants qui échangent librement le font parce que chacun pense être gagnant.
J’achète mon pain chez le boulanger parce qu’il le fait mieux que moi. Je me concentre sur l’écriture parce que je suis plus apte à cela que mon boulanger. Personne ne me force à aller chez tel ou tel boulanger et à choisir tel ou tel pain. Personne n’est obligé de me lire.
- En dehors de la charité, lorsqu’on échange quelque chose contre rien, on l’obtient par la ruse, le vol, le racket, la supercherie,…
- Obtenir quelque chose contre rien est inique, c’est un privilège indu. Les allocations sans contrepartie sont iniques. Sauf bien sûr pour ceux qui sont incapables de subvenir à leurs besoins (orphelins, handicapés)
- Plus les gens obtiennent quelque chose contre rien, plus ils en veulent (c’est rationnel, mettez-vous à leur place)
- La « redistribution » est un principe stupide. Si la « distribution » est injuste, alors c’est que les lois sont mal faites et la concurrence est faussée. Donc ce sont les lois et les règles qu’il faut modifier et non pas rebattre les cartes de la distribution. On ne doit pas traiter un effet, on doit remédier à une cause.
- Le mot de justice n’a besoin d’aucun adjectif. C’est déviant. C’est la porte ouverte à la Parasitocratie, au Deep State.
- La seule égalité défendable est l’égalité devant la loi.
Bien sûr, nous ne vivons pas dans un monde parfait.
Presque tous les jours, dans ces colonnes, nous nous insurgeons contre le Deep State (Bill Bonner), la Parasitocratie (moi-même).
Qu’est-ce qu’un parasitocrate ? Quelqu’un qui forge ou détourne les lois et les règlements pour obtenir quelque chose contre rien, pour forcer un échange gagnant (pour lui) et perdant (pour l’autre).
- Les banquiers centraux qui trichent sur les taux, pratiquent le faux-monnayage, distribuent du crédit infini et gratuit aux banques commerciales.
- Les lobbyistes qui mettent en place un circuit subvention-taxation.
- Les politiciens qui cautionnent la redistribution et achètent leurs électeurs en distribuant l’argent des contribuables.
- Les récipiendaires d’une allocation qui trichent pour l’obtenir.
- Tous ceux qui réclament quelque chose contre rien à quelque titre que ce soit.
Monsieur mon lecteur, je suis au regret de vous dire que vous êtes un parasitocrate. Traitez les autres comme vous aimeriez être traité : respectez leur propriété et ne songez pas à les voler. Vous améliorerez ainsi grandement la civilisation.
Tous les échanges libres ne sont pas gagnant-gagnant, loin de là. Nous ne vivons pas dans un monde parfait. Certains boulangers vous tendent un pain rassis. Vous avez acheté un livre que finalement vous n’aimez pas. Si vous laissez faire, le mauvais boulanger fera faillite ou deviendra écrivain et l’auteur qui ne plait pas assez mourra de faim ou deviendra pâtissier, peu importe. Vous n’êtes pas contraint d’aller chez un mauvais boulanger et personne ne vous oblige à lire des livres que vous trouvez mauvais.
PS je précise que je ne dispose pas de 20 000 000,01 €.
8 commentaires
Excellent
Je ne retrouve pas la citation, mais un grand économiste a dit quelque chose de très juste à ce sujet : le riche, s’il souhaite devenir plus riche, est condamné à mettre son capital au service de la société. L’argent qui n’est pas consommé vient augmenter le stock de capital productif, capital qui permet de financer l’innovation, les créations d’emplois, l’amélioration de la productivité…il serait donc totalement contre productif de vouloir taxer les patrimoines des plus riches. Une telle taxe aurait pour conséquence d’entrainer une liquidation forcée et massive des actifs, l’investissement s’effondrerait, et une quantité colossale de capital serait détruite au fil du temps. Si vous voulez absolument taxer les riches (ce que je ne soutiens pas, par principe avant tout), alors taxer les biens de luxe. Mais surtout pas le capital. » leur confisquer de l’argent par l’impôt n’enlève pas l’attrait du jeu ! » Bien sur que si.
