** Jeudi dernier, il s’est passé une chose exceptionnelle — un individu en position de pouvoir a tenté de séparer les dirigeants d’entreprises incompétents de leurs rémunérations excessives. Le président Obama a annoncé un plan visant à limiter à 500 000 $ par an les rémunérations des dirigeants d’entreprises ayant bénéficié du plan de relance du gouvernement.
– Il est "honteux", s’est lamenté le président, que des entreprises financières réclament plus de 300 milliards de dollars de renflouement provenant de l’argent des contribuables et qu’ils distribuent ensuite 18 milliards de dollars de bonus à leurs cadres.
– Honteux, oui. Sans précédent, non. Entre 2003 et 2007, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Merrill Lynch, Lehman Brothers et Bear Stearns ont distribué un total de 145 milliards de dollars de bonus. Qu’ont reçu les actionnaires en retour ? Une faillite réelle ; deux faillites fonctionnelles ; et deux entreprises blessées.
** Où sont les bonus des actionnaires ?
– Il n’y en a pas, évidemment. La finance de Wall Street, comme l’a observé le président avec éloquence, repose sur un système de "risques très dispersés et de récompenses très concentrées".
– Il a ajouté : "que des grands dirigeants s’accordent de tels bonus au beau milieu d’une crise économique n’est pas seulement de mauvais goût, c’est aussi une très mauvaise stratégie, et en tant que président, je ne le tolèrerai pas".
– Mais à peine le président avait-il prononcé ces mots, que les apologistes de "l’économie de marché" ont commencé à excuser les rémunérations exorbitantes reçues par les dirigeants. Ces rémunérations sont nécessaires pour conserver les plus talentueux, ont-ils expliqué. Et les bonus sont justifiés puisque les entreprises privées les ont autorisées de leur plein gré.
– Les apologistes n’avaient pas l’air troublés par l’hypocrisie d’une entreprise privée qui se vante d’être privée, alors qu’elle bénéficie d’un renflouement en urgence du gouvernement…
– Le fait que QUI QUE CE SOIT puisse défendre les dirigeants d’entreprises incompétents qui reçoivent des rémunérations exorbitantes laisse supposer que la crise financière américaine est loin d’être terminée. Même après que Wall Street a détruit une telle fortune au cours de ces 18 derniers mois, certains pensent encore que l’incompétence pure et simple qui a engendré la crise financière actuelle mérite des salaires de plusieurs millions de dollars, plutôt qu’un boulet à la cheville.
– Nous ne sommes pas d’accord… et pour revenir à l’un de nos thèmes favoris, nous encourageons tous les investisseurs à ne pas investir avec des voyous. Si un voyou obtient un résultat positif pour un actionnaire minoritaire, c’est toujours par hasard. Cherchez plutôt les PDG et les dirigeants qui alignent leurs intérêts directement sur ceux des actionnaires minoritaires et qui se comportent comme les propriétaires de leur entreprise.