Ce qu’on ne vous a jamais dit sur l’or… et ce que vous devez savoir
Bonjour,
▪ En Libye, les combats font rage dans la ville de Brega entre les forces loyalistes et les rebelles. Brega est l’un des cinq terminaux pour l’exportation du pétrole à l’est du pays. Deux navires de guerre américains sont arrivés en Méditerranée.
Sur le marché mondial, le flux du pétrole libyen — qui n’était déjà qu’un filet — pourrait bientôt être complètement interrompu. Le West Texas Intermediate, le cours du pétrole le plus souvent évoqué par les médias, a franchi la barre des 100 $ ; alors que nous écrivons ces lignes, il est à près de 106 $.
Le baril de Brent de la mer du Nord a déjà atteint 116 $. Aux Etats-Unis, la presse est agitée par la perspective du gallon d’essence à 5 $ et d’une intensification des perturbations dans le monde entier.
▪ Mais pas d’affolement. Il est plus judicieux de prendre du recul et de remettre les faits dans leur contexte : en termes de baisse des approvisionnements de pétrole pour le marché mondial, la crise libyenne n’est rien comparée aux perturbations sur l’offre dans le passé.
Le monde utilisant beaucoup plus de pétrole aujourd’hui qu’en 1978 par exemple, l’impact des troubles en Libye est encore moins significatif que ne le montre le graphique.
Toutefois la crise pourrait s’étendre. Si l’on en croit l’une des bibles de l’industrie pétrolière, la BP Statistical Review publiée tous les ans, seuls trois membres de l’OPEP ont en réalité augmenté leur production au cours des dix dernières années.
L’un d’entre eux est la Libye. Les autres sont le Koweït et l’Algérie.
Selon l’Associated Press : « les dirigeants algériens, gangrenés par la corruption et à la merci de l’armée, sont pris en tenaille par une population touchée par la contestation et par les soulèvements pour la démocratie en Tunisie et en Libye voisines qui secouent en profondeur le monde arabe ».
Cela fait deux mois que nous assistons à des grèves, des occupations de lieux et des tentatives de marches de protestation. Le gouvernement vient de lever l’état d’urgence au bout de 19 ans. Personne ne peut savoir si de telles mesures signifient que l’Algérie prend le chemin de l’Egypte… ou de la Libye.
A 2,1 millions de barils par jour, la production algérienne de pétrole est légèrement supérieure à celle de la Libye, à 1,8 million.
Si l’Algérie est touchée par le mouvement contestataire, l’impact sera deux fois plus important. Le pétrole pourrait encore gagner 15 $… et ce sont les producteurs de pétrole dans les régions plus sûres du monde qui en tireront les bénéfices.
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Le piège se resserre
▪ Vous vous rappelez notre nouvelle Transaction de la Décennie ? Vendez les obligations gouvernementales japonaises, achetez des petites valeurs japonaises.
Est-ce qu’elle va bien ? Pas exactement. Mais la décennie ne fait que commencer. Et elle semble plus prometteuse que jamais.
Les Japonais se sont mis dans le pétrin. Un piège. Un aller simple pour l’enfer. Il n’y a pas de sortie.
Ce sera sanglant. Ce sera moche. Il y aura des pleurs… des grincements de dents… des jurons… des accusations… des hurlements… des gémissements…
… ah oui…
… et il y aura aussi des profits considérables. Si non pour nous… pour quelqu’un d’autre !
Mais pas la peine de se réjouir… ou je ne sais quoi d’autre que font les Allemands quand quelqu’un a dépensé trop d’argent et se retrouve sur la paille.
Effacez ce sourire satisfait devant les malheurs que les Japonais se sont eux-mêmes infligés. Les Etats-Unis — et la France — sont dans le même navire. Une fois qu’on se lance dans les taux zéro, les déficits galopants et l’impression monétaire, on est piégé. On doit rester où l’on est… ou bien on passe par-dessus bord et on se noie.
William McChesney Martin, président de la Fed durant les années Eisenhower, avait l’habitude de dire que le travail de la Fed était de « retirer le bol de punch » lorsque la fête commençait à devenir trop folle.
Les temps ont changé. A présent, la Fed n’a pas la moindre intention d’enlever le bol à punch. Elle se rue vers la boutique pour acheter plus de gin !
