Certains n’ont pas de réserves de pétrole, mais ils ont des idées… tandis qu’aux Etats-Unis, il y a du pétrole, et aussi de jolies histoires.
« Si je pouvais sauver l’Union sans libérer aucun esclave, je le ferais, et si je pouvais la sauver en libérant tous les esclaves, je le ferais, et si je pouvais la sauver en libérant certains et en laissant les autres seuls, je le ferais aussi… »
~ Abraham Lincoln
Nous avons passé une courte semaine en Irlande récemment. La ville de Youghal était ornée de drapeaux… bannières… et autres ornements décoratifs. C’était la semaine du triathlon, format « Ironman ». Du monde entier, des hommes et femmes en pleine forme étaient venus concourir. Les routes étaient bloquées. Des barrières installées. Des supports pour vélos installés dans toute la ville.
Les compétiteurs devaient nager 3,8 km à travers la baie de Youghal, puis pédaler 180 km le long des côtes irlandaises. Avant de courir un marathon de 42,2 km. Le tout en une seule journée.
« Est-ce que vous courrez demain ? »
La question nous a été posée par une dame au supermarché. Nous nous y étions arrêté pour acheter quelques vivres. La femme grisonnante à la caisse avait un grand sourire aux lèvres.
« Est-ce qu’ils acceptent les plus de 70 ans ? », avons-nous demandé en retour.
Mais nous ne pouvions pas rester pour la course. Nous devions retourner en France le lendemain.
Fausses promesses contre vraie liberté
Aux Etats-Unis, la bande de Biden a siphonné les réserves stratégiques de pétrole pour maintenir les prix bas avant les dernières élections de mi-mandat. L’Argentine manipule les prix du pétrole sans même avoir de réserves. Voici les nouvelles de La Nacion, à Buenos Aires :
« Le gouvernement a décrété un gel des prix de l’essence à la pompe jusqu’aux prochaines élections [en réalité c’est plutôt un accord avec les compagnies pétrolières]. La dernière augmentation ayant eu lieu [le jour-même de la mise en place de cette politique] a été de 12,5%. »
Année après année, les riches hommes au nord de Richmond ou au sud du Rio de la Plata apprennent de nouvelles astuces.
Mais dans la pampa, le public est en train de s’en rendre compte… ou, au moins, il a marre des 70 ans de chaos et de déclin. Aux élections primaires, plus d’électeurs ont choisi le rebelle, Javier Milei, que les candidats de chacun des deux « partis réformistes ».
La question de savoir si les électeurs argentins vont continuer sur cette voie durant l’élection générale en octobre reste ouverte. S’ils le font, ce serait peut-être la première fois dans l’histoire qu’une démocratie se porte à sa propre rescousse… peut-être la première fois dans l’histoire que les masses auront rejeté la promesse de « plus de choses gratuites » en faveur de plus de liberté.
C’était seulement une élection primaire. Et, depuis, la presse fait tout ce qu’elle peut pour dépeindre Milei comme un fou dangereux. Il est plus probable que, durant l’élection générale, les électeurs retrouvent leur peur intérieure de la liberté et reviennent sur leurs pas. Mais nous verrons bien…
Destinée inévitable
Entretemps, l’idée des « riches hommes au nord de Richmond » est simple et nette. Elle évite tous les écueils politiques et les guerres culturelles distrayantes. Démocrates contre républicains… droits des LGBT… racisme… inégalités… bla bla bla.
En ce qui concerne les choses réellement importantes – l’argent et la guerre – les élites des deux parties sont unifiées comme deux larrons en foire. Les présidents se suivent… mais les lois, les régulations, la bureaucratie, le Deep State, les guerres et les déficits se ressemblent.
Pourquoi ? Parce qu’ils conviennent aux riches hommes au nord de Richmond.
Dans la presse populaire, l’histoire des Etats-Unis est essentiellement un récit de politiques partisanes, de racisme, d’inégalité, d’esclavage et du combat de victimes pour obtenir leurs « droits »… y compris celles qui visent le statut de victime en faisant des choses étranges. C’est l’histoire de Valley Forge, des briseurs de monopoles et de la loi sur les droits civiques de 1964.
Mais tous ces événements n’étaient que des spectacles secondaires. Ils peuvent être d’un grand intérêt pour certains, mais ils n’ont qu’une petite importance pour la majorité. Même si la Grande-Bretagne avait remporté la guerre d’indépendance des Etats-Unis, cela n’aurait probablement pas changé beaucoup nos vies. Les immigrants affluaient toujours. Il y avait un continent entier – d’un océan scintillant à l’autre – dont prendre le contrôle. D’une manière ou d’une autre, les riches hommes de Richmond étaient bientôt plus riches et plus puissants que ceux de Londres.
C’est la « mégapolitique », avec ses courants très profonds… qui nous emporte avec elle. Les Etats-Unis, presque inévitablement, devaient devenir un grand empire.
Avec ou sans eux
La proclamation d’émancipation de 1863 est largement considérée comme la plus importante action jamais prise par un président américain. Mais, comme la citation en tête de cette chronique le rend clair, Lincoln ne se souciait pas des esclaves. C’était le pouvoir des riches hommes au nord de Richmond dont il se souciait. L’esclavage était une institution « mégapolitique ». Si c’était un péché, ce n’était pas mentionné dans la Bible… et, durant la majorité de l’Histoire, ce n’était pas plus un crime. C’était la manière de s’organiser des humains. Il y avait les masses de pauvres et d’opprimés – les esclaves. Et il y avait les gens qui les possédaient.
L’esclavage a été un arrangement très robuste – durant plusieurs milliers d’années – et très populaire (pour les propriétaires d’esclaves). Les gouvernements l’encourageaient ; ils reconnaissaient les esclaves en tant que propriété et protégeaient le « droit de propriété ». Nous l’aurions toujours aujourd’hui si les riches hommes du nord de Richmond pouvaient en tirer un profit. La moralité, comme le disait le professeur Buchanan, est « ce qui était rentable ».
Mais, après 1860, l’esclavagisme n’était plus rentable. Avec l’arrivée de la Révolution industrielle, des machines ont remplacé les esclaves. Elles étaient moins chères. Plus productives. Plus fiables. Et causaient moins de problèmes.
L’histoire principale des Etats-Unis est une histoire de relation de pouvoirs… mais ce n’est pas l’histoire d’un peuple noir émergeant de l’esclavagisme de masse. Ce n’est pas non plus l’histoire du Seigneur piétinant les vignobles où les raisins de la colère étaient entreposés. Ou celle de nos braves soldats protégeant notre liberté à Yorktown, Shiloh, la Somme, Iwo Jima ou Baghdad. C’est plutôt l’histoire de l’émergence des riches hommes au nord de Richmond, et d’une forme plus moderne « d’esclavage »… avec des chaînes de gaze.