Alors que les économies occidentales se retrouvent dans une situation extrême, elles utilisent les mauvaises données pour prendre leurs décisions de relance.
Compte tenu des conditions monétaires auxquelles nous faisons face aujourd’hui, qui sont caractérisées par une accélération brutale du taux d’inflation monétaire, après une courte période nécessaire à l’absorption de cette nouvelle monnaie dans le système économique, le PIB nominal va augmenter de plus en plus rapidement.
Mais, comme nous l’avons vu hier, ce serait une erreur de l’interpréter comme le signe d’une bonne santé de l’économie.
Conscients de ce fait, nous savons que les économies dont la devise est fortement dévaluée par le biais de l’inflation monétaire afficheront des taux élevés de croissance du PIB nominal.
Est-il possible de trouver des exemples pour le prouver ?
Il est difficile de le faire pour deux raisons.
Premièrement, les statistiques disponibles sont tellement imprécises qu’elles sont encore plus dénuées de sens dans ce cas de figure que dans le cas des pays caractérisés par des taux d’inflation monétaire plus modérés.
Deuxièmement, les statisticiens qui travaillent dans les organismes internationaux délaissent les données exprimées en devises locales au profit de données exprimées en dollars et calculées en fonction du taux de change officiel.
Utiliser le taux de change officiel plutôt que le taux de change fixé sur le marché noir, qui est toujours le plus juste des deux, peut conduire à des résultats complètement différents. Mais les statisticiens qui travaillent pour le gouvernement préfèrent l’ignorer.
Par ailleurs, nous avons pu observer dans plusieurs cas d’économies caractérisées par un niveau élevé d’inflation monétaire que l’inadéquation de l’analyse statistique et l’idée que le PIB est un indicateur souvent mal interprété sont confirmés par le fait que les économétriciens eux-mêmes ont choisi d’ignorer dans ces cas extrêmes les principes qui sont à l’origine des méthodes qu’ils emploient habituellement.
Situation extrême
Or à présent, c’est l’ensemble des économies qui se trouve dans une situation extrême…
Les gouvernements dépensiers font face à une période d’accélération de l’inflation monétaire, aussi bien en ce qui concerne le dollar, qu’ils utilisent comme devise internationale, qu’en ce qui concerne leurs propres devises. Cette accélération de l’inflation résulte de la nécessité de soutenir leurs économies face à la crise dont ils sont en premier lieu les principaux responsables.
Au-delà de ça, il ne fait aucun doute que la transmission aux différentes composantes du PIB de l’augmentation rapide de la quantité de monnaie créée par la Fed au cours des dernières semaines prendra du temps, notamment en raison de la réticence des banques commerciales à prêter ainsi que du déclin actuellement sévère de la consommation et des approvisionnements. Nous savons cependant que la quantité de monnaie incluse dans les statistiques du PIB augmentera par le biais des dépenses de l’Etat et de l’hélicoptère monétaire.
Les statistiques du PIB nominal sembleront indiquer une reprise, mais cette reprise ne fera que refléter la quantité de nouvelle monnaie mise en circulation, alors que l’activité économique réelle restera probablement morose.
La monnaie supplémentaire injectée finira par se refléter dans le niveau des prix des biens et des services sur lesquels elle sera dépensée. Mais les conséquences sur le niveau des prix ne seront pas forcément évidentes.
Les changements des multiples facteurs qui affectent l’offre et la demande des différents biens disponibles auront leurs propres effets sur les prix affichés, pendant que l’augmentation de la quantité de monnaie aura d’autres effets sur le niveau des prix au fur et à mesure qu’elle sera absorbée par l’économie.
Le niveau individuel compte aussi
Les choix réalisés par les individus dans ce nouvel environnement sont tout aussi importants. Et c’est là que le fait d’ignorer la loi de Say remet véritablement en cause la pertinence de l’approche statistique.
En raison du confinement, ce que les gens désiraient auparavant n’a que peu de relation avec ce dont ils auront besoin et ce qu’ils désireront au cours des prochains mois. En attendant, le PIB repose sur l’hypothèse que ce que nous désirions hier continuera d’être désiré demain, tout ajustement étant réalisé a posteriori.
L’expansion de la masse monétaire, dans la mesure où elle alimente de nouvelles dépenses dans l’économie non financière dont est composé le PIB, constitue un soutien à la production d’hier. La réallocation du capital sous toutes ses formes, de la monnaie, de la force de travail, des bâtiments et biens intermédiaires pour répondre aux changements, est par conséquent découragée et restreinte.
De plus, la dépréciation de l’épargne et des revenus de la population ne fait que l’appauvrir encore davantage. L’inflation de la masse monétaire entraine toujours un transfert de richesse et de revenus des épargnants et des individus vers les emprunteurs.
Etant donné que ce sont aujourd’hui les Etats qui ont accumulé le plus de dettes, dettes qui ne font que croître, ils sont également les plus gros bénéficiaires de ce transfert de richesses, alors que les citoyens en ressortent perdant. L’appauvrissement du plus grand nombre au travers de l’inflation monétaire constitue la garantie que les politiques monétaires actuelles, présentées comme une solution pour sauver l’économie non financière, sont condamnées à échouer.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.