▪ Qu’est-ce qui a changé ?
Eh bien, beaucoup de choses. Mais l’une d’entre elles est simple. L’économie des années Eisenhower était saine. La fête aurait pu s’affoler à l’époque. Parce que c’était une vraie fête. Il y avait quelque chose à célébrer. Les Etats-Unis fabriquaient des choses et les vendaient avec profit. Les salaires grimpaient. Avec la hausse des revenus vint l’augmentation du pouvoir d’achat… ce qui donnait à l’industrie américaine plus de clients… avec plus d’argent à dépenser.
Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase. La fête fait un flop. C’est une fraude. Un tas de zombies se tiennent là, un verre à la main. Ils écoutent une épouvantable musique. Ils débitent des platitudes. Et personne n’écoute.
Le plus grand groupe de consommateurs — les baby-boomers — est né durant les années Eisenhower. A présent, ils prennent leur retraite. Ils ne contribueront plus à la richesse du pays. Ils la diminueront… dépensant leur épargne… et se tournent vers la prochaine génération pour leur fournir soins de santé et allocations retraite.
Et qu’est-il arrivé à l’industrie américaine ? Elle va mieux, disent les journaux. Mais elle n’est plus que l’ombre d’elle-même… et ne peut plus faire concurrence que dans certains domaines très étroits. Les Chinois font plus de voitures. Les Allemands font de meilleures voitures. Et les Indiens font des voitures moins chères. Que reste-t-il ? Des voitures made in America.
General Motors, l’entreprise la meilleure, la plus grande et la plus admirée du temps d’Eisenhower, s’est lancée dans l’activité financière durant l’administration Clinton. Puis elle a fait faillite… et a été nationalisée.
Les diplômés américains, eux aussi, sont passés de l’industrie dans les années 50 au marketing dans les années 60… puis à la pub dans les années 70… à la comptabilité fiscale dans les années 80… à l’investissement dans les années 90… et à la finance dans les années 2000.
Et à présent, le plus grand groupe d’entre eux se tient prêt à lâcher du lest… prendre sa retraite… profiter de la vie.
Mais attendez. Comment peuvent-ils profiter de la vie ? Ils n’ont pas d’argent !
Seul un Américain sur dix environ a assez de côté pour se permettre de prendre sa retraite dans le style auquel il a été habitué.
Alors que va-t-il faire ?
Nous allons peut-être être les premiers à vous le dire : son niveau de vie va baisser. Et pas uniquement les retraités… les travailleurs aussi.
Pourquoi ? C’est ce qui arrive quand on emprunte trop. On doit rembourser, d’une manière ou d’une autre.
Il est plus probable que les Américains verront leurs revenus et leur épargne accumulée chuter en même temps que le dollar. Nous avons vu passer un article du Wall Street Journal selon lequel le dollar chuterait de 20% à mesure qu’il cesse d’être la seule devise de réserve mondiale.
Rien que ça effacerait un cinquième du pouvoir d’achat mondial des Américains.
Mais ça pourrait être bien plus. Attendez un peu. Le collet ne fait qu’irriter, pour l’instant. Attendez qu’il entame la chair… puis la peau. Plus les autorités luttent, plus le piège se resserre. Elles accumulent les déficits budgétaires. Elles impriment de l’argent. Elles renflouent… et prêtent de l’argent sous le taux d’inflation des prix à la consommation.
Bien entendu, les Américains ne sont pas les seuls concernés. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Irlande… et une bonne partie du reste du monde… sont tous dans une Grande Correction. Le niveau de vie sera corrigé…
… c’est-à-dire qu’il sera réduit.
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Wall Street prend 2% en trois semaines, le pétrole 22% : vivement qu’il affiche +50%
▪ La flambée du baril commençait à enflammer les esprits vendredi soir. Les « pompiers » sont toutefois intervenus à Wall Street (comme en Europe quelques heures auparavant) pour éviter aux indices américains de dévisser sous la pression de dégagements de précaution à la veille du week-end.
La situation aurait en effet pu devenir rapidement très inconfortable pour les haussiers — sous les 12 000 sur le Dow Jones et sous les 1 300 sur le S&P. Cependant, une « main invisible » bien intentionnée a permis aux indices américains de réduire leurs pertes de moitié au cours de la dernière demi-heure. Le Nasdaq est repassé de -1% vers -0,5%, tandis que le Dow Jones terminait à -88 points contre -175 points vers 21h30.
