▪ Les produits dérivés sont « la viande et les produits à base de viande » des marchés financiers. Ils ont l’apparence, le goût et l’odeur des titres boursiers normaux mais quasiment personne ne comprend pourquoi nous en avons besoin avant toute chose. Après tout, qu’est-ce qui ne va pas avec la viande toute simple ? Ou pour formuler la question autrement : le boeuf assaisonné en boîte représente-t-il réellement une avancée par rapport au steak ?
Plus important encore, pouvons-nous faire confiance aux marchés des produits dérivés ? Peuvent-ils être toxiques ? Peuvent-ils exposer les marchés financiers à des effets secondaires catastrophiques ?
Nul ne le sait vraiment… et puisque les rats de laboratoire refusent d’en consommer, nous devons évaluer les risques des produits dérivés en se fondant sur des suppositions, des théories et des conjectures. Par conséquent, je me dévoue pour le bien commun et me propose de vous fournir quelques suppositions, théories et conjectures à propos des marchés de produits dérivés, aujourd’hui en forte expansion.
Le marché mondial des produits financiers dérivés est énorme, c’est incontestable. Mais l’effet destructeur potentiel de ces titres obscurs, opaques, est très discuté.
__________________________
Ne manquez pas la révolution !
Aujourd’hui, une nouvelle révolution voit le jour — et elle pourrait bien propulser une pionnière sur le devant de la scène, avec un potentiel de 525% de plus-value
Découvrez vite cette vidéo inédite pour savoir comment jouer cette opportunité…
__________________________
Les défenseurs des produits dérivés financiers avancent souvent des arguments comme : « Certes, les marchés des produits dérivés sont énormes sur une base brute mais relativement modestes sur une base nette« . Selon cette logique, une banque qui a acheté pour une valeur de 1 000 milliards de dollars de swaps de taux d’intérêt espagnols à un premier vendeur mais qui a vendu à son tour pour 1 000 milliards de dollars de swaps de taux d’intérêt espagnols à un tiers a une « exposition nette » nulle.
D’un point de vue mathématique, cette assertion est juste. D’un point de vue réaliste, c’est une illusion. Si les marchés financiers doivent buter sur un nid-de-poule ou deux, cette « exposition nette nulle » a le potentiel de se comporter beaucoup plus comme une exposition brute de 2 000 milliards de dollars. Comment ? C’est très simple. Si l’une des parties ou plusieurs parties de ces énormes transactions manque à ses obligations, elle déclenche un effet domino. Très simple… et pas difficile à imaginer.
▪ Lehman n’était qu’une simple bande-annonce
En fait, nous avons déjà vu la bande-annonce de ce film d’horreur. La faillite de Lehman Brothers en 2008 n’a pas uniquement sonné le glas d’une banque d’investissement prestigieuse mais également celui d’une importante contrepartie à plusieurs contrats de produits dérivés. Sans Lehman, des milliards de dollars « d’exposition nette nulle » sont du jour au lendemain devenus des milliards de dollars d’exposition pure et simple — c’est-à-dire de risque non couvert.
C’est à ce moment que le Trésor US a arrêté la cascade de dominos à coups de milliers de milliards de dollars de billets fraîchement imprimés et de garanties gouvernementales. Résultat : les dominos ont non seulement cessé de tomber mais les banques de Wall Street ont également pu rapporter leurs dominos renversés à la Fed pour les échanger contre de l’argent liquide. Malin, n’est-ce pas ?
Mais qu’arrivera-t-il la prochaine fois ? La puissance de crédit et la complaisance de l’Etat américain suffiront-elles pour empêcher une catastrophe sur les marchés des produits dérivés ?
