▪ Pour mettre fin à la Grande Correction, il faudrait d’abord comprendre le vrai problème. Il ne s’agit pas d’un manque de plans de relance… de l’inégalité de la distribution des revenus… ou parce que les autorités n’ont pas assez réglementé… Ni que les banquiers sont avides… ou que le capitalisme ne fonctionne pas.
Le problème, c’est la dette. Il y en a trop.
Il y en a trop parce que les autorités — notamment américaines — ont encouragé les gens à trop emprunter et trop dépenser. C’est ce que fait un système purement fiduciaire basé sur le dollar. Les Etats-Unis dépensent. L’argent part à l’étranger. Mais au lieu de le rendre au Trésor US pour l’échanger contre de l’or, les étrangers gardent leurs dollars. Ils sont utilisés comme réserves bancaires. Dans les faits, les Américains n’ont jamais besoin de régler leurs dettes. Elles continuent de s’accumuler encore et encore et encore. Les déficits commerciaux américains accumulés depuis 1971 se montent à 8 000 milliards de dollars environ. C’est la différence entre ce que les Américains ont dépensé à l’étranger… et ce qu’ils ont vendu aux étrangers.
Et les déficits continuent de se creuser d’environ 50 milliards de dollars par mois.
Une bonne partie de cet argent finit par revenir aux Etats-Unis. Mais en tant que dette. Les étrangers le re-prêtent au gouvernement américain. Ce qui permet à la dette gouvernementale US de se développer au rythme d’environ 100 milliards de dollars par mois.
Un excès de dette cause des problèmes. Elles deviennent malignes. Les économies ne peuvent pas se « remettre » avant que la dette ne soit prise en compte. Mais un tel processus est douloureux. Les banquiers (qui détiennent une bonne partie de la mauvaise dette) et les politiciens (qui travaillent souvent pour les banquiers) ne veulent pas souffrir. Ils veulent que quelqu’un d’autre souffre à leur place… de préférence dans le futur, quelqu’un qui n’est pas encore en âge de voter.
Mais ça ne fonctionne pas. A mesure que l’économie ralentit sous le poids de la dette, la douleur s’étend.
▪ La semaine dernière, le président Obama a annoncé un programme pour l’emploi de 447 milliards de dollars. Le Dow a perdu 300 points.
C’est tout ce que nous savons. Et c’est tout ce que nous avons besoin de savoir. Les investisseurs ne croient plus que les mesures de relance produiront la relance attendue de longue date. Les actions ont pris le chemin de la baisse.
Bernanke s’est engagé à maintenir les prêts à des taux d’intérêt négatifs pendant les deux prochaines années.
Et maintenant, Obama arrive avec près d’un demi-millier de milliard de dollars de nouvelles dépenses (rendant parfaitement risibles les dernières discussions sur le plafond de la dette).
Ils ont déclenché l’artillerie lourde, en d’autres termes — budgétaire et monétaire –, et la Grande Correction n’a même pas sursauté.
Pourquoi ? Parce que le plan d’Obama ajoute de la dette — exactement ce dont l’économie a le moins besoin.
2 commentaires
Cher Bill,
J’avais lu il y a quelques années, avec intérêt, votre livre qui avait pour sujet le déclin de l’économie américaine.
Je pense que vous aviez totalement raison de comparer le déclin de l’empire romain, il y a beaucoup de similarités, et pour l’Europe aussi malheureusement.
Cependant je pense que les problèmes actuels sont véritablement accentués (et en grande partie causés) par les ordinateurs programmés sur des courbes pour faire des profits à court terme, les ordres de vente sont massifs et immédiats et déséquilibrent l’économie, comme si sur un bateau au gré des vagues on pouvait déplacer les charges à la vitesse de la lummière, jusqu’à déséquilibrer le bateau et le faire couler.
En définitive les mouvements des énormes masses d’argent et d’action décisions sont prises par des ordinateurs programmés pour réagir aux courbes et non par des humains réfléchissant aux potentialités et au développement de telle ou telle entreprise réelle et c’est la spéculation a court terme qui fusille toute l’économie réelle.
Cela est suicidaire, et quand on pense au poids lourds que représentent les masses monétaires contrôlées et par des systèmes maffieux et le poids énorme du crime organisé (entre autre)
on ne peut être qu’épouvanté sur les perspectives d’avenir.
Les transactions vont trop vite pour être contrôlées par des humains, et les masses d’argent trop importantes, le titanic fonce sur l’iceberg pendant que l’on joue au casino…..
Qu’en pensez vous ?
Quel procédés pour arrêter le naufrage ?
Cela semble sans espoir car comment empêcher ces professions d’utiliser les mathématiques financières, qui donnent des bénéfices à court terme, dorénévant depuis plus de 15 ans ce ne sont plus des humains compétents qui sont aux manettes mais une masse d’irresponsables jouant du clavier pour un profit à court terme, sur les ordres d’autres irresponsables.
Merci pour votre lettre que je lis avec intérêt mais que je n’ai pas les moyens d’acheter.
Anne Lagneau
Il y a probablement deux ans, Time Magazine a publié un article expliquant que pour l’américain traditionnel, raisonnant tant en chrétien (protestant) qu’en citoyen, « thrift is a sin », i.e. l’épargne est un pêché !
Le contraire du pêché est la vertu et le contraire de l’épargne est… le crédit. Tout ce qui peut contribuer à faire tourner l’argent est donc bon et on en arrive vite aux subprimes.
Les USA sont la locomotive du monde occidental et le crédit pour relancer la locomotive est épuisé.
On peut craindre un tsunami dans l’Océan Indien, dû au formidable rire sous-marin des restes de feu Ben-Laden.
La formidable imprévoyance et incompétence des économistes et hommes politiques européens est fabuleuse.
Qu’ont dit et fait et que disent et font des gens comme Jacques Delors, les anciens chanceliers allemands, Giscard d’Estaing etc (ce dernier a publié quelques articles) Comment est-il possible que ces gens soient incapables de se rencontrer et de publier en commun des propositions que les députés et présidents et chancelier(ères) lambda sont incapables de formuler ? ? ?