Ce petit miracle permet de surcroît à l’indice phare de terminer la semaine sur une note légèrement positive, à la différence des places européennes. Un scénario des plus improbables puisque le baril de WTI a bondi de 7% dans l’intervalle.
Inutile d’invoquer un retournement de la psychologie du marché ou un élément d’actualité favorable de dernière minute. Non seulement ces deux variables ont été totalement absentes du paysage boursier mais le baril de pétrole terminait la semaine au plus haut, affichant 2,8% de hausse à 104,75 $ alors que les combats s’intensifiaient en Libye.
Le soutien volontariste de Wall Street vendredi en fin de parcours induit une autre heureuse conséquence : grâce à un repli limité de 0,75% ce vendredi, le S&P a gagné 2% depuis la dernière « Journée des trois sorcières » (le 18 février) alors que les places européennes chutent de -4% dans l’intervalle.
L’aspect surréaliste de la performance de Wall Street se manifeste dans toute sa splendeur à l’aune d’un baril qui a pris 22% au cours des trois dernières semaines. Pour résumer la situation : voyant le prix des carburants exploser et son pouvoir d’achat chuter en flèche, l’Américain moyen fonce investir en Bourse l’argent qu’il ne possède plus.
▪ Ce seul constat en dit long sur l’intensité de la manipulation indicielle que la Fed téléguide depuis des mois afin d’entretenir un effet de richesse complètement artificiel. Il ne profite qu’aux 10% d’Américains les plus aisés — et surtout aux 2% d’ultra-riches qui ont capté 50% de la richesse additionnelle créée en 2010.
Cela dit, la Fed peut faire valoir une excuse imparable : la hausse spéculative de toutes les classes d’actifs négociées sur un marché organisé. C’est bien le seul levier qu’elle est encore en mesure d’actionner.
Elle ne contrôle plus rien au niveau de l’inflation : elle la laisse filer en se contentant de nier son existence. Elle ne contrôle plus rien au niveau des déficits US : ses injections de liquidités pour maintenir les taux bas encouragent les Etats-Unis à s’enfermer dans le piège de la dette.
Si le loyer de l’argent augmentait, la charge des intérêts deviendrait vite insupportable. Pas d’autre solution que la fuite en avant… même si la quasi-totalité des dernières statistiques invitent la Fed à suspendre par anticipation son « QE2 ».
La publication de statistiques du chômage américain conforte le scénario d’une embellie puisque les 192 000 emplois créés sont proches du consensus de 200 000. La baisse du taux de chômage à 8,9% confirme le mouvement amorcé en janvier. L’autre statistique incluant les personnes ayant disparu des listes officielles connaît le même tassement avec un taux de 15,9%, contre 16,1%.
Les commandes industrielles pour le mois de janvier ont grimpé de 3,1% en janvier. Elles ont été dopées par une hausse de plus de 27% pour les équipements de transport (aéronautique principalement) alors que le dollar se déprécie rapidement face à l’euro (-1,8% la semaine passée, à 1,40).
▪ Cette dépréciation du billet vert, c’est évidemment la clé de la surperformance de Wall Street la semaine dernière. Si la barre des 1,41 $/euro était franchie, cela signifierait que la guerre des devises aurait cette fois bel et bien été déclarée à l’encontre de l’Europe par des Etats-Unis optant pour l’hyperinflation.
Mais la Fed aurait alors beau jeu de déclarer que c’est la BCE qui a précipité — en avertissant jeudi 4 mars d’une prochaine hausse de taux début avril — le renchérissement de l’euro et placé nos entreprises dans une situation des plus inconfortables par rapport à leurs concurrentes américaines, coréennes et japonaises.
Mais la Chine reconnaît elle aussi que la lutte contre l’inflation devient une priorité. C’est un combat perdu d’avance si la Fed ne suspend pas au plus vite son « QE2 » puisque le yuan est arrimé au billet vert.
La fameuse hausse de 22% du pétrole en trois semaines, Pékin la subit avec la même virulence que l’Amérique… mais elle n’aura bientôt plus la capacité, sinon la volonté, de la refinancer en se faisant payer en monnaie de singe.
