▪ Il y a à peine plus d’un mois — ce qui me paraît une éternité — je me demandais quel allait être le prochain coup d’arrêt alors que le manque de consensus politique mettait en péril la notation AAA de la dette américaine.
J’étais loin de penser à un remake de 2008 — en pire pour l’indice français. Douze séances de baisse d’affilée pour le CAC 40 : du jamais vu depuis sa création… Ce qui est assez étonnant dans ce à quoi à nous assistons depuis trois ans, c’est que nous nous disons — et moi le premier à chaque fois — que le pire n’est pas sûr… Et le pire se réalise.
▪ La fin de deux siècles de croissance
Qui aurait pu penser, alors que nous allons commémorer les 10 ans de l’attentat du 11 septembre, que les Etats-Unis se tromperaient autant lors de cette décennie et que, même si Ben Laden a été abattu, il aura finalement réussi son entreprise : déstabiliser totalement la première puissance mondiale à tel point qu’elle est devenue ingouvernable.
Ce pays faisait montre auparavant d’une capacité à réaliser de grandes choses au nom du « rêve américain » et du pragmatisme. Aujourd’hui, il s’agit surtout d’un pays dont le système politique est gangrené par les lobbies et l’affairisme. Les républicains veulent tellement gagner l’élection de 2012 qu’ils semblent prêts à tout, y compris replonger les Etats-Unis et le monde dans la récession, afin de démontrer l’incapacité de l’administration Obama à gouverner. A ce sujet, j’ai lu un article dans le Boston Globe, de mémoire, qui retraçait l’évolution de la dette américaine depuis 30 ans et le gagnant est… Georges Bush ! Ses deux guerres, ses très larges baisses d’impôts accordées aux majors pétrolières et aux plus hauts revenus ont permis d’augmenter le déficit de 6,4 TRILLIONS (!!) de dollars, représentant à lui seul 44% de la hausse de l’endettement de l’Oncle Sam sur la période. Astronomique…
Dans nos chères économies développées (même si je considère que le terme « endettées » serait désormais plus approprié), cela fait deux siècles que nous vivons avec l’illusion que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Depuis le début des années 80, l’argent bon marché a entretenu une illusion de richesse. Ces temps sont désormais révolus et il n’existe pas de règle d’or qui permette de dire que le progrès est éternel.
Nous avons connu dans notre histoire des périodes troublées ; depuis 10 ans nous sommes dans une de ces périodes. Les déséquilibres globaux, le comportement schizophrénique des marchés financiers, l’appétit pour le gain sans limite de la finance mondiale, le fossé qui ne cesse de croître entre riches et pauvres, le « plein chômage » dans toutes nos économies, le consumérisme à tout-va, les tensions sociales qui émergent dans tous les pays, nous disent quelque chose. Que notre système est sur le point d’exploser. Ce mois d’août nous aura permis, entre le krach et les émeutes qui ont frappé outre-Manche, d’entrevoir ce que pourrait être (ou sera ?) notre futur si nous continuons sur cette voie. Et nous savons aujourd’hui que ce futur est pourri.
▪ Il y aura des opportunités, même dans un monde nouveau
Pessimiste moi ? Pourtant, pas de nature. J’avais cité à mes lecteurs un proverbe anglais qui dit que « l’aube n’est jamais aussi proche qu’au plus noir de la nuit ». Je veux croire, et mon expérience financière le confirme, que dans un environnement difficile, des opportunités ne manqueront pas de se présenter. Mais il faut être patient. Il faut rester solide et attendre d’avoir plus d’éléments sur le sens que va prendre l’économie. Il est clair que les derniers chiffres publiés en France (pas de croissance du PIB en séquentiel au deuxième trimestre et une performance quasi similaire outre-Rhin avec +0,1%) posent plus de questions sur la solidité de la croissance mondiale qu’ils n’apportent de réponse. Le double dip se présente comme étant le scénario économique le plus probable pour 2012.
Ce qui ne m’empêche pas de penser que les small et mid caps, de par leur capacité de réaction plus rapide et leur agilité, continueront de s’adapter. Une analyse que je ne suis visiblement pas le seul à partager puisque selon un article de Bloomberg, le fonds souverain norvégien (qui pèse quelque 400 milliards d’euros) a augmenté ses positions dans les small et mid caps européennes et notamment dans des pays souffrant de problèmes d’endettement structurels comme la Grèce, l’Italie, l’Espagne et… la France. Il semble que depuis la Norvège, notre beau pays est bien situé en Europe du Sud…
C’est pour cette raison que j’ai préparé, avec mes équipes, une liste de valeurs anti-crise qui doivent permettre de passer le gros temps s’il se confirme. Je me suis simplement référé à leur performance pendant la crise 2008-2009 pour sortir une liste de 20 valeurs. L’avantage est que les sociétés n’ont pas franchement changé depuis les derniers 36 mois et que le risque qu’elles réagissent différemment m’apparaît très faible.
[NDLR : Pour faire partie des lecteurs qui ont reçu cette liste de valeurs anti-crise — et tous les autres conseils de Jean — c’est par ici…]