Je propose que votre lecteur s’applique à lui-même ce qu’il propose.
En France, un ouvrier qui gagne le smic est très riche comparé à un ouvrier polonais qui gagne 5 fois moins… dans certains départements d’outre-mer le simple RSA apparaît comme incroyable à l’habitant de l’ile voisine qui ne gagne pas cela en travaillant 12h par jour.
Car on est toujours le riche de quelqu’un…
Et donc nous pourrions fixer la richesse à 1000 euros cela ne changerait rien. Le problème c’est qu’il faut faciliter l’accumulation de richesse pour qu’il y ait plus de riches. Car plus il y a de riches dans un pays, moins il y a de pauvres.
« plus il y a de riches, moins il y a de pauvres »?
D’où sortez-les cette équation ? Ce n’est pas ce que disent les statistiques !dsl mais
« les riches sont riches parce qu’ils proposent des biens et services que les gens sont contents de leur acheter sans contrainte et librement »
Ce raisonnement la est vraiment le plus ridicule qu’il m’ait été donné de lire depuis longtemps.
C’est certainement ce qu’il faudrait.
Mais rien n’est plus faux.
Allez donc lire par exemple cet article :
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2016/05/20/a-florence-les-riches-restent-riches-depuis-six-siecles_4923502_4832693.html
Comme on le constate partout, à 98% les gens riches sont nés riches de parents riches et cela se perpétue au fil des siècles par trois canaux complémentaires :
– L’éducation de la plus tendre enfance à l’université ou aux grandes écoles, les parents riches savent développer guider et financer leurs enfants. Meilleurs professeurs, meilleures écoles, niveau d’ambition…
– Le capital : une famille riche permet à ses rejetons de reprendre le flambeau d’une activité bien rodée, de disposer d’un capital pour investir sans risque dans de nouvelles activités …
– Les relations : le carnet d’adresse, le pouvoir de l’argent, la capacité à rendre un service en retour ouvrent des portes et des opportunités que n’ont pas les autres.
Alors il y a bien sur une certaine forme de concurrence entre riches qui déterminera le plus performant mais elle se transforme bien souvent en entente. Entre riches et pauvres aucune concurrence par contre. Quelques pauvres arriveront à franchir les lignes et faire fortune c’est vrai, mais ils ne sont que des cas isolés.
Pas d’éducation pas de capital, pas de relations. La très grande majorité n’a statistiquement aucune chance.
Le monde a connu deux exceptions relatives à ce système :
– L’Amérique des pionniers qui a remis un peu l’ensemble des migrants sur un pied d’égalité pour un nouveau départ. Chacun a alors pu bâtir se richesse à la force de son implication.
Mais aussi de la chance (il en faut) et peut être également aussi en écrasant un peu son voisin ou même beaucoup les populations autochtones.
Cela a donné aux américains l’illusion que la valeur personnelle engendrait la richesse. Mais hors de ce contexte particulier de colonisation d’un territoire vierge (ou que l’on a rendu vierge par la force) il n’en est rien.
– Le monde occidental de 1930 à 1980. La peur du communisme a contraint les riches à partager un peu. L’impôt sur le revenu est ainsi monté à plus de 70% aux USA et en Grande Bretagne pendant plus de cinquante ans. Ceci a permis deux choses :
o Une expansion économique et une croissance comme le monde n’en avait jamais connu. En répartissant la richesse on favorise la croissance.
o l’émergence d’une classe moyenne et un progrès social partagé plus largement (école, logement, niveau de vie) pour des millions d’occidentaux.
Mais depuis 1980 la fête est finie et les politiques libérales ont permis le retour d’une concentration massive d’argent auprès de quelques uns, la fin du partage et le retour à une croissance faible uniquement tirée par les délocalisations.
Pourquoi les riches veulent ils devenir super riches et accessoirement, en quoi est ce dangereux ?
Le niveau de concentration de richesse est tel que les grandes fortunes de ce monde n’en n’ont pas réellement besoin pour vivre. Ils n’auront pas assez de cent vies pour en profiter.