Nul ne le sait — encore moins les types assis au-dessus de cet énorme tas fumant d’expositions au risque. Voici le topo…
▪ Ce qu’est vraiment l' »exposition nette »
Sur les marchés des produits dérivés, le terme « exposition nette » sous-entend un sentiment de certitude et de fiabilité — un sentiment d’équilibre finement calibré. En réalité, vue de plus près, « l’exposition nette » ressemble à deux ivrognes appuyés l’un sur l’autre. L’équilibre net entre les deux ivrognes est le seul facteur de risque pertinent, avancent les défenseurs. Tant que les deux ivrognes s’appuient l’un sur l’autre, tous deux peuvent s’enfiler autant de verres de tequila qu’ils le veulent. Sur une « base nette », ils se comportent comme s’ils étaient complètement sobres.
Mais que se passe-t-il si l’un des ivrognes tourne de l’oeil et tombe à la renverse au lieu de pencher vers son compère ? « Cela n’arrivera pas », telle est la réponse experte de l’industrie des produits dérivés. « Cela n’arrivera pas. Ne vous inquiétez pas. Les quatre plus grandes banques opérant sur les marchés des produits dérivés maintiennent des niveaux d’exposition nette tout à fait raisonnables ».
Je n’en suis pas convaincu. Je soupçonne que ces niveaux d’exposition nette ne sont raisonnables… que jusqu’au moment où ils ne le seront plus. En outre, ces expositions augmentent rapidement. Depuis 2000, la valeur nominale des encours sur les produits dérivés américains a augmenté 10 fois plus vite que le PIB mondial. Au dernier comptage, les banques américaines avaient créé plus de 200 000 milliards de dollars de produits dérivés, selon l’Options Clearing Corporation — une somme colossale, équivalente à environ trois fois le PIB mondial !
Encore plus effrayant, cet hallucinant amas de risque est fortement concentré à l’intérieur même de l’industrie financière. A elles seules, quatre banques détiennent 94% de tous les encours sur les produits dérivés. L’exposition de JP Morgan à elle seule est supérieure au PIB mondial… tandis que l’exposition brute de Bank of America, Citigroup et Goldman Sachs n’est guère très loin.
3 commentaires
Bonjour,
Manque de clarté certain dés l’introduction de votre article… Qu’est ce donc un « swap de taux d’intérêts espagnols » ? Existe t’il aujourd’hui un indice de taux espagnol ? non… L’Euribor est la référence pour l’Espagne pour les Swap de taux… Si vous parlé de CDS, il ne s’agit plus de Swap de taux… et seul le CDS peut vous couvrir sur la dette Espagnole…
En comparant ce qui l’est, ce n’est pas l’exposition sur les produits vanilles des contreparties de Lehman qui les ont mis dans l’embarras (la plupart de ces opérations vanilles étant clearées) mais bien les produits toxiques… dont beaucoup d’établissement se désengagent aujourd’hui… Par ailleurs il aurait été judicieux, parlant des expositions des grandes banques de place, d’évoquer les principes des chambres de compensations… une sorte de poteau entre vos deux alcooliques qui leur permettrait de se maintenir debout quelque soit la quantité d’alcool qu’ingurgite son voisin…
Je ne contredirai pas vos chiffres je ne les connais pas… mais en l’état ils ne veulent pas dires grand chose. Différencier Trading et Couverture serait également plus parlant…
Ce marché est un marché plutôt très opaque même si le régulateur depuis Bale 2 voudrait qu’il en soit autrement… Les nouvelles règlementations sur les chambres de compensations on également pour but de supprimé une partie des risques… tant que les établissements financiers, les banques, ne reviendront pas à la base de leur métier il n’en sera pas autrement.
Le rôle d’une banque et de prendre un risque mesuré à la place de son client que celui ci va lui rémunéré. Un Swap de taux couvre un risque de taux, un CDS couvre un risque de contrepartie… lorsque les banque commence à assurer pour leur propre compte des centaines de voitures quelles ne possèdent pas il est évident que cela créé un déséquilibre…
[…] parution dans la Chronique Agora le 25/04/2012. AKPC_IDS += […]
[…] à eux tous une valeur de plus de trois fois le PIB mondial, comme nous l’avons vu mercredi. L’histoire devient encore plus effrayante lorsqu’on regarde de plus près “de […]