Après quarante ans au service de l’intérêt public…Après avoir donné un peu de contexte hier, parlons aujourd’hui du bénéfice de l’expérience.
Nous avons commencé notre première infolettre, International Living, en 1978. Notre but était d’expliquer aux citoyens américains comment passer leur retraite à l’étranger. C’était un rêve alors. Pour des milliers d’entre eux, c’est devenu une réalité – et pour certains à l’heure actuelle, une priorité pressante.
Plus de quarante plus tard, dans la dernière ligne droite de notre carrière, nous commençons un nouveau projet, une fois de plus. Heureusement, écrire sur les questions financières est l’un des rares métiers pour lesquels l’expérience est un avantage. Après tout, il faut avoir plus de 70 ans pour avoir vécu en tant qu’adulte l’inflation des années 1970. Il faut avoir au moins 60 ans pour se souvenir que c’est Paul Volcker qui y a mis un terme.
De plus, avec l’âge, vous devenez plus vulnérable au COVID-19, mais également moins naïf. Vous vous souvenez des badges Whip Inflation Now (« WIN »), les tenues de détente vert citron et la guerre du Vietnam. Vous ne comptez plus le nombre de fois où vous avez eu honte de vous. Vous ne comptez plus le nombre de fois où l’on vous a promis monts et merveilles pour un kopeck. Vous ne comptez plus les promesses technologiques qui n’ont pas répondu aux attentes, les politiciens pour qui vous avez voté et qui vous ont déçu. Vous n’êtes plus naïf, il faut désormais mettre le paquet pour vous berner.
Nous évoquons ce sujet car nous pensons que nous nous apprêtons à entrer dans une période de grande désillusion, où les prétentions stupides de la classe gouvernante engendrent un désastre pour tout le monde. Il se pourrait qu’il faille une bonne dose de cynisme de vieillard pour y survivre.
Bon nombre des tendances que nous surveillons depuis des décennies semblent accélérer et converger. Le « nouveau » dollar, non arrimé à l’or, a vu le jour il y a plus de 50 ans. Lorsque cela s’est passé, les vieux de la vieille prédisaient le chaos.
Nous allons constater à nos dépens qu’ils avaient raison. Aucune monnaie purement fiduciaire n’a survécu à un cycle complet de crédit. Nous pensons que ce dollar disparaîtra lorsque les taux d’intérêt atteindront un prochain pic. Sera-t-il remplacé par quelque chose d’autre ? Pas plus tard que la semaine dernière, la Fed publiait une enquête très attendue sur une monnaie numérique de banque centrale. Est-ce trop tôt ?
Tout va plus vite qu’avant. Dan est en train de passer au crible le rapport pour nous. Il nous donnera son avis sur le sujet mercredi. C’est ce même jour que sera publiée la première infolettre mensuelle Bonner Private Research. Notre directeur des investissements Tom Dyson nous parlera de ses meilleures idées d’investissement pour le mois concerné.
Les quatre chapitres de notre carrière
Avec le recul, nous pouvons diviser notre carrière en quatre chapitres. Au commencement, nous pensions pouvoir changer le monde. Les jeunes pensent souvent avoir toutes les réponses. C’était notre cas. Déjà dans les années 1970, nous nous inquiétions de l’essor du gouvernement.
La compétition centrale dans le débat public n’est pas entre les Démocrates et les Républicains ou entre les libéraux et les conservateurs. Elle a lieu entre ceux qui lancent leur activité, qui s’entraident, qui fournissent des biens et des services aux autres, qui se constituent un patrimoine et fondent des familles, et ceux qui veulent les empêcher.
C’est la différence que nous décrivons bien plus en détail dans notre livre Win-Win…or Lose, entre ceux qui font et ceux qui prennent, entre ceux qui ont obtenu ce qu’ils voulaient par un échange honnête et consensuel et ceux qui utilisent des armées, des sanctions, des lois et des réglementations. C’est la différence entre la violence et la persuasion.
Agés de vingt ans, nous étions naïfs et stupides. Nous pensions que l’essor du gouvernement fédéral et que la prolifération des lois et des réglementations étaient une sorte d’erreur. Les gens ne se rendaient simplement pas compte que le « gagnant-gagnant » était une solution préférable.
