Etant donné l’état général de l’économie… et considérant que les marchés savent parfaitement à quoi s’en tenir… vos 50 misérables points de base ne vont pas suffire.
Nous ne savons toujours pas la direction que les marchés vont prendre. Mais la confusion… l’absurdité… et la volatilité n’indiquent pas simplement une correction de routine sur les marchés, mais bien l’effondrement du siècle.
L’empire américain – imbibé de dettes, pliant sous l’âge et la débauche, l’esprit brouillé par des décennies de politiques monétaires insensées – est en train de céder. Et la Fed ne peut rien y faire.
Un signal clair
Notez ce qui s’est produit sur notre indicateur préféré – le ratio Dow/or : la moyenne mobile à 200 jours est passée à la baisse. En d’autres termes, le ratio nous donne un signal d’achat : achetez de l’or. Vendez les actions.
Nous n’avions pas franchement besoin d’un tel signal. Suivant fidèlement notre stratégie de timing globale, nous achetons des actions lorsque le Dow vaut cinq onces d’or… ou moins. Nous conservons cette position jusqu’à ce que les actions du Dow remontent au-delà des 15 onces d’or – suite à quoi nous échangeons nos actions contre de l’or. Simple comme bonjour.
Le ratio Dow/or a dépassé les 15 en 1996. L’essentiel de notre argent est investi hors actions depuis (à l’exception d’un portefeuille quasi-permanent de valeurs extrêmement sûres, géré par notre vieil ami Chris Mayer, et que nous conservons quoi que fasse le marché boursier).
Nous avons donc manqué les feux d’artifice de 1996 à 2000, lorsque le Dow a atteint un sommet historique en termes d’or. Cependant, nous avons aussi manqué le krach qui a suivi… ainsi que la crise de 2008-2009.
Aujourd’hui, les actions sont quatre fois plus élevées en termes nominaux. Avons-nous manqué une envolée de 300% ? Pas du tout. Parce que l’or a grimpé lui aussi. Mesurées en or – la seule devise véritable – les actions sont presque exactement au même niveau qu’il y a 24 ans. Durant ces 24 années, selon nous, l’empire américain a lui aussi atteint son apogée.
En d’autres termes, avec l’or que nous avons acquis lorsque nous avons vendu nos actions en 1996, nous pouvons désormais nous repositionner en actions dans les mêmes conditions.
Nous allons nous en tenir à notre plan, ceci dit. Nous conservons notre or jusqu’à pouvoir acheter le Dow pour cinq onces.
Le ratio Dow/or n’est pas le seul signe nous avertissant de sortir des marchés actions. Il y a deux autres signes d’alerte…
Récession en vue
D’abord, regardons les transports. Selon la théorie classique du Dow, ce sont les transports qui indiquent ce qu’il se passe vraiment.
La Fed peut trafiquer les prix des actions à la hausse… mais ce sont les transports qui confirment que les marchandises circulent.
Les camions, les trains, les navires – d’une manière ou d’une autre, tous les produits doivent arriver là où ils vont. Par conséquent, s’il n’y a pas de tendance haussière dans les transports, un boom des actions sera factice… hésitant… et de courte durée.
Or pendant que les marchés actions chutaient ces derniers jours… les transports ont chuté plus durement encore. Le Dow Transports a perdu 20% entre le 16 janvier – un sommet depuis le 3 octobre 2018 – et le 5 mars 2019.
Il y a aussi cette paille, qui vole dans un vent de plus en plus violent : cette semaine, le rendement du bon du Trésor US à 10 ans – la brique sur laquelle repose l’intégralité du monde financier américain – est passé sous les 1% pour la première fois de l’Histoire. Dans la mesure où l’inflation des prix à la consommation US dépasse les 2%, cela implique que le rendement net réel d’un prêt aux autorités américaines est à MOINS 1%.
Cela signifie trois choses : premièrement, les gens commencent à avoir peur. Ils veulent ce qu’ils considèrent comme le refuge le plus sûr du monde financier – les obligations US.
Deuxièmement, l’économie ralentit. La chute du T-Bond signale qu’une récession arrive.
Troisièmement, les spéculateurs prévoient que la Fed achètera encore plus de bons du Trésor US à des prix plus élevés.
Complètement dépendante
Bien entendu, ce n’est pas à nous de dire aux augustes gouverneurs de la Fed comment faire leur travail. Mais étant doté d’un esprit civique développé, nous leur offrons un petit indice sur le fonctionnement d’une économie « l’inflation ou la mort ».
Une fois qu’on a lancé l’inflation… on a une période au cours de laquelle, au moyen d’une action décisive et ferme, on peut réparer les dégâts et revenir à une économie plus ou moins saine et honnête. C’est ce qu’a fait Paul Volcker en 1980.
Aujourd’hui, il est trop tard pour cela. Lorsqu’une économie devient dépendante aux mesures de relance et à la fausse monnaie, on ne peut plus les retirer. La désintoxication est si douloureuse que, politiquement, elle est impossible à accomplir.
Les entreprises, lardées de dette, font faillite. Les riches donateurs de campagne resserrent les cordons de la bourse. Les électeurs hurlent pour avoir de nouvelles allocations alors même que les recettes fiscales déclinent et que les déficits grimpent en flèche.
Les économistes de Harvard et du FMI vous diront que vous êtes idiot de « retirer les mesures de relance » pile au moment où l’économie en a le plus besoin.
Vous devrez donc continuer à relancer (inflation… injections de liquidités… etc.). Mais ajouter ce qu’attend le marché ne suffit plus. C’est l’erreur que la Fed a commise mardi. La baisse de taux de 50 points de base était déjà intégrée aux cours.
« Achetez la rumeur, vendez la nouvelle », disent les vétérans. Les spéculateurs savent aussi bien que nous que nous sommes dans un piège « l’inflation ou la mort ». Si bien que, lorsque la Fed n’a fait que réduire les 50 points de base attendus, ils ont vendu.
Une économie qui dépend de l’inflation (plus d’argent et de crédit de la part des banques centrales) est intrinsèquement instable. Elle ne peut pas faire de surplace. Les autorités doivent en permanence faire grimper les enchères, sans quoi elle s’effondre sur elle-même.
Alors un conseil, Jerome : si vous voulez rejoindre Alan Greenspan au sein du « comité pour sauver le monde »… ou devenir, comme Ben Bernanke, le « héros » du magazine The Atlantic, vous allez devoir faire mieux que 50 misérables points de base.