Ils n’ont pas besoin de cet argent et admettons, ce n’est pas en soi une raison pour le leur reprendre.
Par contre cet argent leur donne des moyens qui sapent les fondements mêmes de la société telle que nous l’imaginons.
Cet argent sans limite leur donne un pouvoir total et absolu sur tout. Ils peuvent tout acheter ; hommes politiques, policiers, juges, syndicalistes, … ils peuvent tout contrôler : organes de presse, télévisions, artistes, professeurs, élections, partis.
C’était le cas hier mais de plus en plus aujourd’hui et encore plus demain.
Ils font les élections, ils font les lois, ils font les règles et personne d’autre.
Un autre article d’intérêt sur le sujet.
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140224trib000816823/les-riches-grands-vainqueurs-de-la-lutte-des-classes.html
Et ce n’est pas fini. La concentration s’accentue. Il y a vingt ans, il existait dans chaque domaine d’activité (finance, automobile énergie), un ou plusieurs grands groupes par pays.
Ils se sont depuis regroupés entre eux.
Et l’économie du numérique avec la règle du « winner takes all » poursuit cette concentration totale du pouvoir et des richesses.
La société retourne peu à peu vers un système féodal.
Il y a plusieurs niveaux de riches comme il y avait plusieurs niveaux de seigneurs.
La richesse se transmet de père en fils comme se transmettaient les titres.
Tout en haut les rois, ceux qui décident et font la pluie et le beau temps.
Juste en dessous les barons puis les chevaliers qui soutiennent l’édifice.
Mme Wapler : Votre définition est parfaite : Un parasitocrate est quelqu’un qui forge ou détourne les lois et les règlements pour obtenir quelque chose contre rien, pour forcer un échange gagnant (pour lui) et perdant (pour l’autre).
Et vos exemples sont justes : banques centrales, lobbistes, politiciens ,,,et les profiteurs du système.
En fait, tout est lié. Ce sont les lois qui sont mal faites et en particulier celle qui est à la base de l’édifice : la loi électorale. Car une élection ne sert qu’à découvrir les meilleurs TRICHEURS ! En définitive, les élus ne sont ni représentatifs du Peuple, ni même responsables de leurs lois. Parmi eux, combien d’artisans, d’infirmières, de professeurs, d’ouvriers … Quasiment aucun. Et les Politiques ne sont jamais responsables si les lois sont mal faites. Le millefeuille français est une machine à déresponsabiliser à tous les étages.
Dès qu’une personne politique est élue, elle se tourne vers les lobbies qui ont fourni l’argent de son élection. La loi votée sera donc une astuce favorisant certains intérêts ; pas ceux du Peuple. On favorise aussi les journalistes pour les mêmes raisons.
Notre démocratie n’est qu’une façade, un décors de cinéma, peuplé d’acteurs qui ne défendent que les intérêts de leur caste et ceux des lobbies.
Inutile d’espérer qu’ils résolvent les problèmes du Peuple. Ces personnes n’en sont pas issues et le système est organisé pour rendre impossible toute recherche de responsabilité.
Bonjour,
« il y a largement assez de richesses sur terre pour que tous puissent bien vivre,
il n »y en a pas assez pour la rapacité de quelques uns » Gandhi.
Plafonner la richesse individuelle pourrait aider à résoudre cette équation,
et à limiter l’esclavage qui n’a été aboli que dans les textes.
2 milliard d’€ par personne ? le double en couple, … ça vous va ?
Le surplus doit être dépensé, distribué , … et sinon confisqué.
Chacun réside où il veut, mais paye ses impôts dans son pays de naissance/nationalité (à rédiger avec attention ….)
« C’est vous qui voyez » .
« Chacun réside où il veut, mais paye ses impôts dans son pays de naissance/nationalité »
En voilà une idée qu’elle est bonne, comme dirait l’autre.
Vous aurez alors 10 à 15 millions de personnes qui vivent en France et, qui paieront leurs impôts en Algérie, au Mali, au Sénégal
ou ailleurs.
Amusant non ?