Mais après sept ans à Washington, à la tête d’un groupe appelé la National Taxpayers Union, nous avons dû nous rendre à l’évidence : plein de gens préfèrent le pouvoir à la prospérité, et cela inclut tous les membres de l’administration fédérale.
L’information est une chose, la clairvoyance en est une autre
Dans le deuxième chapitre de notre carrière, nous avons laissé de côté l’intérêt public et nous avons décidé de nous concentrer sur l’intérêt privé. Nous avons réalisé qu’il nous était impossible de changer le monde mais nous pouvions en revanche aider les gens à tirer leur épingle du jeu, tout en gagnant de l’argent en prodiguant nos conseils.
Nous avons eu une chance incroyable. C’était alors le début de la financiarisation de l’économie américaine. En 1971, le gouvernement fédéral décidait de passer à un système reposant sur l’argent fiduciaire, libre de tout lien et de toute contrainte vis-à-vis de l’or. Ce fut la folie. Tout le monde se demandait sur quel cheval miser.
Nous n’étions toutefois pas du tout prêt pour endosser notre nouveau rôle. Nous ne savions pas grand-chose de l’économie ou de l’investissement. Nous nous sommes donc entouré de gens qui s’y connaissaient. Gary North, Mark Hulbert, Adrian Day, Doug Casey, Jim Davidson, John Dessauer, Porter Stansberry, Steve Sjuggerud, Alex Green et bien d’autres.
Parfois, ils voyaient juste. Parfois, ils se trompaient. Mais nous avons toujours appris. Et nous les remercions tous pour cela.
Puis, à la fin des années 1990, nous avons ouvert le troisième chapitre de notre carrière. Internet est arrivé. Les gens déclaraient que cela permettrait à tout un chacun d’accéder gratuitement à l’information. Ils nous promettaient la faillite.
Mais l’information ne vaut rien, absolument rien, sans contexte, sans confiance, sans formation, sans préparation et sans toutes les autres choses qui lui confèrent sa valeur. « Imaginez Napoléon battant retraite depuis Moscou », expliquait-on à nos lecteurs.
« Ses soldats meurent de froid. Ils sont affamés. Ils se font massacrer par les partisans. Et puis, par miracle, quelqu’un lui donne les plans pour construire une bombe nucléaire ! Quelle valeur auraient ces plans ? Aucune. »
La chose que nous voulions montrer est que l’information dont vous avez besoin au moment où vous en avez besoin revêt une valeur inestimable. Mais l’information en soi n’a aucune valeur. Nous nous sommes dit qu’avec l’essor d’Internet, « il se pourrait que le monde soit saturé d’information, mais qu’il manque de clairvoyance ».
Dans les années qui ont suivi, au lieu de péricliter, notre activité s’est envolée grâce à Internet. Les investisseurs se gavaient d’idées, de recommandations, de révélations sur les nouvelles avancées technologiques, les techniques de trading, les cryptomonnaies, les valeurs boursières liées au cannabis et bien plus. Nombre de ces idées et recommandations se sont révélées très rentables.
Mais votre directeur de la rédaction, qui a commencé à écrire un blog quotidien en 1998, était un rabat-joie. Il doutait de la capacité de ces innovations à produire de la prospérité durable. Après tout, que produisaient-elles ? Nombre des entreprises concernées n’offraient aucun produit ou service et nombre d’entre elles perdaient de l’argent tous les ans. Concernant les nouvelles technologies, il recommandait la prudence.
Avec le recul, son conseil s’est révélé à la fois judicieux et inopportun. Il n’a pas investi dans les entreprises Internet, même la plus prospère d’entre toutes : Amazon.
Il s’est demandé à voix haute si la « révolution de l’information » n’était rien d’autre qu’une perte de temps. Et il s’est moqué de la plupart des préceptes sacrés des adeptes de la technologie, y compris la doctrine qui veut que le terme « nouvelles technologies » soit toujours synonyme de progrès et que le progrès libèrera l’humain du travail, de la pauvreté et du péché.
Demain, nous terminerons cette démonstration en révélant la transaction de la décennie.
1 commentaire
Remarquable de bout en bout!