▪ Nous sommes allé de Palerme à Agrigente, puis à Syracuse et finalement à Catane. Ce fut une visite très rapide en Sicile, pas assez pour en apprendre beaucoup.
La Sicile est complexe. Elle mérite plus de temps. Si nous en avions, nous y louerions un appartement pour mieux la connaître.
Pour l’instant, cependant, nous sommes sur un bateau en route vers l’île grecque de Santorin… retraçant la route qu’ont peut-être empruntée les Grecs qui ont colonisé la Sicile au 5ème siècle av. J.C. Ils se sont installés à Syracuse avant d’étendre leur domination à toute l’île. Quelques décennies plus tard, ils se battaient contre les Carthaginois. Ensuite, ce sont les Romains, en 212 av. J.C., qui avaient pour ambition de prendre le dessus. C’est la bataille contre les Romains qui a exposé toute l’ampleur du plus grand génie de l’ère classique, Archimède.
Une forteresse de pierre se tient au bord de l’île d’Ortygie, gardant l’entrée du port de Syracuse. Pour prendre la ville, les Romains devaient déloger les habitants du fort — dont Archimède lui-même. Ce n’était pas chose aisée, parce qu’Archimède avait inventé des machines innovantes — comme la « Griffe » et les miroirs. La Griffe était montée sur une grue géante. Elle passait par-dessus les murs de la forteresse et soulevait les navires romains avant de les lâcher pour qu’ils se fracassent sur les rochers. Les miroirs étaient censés concentrer les rayons du soleil sur les voiles des navires afin de les enflammer. Selon des tests récents, il est très difficile de reproduire les résultats d’Archimède… si bien que nous nous demandons si les récits de son génie n’étaient pas un peu exagérés.
Malgré Archimède, Syracuse perdit la bataille après un siège de deux ans |
Malgré Archimède, Syracuse perdit la bataille après un siège de deux ans. Selon la légende, Archimède était si absorbé dans ses pensées, méditant sur la signification des cercles, qu’il n’a pas même remarqué le soldat romain qui s’avançait pour le tuer.
La Sicile regorge d’histoire. Et de préhistoire. Si nous étions d’humeur, nous prendrions le temps de creuser tout ça.
Les maisons sont bon marché, dans les villages de montagnes oubliés de Sicile. La nourriture et le vin sont bon marché aussi — et abondants. Pourrions-nous bien vivre avec 500 $ par mois ou non, nous n’en savons rien. Il faudrait étudier la question.
Notre but, ces derniers jours, a été de nous demander comment vivre mieux avec seulement 500 $ par mois. Et notre bref périple en Sicile nous a rappelé combien le goût et le style figurent largement dans ce « mieux ». Un appartement à Piazza Armerina, où vous pourriez dîner sur la petite place, entendre les cloches de Sant’Anna, découvrir la culture de la Sicile, son histoire et le dialecte lombard — est-ce que ce serait mieux que vivre dans un camping-car sur un parking ? Cela dépend.
Notre but est de vivre mieux. Une manière évidente de vivre mieux est de vivre dans un meilleur endroit et de mieux manger. Evidemment, « meilleur » peut signifier beaucoup de choses différentes pour des personnes différentes. Certains voudront vivre près de la mer. D’autres voudront vivre dans les montagnes. Certains préféreront une banlieue paisible ; d’autres la vie en ville. De gustibus non est disputandam, comme disaient les Romains.
En théorie, on peut acheter une petite ferme dans certaines régions des Etats-Unis pour seulement 30 000 $ |
▪ La vie à la ferme
Mais une idée semble simple et facile — du moins pour nous. En théorie, on peut acheter une petite ferme dans certaines régions des Etats-Unis pour seulement 30 000 $. Il serait donc possible d’en acquérir une en économisant 500 $ par mois pendant cinq ans. Ou, avec un financement à 5%, ça revient à environ 150 $ par mois. Mais lorsque nous avons regardé ce que nous pouvions avoir pour ce prix en Virginie de l’ouest, nous n’avons quasiment rien trouvé d’intéressant. La plupart des propriétés dignes d’intérêt (selon nous) tournaient autour de 150 000 $.
Alors soit il faut avoir déjà un capital disponible… soit cette idée ne fonctionne pas. Même en économisant 500 $ par mois pendant cinq ans et en utilisant cette somme comme apport personnel, en partant du principe que l’on pourrait avoir quelque chose pour 130 000 $, ça laisserait un prêt de 100 000 $. Bien trop cher pour un budget mensuel de 500 $.
Mais si l’on parvenait à faire cet achat, on aurait alors un environnement qu’on peut contrôler. Nombre de ces petites fermes sont isolées — et se trouvent dans des sites naturels magnifiques. Ce sont souvent des bâtiments anciens que l’on peut rénover à son goût (ça aide d’être bricoleur). Installez un poêle à bois et des cheminées pour vous chauffer. Construisez une serre pour la chaleur et la nourriture. Plantez un jardin. Créez un verger. Assurez-vous d’avoir une connexion internet et mettez-vous à la conservation des aliments : stérilisation, séchage, congélation… Elevez un porc. Ayez une vache. Des abeilles. Des lapins. Des poules. Achetez une vieille camionnette.
Vous aurez des ampoules. Mais il pourrait s’agir d’ampoules heureuses — le genre que l’on attrape en faisant des choses qu’on aime.
Votre qualité de vie s’en trouverait-elle améliorée… ou amoindrie ?
Dans notre imagination, elle pourrait faire un grand bond en avant. Plus d’avions à prendre. Plus de Terminus Nord à Paris. Adieu au Charlotte Street Hotel de Londres. Des croisières en Méditerranée ? Plus jamais.
En échange, nous aurions une vie de labeur discret et de calme routine. Comme Dioclétien, qui a abandonné le pouvoir à Rome pour aller planter des choux à Split, nous sommes d’avis que nous gagnerions au change.
1 commentaire
Bravo. Je pense exactement comme vous, bien que je ne sois qu’une modeste ex mère de famille, maintenant grand-mère de famille ! Nous habitions Paris, et vivions dans un tourbillon mondain. Mon mari est décédé, mes enfants vivent sous d’autres cieux. J’habite un merveilleux petit village basque, à 1/2 heure de la côte (Biarritz, Bidard) mais à des années lumière de ces gens si affairés. Quand mes petits enfants viennent, ils ne regarde pas la beauté des couchers de soleil sur les Pyrénées roses ou bleues, mais pianotent avidement sur leurs petits appareils électroniques. J’ai essayé de leur faire comprendre que le bonheur était de réaliser quelque chose de concret, n’importe quoi , mais concret et harmonieux, pas dans le virtuel, mais ils me prennent pour une vieille bique et se pâment devant les « idoles » de la TV … Mais un jour (plus très loin) ils seront peut-être bien contents de se réfugier chez moi, quand tout ce qui brille sera réduit en cendres… et que les billets de banque seront des billets de Monopoly.