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Ce qu’on ne vous a jamais dit sur l’or… et ce que vous devez savoir
L’or ne serait-il que le reflet de la folie humaine ? Errant, sans bien savoir où aller… zigzaguant entre sommets et vallées, au gré de l’humeur des marchés et des émotions humaines incontrôlables ?
S’orientant tantôt à la baisse, déchaînant au passage les passions des baissiers qui, aussitôt, lui font la peau et lui prédisent un retour vers les 1 000 $… se reprenant tantôt à la hausse sous la pression des armes et excès économico-financiers auxquels chacun finit par s’habituer…
Et si ces variations chaotiques de l’or n’étaient finalement que l’écume de la vague ? Une écume provoquée par l’agitation purement humaine, révélatrice de l’avidité et de la recherche du profit à court terme des investisseurs…
▪ Mais alors… qu’y a-t-il sous l’écume ?
Une montagne d’arguments ! vous diront les tenants de l’or. En vrac :
– les planches à billets qui s’activent tout autour de la planète…
– l’assouplissement quantitatif de la nébuleuse bernankienne, créateur de bulles…
– l’inflation qui enflamme les pays et ronge les patrimoines de façon implacable…
– la chute des monnaies en guerre les unes contre les autres…
– la politique du sauve-qui-peut appliquée par les banques centrales non-occidentales qui achètent de l’or pour se protéger…
– la valeur refuge aussi, petit îlot de paix perdu au milieu de la tempête…
– les révolutions qui répondent au doux nom du jasmin et qui ont pourtant du sang sur les mains…
– la production aurifère et les teneurs des minières qui s’effritent lentement mais sûrement…
– la hausse du pouvoir d’achat des pays émergents dont la culture est fortement empreinte d’or, leurs moyens étant de plus en plus à la hauteur de leurs ambitions…
… Et ainsi de suite.
▪ Et si c’était bien plus profond que cela encore…
Si la vague reflétait l’éveil progressif de l’inconscient collectif ? La prise de conscience d’une vérité enfouie profondément en nous depuis des décennies et qui serait en train de ré-émerger ?
Une vérité connue et reconnue de tous depuis des millénaires et qu’on nous a fait oublier ?
Une évidence enterrée par les progrès technologiques de nos sociétés, les économistes et les politiques bien-pensants qui ont virtualisé à outrance nos sociétés pour mieux les contrôler ?
▪ Rien ne résiste au réel…
Après tout, l’or a toujours été une monnaie « réelle ». Du sonnant et trébuchant qui a permis, pendant plus de deux millénaires (ça laisse des traces !), d’acheter du vrai, du concret.
L’or résiste à tout depuis toujours. A l’inflation, aux révolutions, à la chute des empires. Il résistera aux excès bernankiens, à l’effondrement des économies du XXIe siècle, à l’implosion de la planète finance virtuelle, à la guerre des monnaies et à l’affrontement des empires qui se prépare.
L’or tient le cap envers et contre tout. Il est tout simplement indestructible et traverse le temps. Parce qu’il a du SENS — alors que les billets papiers et la monnaie virtuelle en sont totalement dénués…
▪ Sa valeur résiste dans le temps et jamais ne s’effrite
Il vous faudra probablement la même somme d’or pour acheter une voiture aujourd’hui qu’au début du siècle dernier. Mais pour acquérir cette même voiture aujourd’hui, il vous faudra infiniment plus de billets papiers qu’au début du siècle dernier.
Deux mondes pourraient bien s’affronter. D’un côté, le monde virtuel, avec ses billets et actifs papiers. Ce monde repose sur la seule confiance dans le « Grand Marionnettiste ». Notre pauvre Bernanke jongle, se débat avec des événements qui le dépassent, fait au mieux, mais reste un homme avec toutes les faiblesses et manquements que cela implique. Et la création monétaire à outrance est en train de détruire les fondements même de l’économie virtuelle : la confiance. Parce tout ceci n’a plus aucun sens
De l’autre, le monde du réel, dont la valeur résiste au temps. Mené par l’or depuis des millénaires.
La vague sur laquelle l’écume s’agite ne serait alors que le reflet d’un grand retour aux sources, au réel et au sens. Et c’est probablement ce qui fait sa force.
Première parution dans l’Edito Matières Premières et Devises le 04/03/2011
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