Nous pourrions tout à fait réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Il suffit que de nombreuses personnes se dévouent pour en payer le prix…
En Europe, les lampadaires sont éteints. Les thermostats ont été baissés. Les gens sont invités à prendre des bains d’eau froide. Les réserves de bois de chauffage s’épuisent.
Et ce n’est que le début. Mais les Allemands peuvent se sentir bien ; ils « sauvent la planète » même s’ils tremblent.
Aux Etats-Unis, la hausse des prix de l’énergie n’a pas encore provoqué de crise. Mais le diesel est déjà en voie d’épuisement.
L’énergie, c’est de la nourriture ; la nourriture, c’est de l’énergie.
Lorsque vous mangez, vous consommez de l’énergie. L’énergie du soleil permet de produire des fruits, des céréales et des légumes. Ceux-ci sont donnés aux animaux pour ensuite produire de la viande.
Une question de rendement
Mais avant même qu’une seule pousse n’apparaisse dans un champ, l’énergie a déjà joué un rôle important : le sol a été labouré, généralement par des tracteurs géants alimentés au diesel… il a été ratissé… il a aussi souvent été traité avec des herbicides, des insecticides et des engrais, fabriqués, livrés et appliqués à l’aide de pétrole et de gaz.
Voyons les dernières nouvelles :
« Un fonds de Bill Gates a investi 50 millions de dollars dans une startup qui construit une raffinerie massive pour transformer de l’alcool en carburant pour avion. »
Où trouvent-ils cet alcool ? Dans le maïs et la canne à sucre, eux-mêmes produits et distribués par le diesel. Mais quel sentiment de satisfaction doit ressentir Bill Gates ! Il peut désormais voler au-dessus de la tête de millions de personnes désespérément pauvres, l’esprit tranquille. Son jet ne sera pas alimenté par des combustibles fossiles maléfiques, mais par la nourriture des personnes affamées qui se trouvent juste en dessous de lui.
Sans combustibles fossiles, le rendement des cultures s’effondre. En 1850, au Royaume-Uni, les récoltes d’avoine, d’orge et de blé atteignaient en moyenne 2 tonnes par acre. Aujourd’hui, elles sont trois fois plus importantes. Aux Etats-Unis, les rendements du maïs ont également augmenté et, depuis les années 1960, les rendements de betteraves à sucre et de pommes de terre ont presque doublé.
Il n’est pas nécessaire de faire des calculs compliqués. Les récoltes d’aujourd’hui, aux prix d’aujourd’hui, obtenues avec tous les intrants de combustibles fossiles dont l’on dispose, nourrissent (presque) 8 milliards de personnes.
Si l’on supprime un seul de ces intrants – engrais, herbicides, carburant pour les tracteurs et camions de livraison, et systèmes de réfrigération – la production alimentaire diminuera. De combien ? Nous ne le savons pas. Mais comme la production et la consommation se correspondent, il est logique que si vous réduisez les rendements, quelqu’un va avoir faim.
En Allemagne, l’un des pays les plus prospères du monde, 3 millions d’enfants vivent aujourd’hui dans la pauvreté. En Italie, les commerçants affichent leurs factures de gaz et d’électricité sur leurs vitrines, afin que les clients sachent combien ils paient pour garder la lumière allumée. En France, des bagarres éclataient encore récemment dans les longues files d’attente pour acheter de l’essence. A Prague, des gens ont manifesté pour contraindre le gouvernement à subventionner leurs factures d’énergie. Et des Polonais remplissent de lignite le coffre de leurs voitures… pour se constituer un stock pour l’hiver à venir.
Le monde brûle environ 100 millions de barils de pétrole par jour. C’est ce qui alimente notre économie, met de la nourriture sur la table et de l’électricité dans nos prises de courant. Pourrait-on le réduire ? Bien sûr, c’est possible. Mais à quel prix ? Et qui le paiera ?
Embargo contre réserves
En 1973, une guerre a éclaté entre Israël, la Syrie et l’Egypte. Les Etats-Unis ont pris le parti d’Israël. Les Arabes ont alors voulu faire pression sur les Américains, et ils ont réduit leur production de pétrole de 5%. L’administration Nixon a néanmoins autorisé une aide de 2,2 Mds$ à Israël.
Cela agaça encore plus les Arabes, qui ont riposté par un embargo total sur les exportations de pétrole vers les Etats-Unis. Les prix se sont alors envolés. L’économie américaine est entrée en récession.
Nous nous souvenons de cette époque. Les stations-service étaient à court de carburant durant la matinée. Le seul moyen d’être sûr de pouvoir remplir son réservoir était de faire la queue très tôt, devant les pompes. Nous nous sommes ainsi levés à 4 heures du matin, en espérant être l’un des premiers dans la file, à l’ouverture de la station à 7 heures. Mais il y avait déjà une longue file. Que pouvions-nous faire d’autre ? Nous nous sommes arrêté au bout de la queue, puis, pelotonné sur le siège, nous nous sommes rendormi.
L’embargo a été levé en mars 1974.
C’est cette expérience qui a conduit à la création de la réserve stratégique de pétrole en 1975. D’énormes quantités de pétrole ont été pompées dans de vastes cavernes de sel, où elles seraient disponibles en cas d’urgence.
C’est dans cette réserve que Joe Biden a plongé sa paille au début de l’année. Biden craignait que les prix élevés de l’essence ne fassent chuter encore plus sa cote de popularité et que les candidats démocrates subissent des pertes lors des élections de mi-mandat de demain.
En d’autres termes, même sans véritable urgence, ces réserves ont été vidées d’environ 300 millions de barils, près de la moitié. Mais que se passera-t-il désormais en cas d’urgence réelle ? Si la production de pétrole était soudainement arrêtée, nos réserves seraient suffisantes pour vivre normalement pendant environ deux semaines et demie. C’est pourquoi la production de nouveau pétrole est essentielle.
Moins d’investissements
Mais le gouvernement américain étrangle systématiquement l’industrie qui rend possible notre niveau de vie. Les dépenses dans le secteur du pétrole et du gaz ont chuté de plus de 60% entre 2010 et 2020. Les investissements dans le secteur du pétrole de schiste ont chuté de plus de 70%. La réduction totale des dépenses d’investissement s’est élevée à plus de 1 000 Mds$.
Pourquoi ? La réponse se trouve dans une autre question : voudriez-vous investir votre argent dans une industrie que le gouvernement veut mettre en faillite ? Et pas seulement votre gouvernement – presque tous les gouvernements.
A l’échelle mondiale, les investissements dans le pétrole et le gaz ont été réduits de moitié depuis le pic de 2014.
Pendant ce temps, les puits existants se tarissent – au rythme d’environ 8 % de la production par an. Comme les Etats-Unis utilisent 18 millions de barils par jour, cela signifie qu’ils doivent trouver 525 millions de barils de pétrole supplémentaires chaque année. Sinon… nous dormirons bientôt dans nos voitures en attendant l’ouverture des stations-service.
En d’autres termes, l’élite en Europe et en Amérique prépare un autre Grand Bond en avant. Elles vont étouffer l’économie vernaculaire, basée sur l’énergie, et la remplacer par leur propre système contrôlé de façon centrale. L’Europe a déjà fait savoir qu’elle avait l’intention de « corriger les mécanismes du marché ».
Oui, ils vont remplacer les choix faits par des millions de leurs citoyens… par leurs propres choix.