De plus en plus d’investisseurs se tournent vers l’or, certains allant jusqu’à y consacrer un quart de leur portefeuille. Mais l’envolée actuelle du métal jaune est-elle un point d’entrée sûr… ou le début d’une bulle prête à piéger les retardataires ?
De plus en plus d’investisseurs montent dans le train de l’or.
La semaine dernière, un événement intéressant s’est produit sur CNBC. Le présentateur Scott Wapner interviewait Jeffrey Gundlach, surnommé le « roi des obligations ». Wapner lui a posé une question anodine sur la répartition idéale d’un portefeuille.
« Vraiment ? Un quart de son portefeuille en or ? »
« Oui », a répondu Gundlach. Il a même qualifié cet investissement « d’assurance », et prédit un cours de 4 000 $ d’ici la fin de l’année.
Lorsque le croupier commence à parier contre sa propre table, les joueurs les plus avisés quittent le casino. Mais où mène cette « sortie » ?
Nous revenons aujourd’hui à une question clé : si nous achetons de l’or aux prix actuels, ne risquons-nous pas de traverser une nouvelle « vallée de la mort » – une période de 45 ans sans aucun gain ?
La réponse est oui. Le risque existe bel et bien. Et si vous avez besoin de votre argent dans les deux prochaines années, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de le convertir en or.
Pour notre part, nous mesurons notre richesse en or. Même si cela devait prendre une génération pour retrouver un plus haut, nous ne nous arracherions pas les cheveux : notre véritable richesse resterait intacte. Nous aurions exactement autant d’or qu’au départ.
Et nous avons toute confiance dans le fait que les responsables politiques finiront par agir pour éviter que l’or ne reste trop longtemps à un niveau bas. Ils devront bien, tôt ou tard, effacer la dette par l’inflation – ont-ils vraiment le choix ?
En 1974, le ratio Dow/or est passé sous la barre des 5. En janvier 1980, il était tombé à 1,29. Si nous avions disposé à l’époque de notre stratégie Dow/Gold Trading System (DGTS), elle nous aurait incités à vendre notre or en 1974 pour acheter des actions. Les huit années suivantes auraient été éprouvantes : les cours des actions ont stagné, et l’inflation a grignoté leur valeur réelle.
Malgré tout, nous aurions dû prendre cela avec philosophie. Nous possédions de bonnes entreprises qui généraient des bénéfices solides : c’était là leur vraie valeur, et non pas les prix affichés en dollars dépréciés. C’est ainsi que nous aurions abordé le marché haussier débuté en 1982 avec des actions, et non de l’or. Et notre modèle DGTS nous aurait permis de conserver ces actions pendant au moins 14 ans, en fonction du seuil de déclenchement choisi, et de multiplier notre patrimoine (notre or, donc notre richesse réelle) par au moins trois.
Mais que peut-il se passer maintenant ? Le ratio Dow/or peut évoluer de deux façons :
- par l’inflation, qui ferait grimper le prix de l’or ;
- ou par la déflation, qui ferait chuter les actions.
Dans les deux cas, nous suivrons l’actualité… et croiserons les doigts.
Hier, nous avons évoqué ce qui pourrait arriver dans un scénario déflationniste : les actions chuteraient sans que l’or ne bouge beaucoup. Avec un cours de l’or à 4 000 $, il faudrait un Dow à 20 000 pour atteindre notre objectif de ratio 5. Ce scénario est tout à fait plausible.
Nous semblons aujourd’hui dans une phase de stagflation. Reste à savoir si la composante « stag » (stagnation) ou « flation » (inflation) dominera. Comme nous avons étudié hier le scénario « stag », penchons-nous aujourd’hui sur l’autre option : que se passerait-il si les partisans de l’or avaient raison ?
Quelques trimestres de forte inflation suffiraient à propulser le prix de l’or vers de nouveaux sommets. La plupart des épargnants n’en détiennent toujours pas. Quand ils se décideront à monter à bord, le train sera bondé – et pas seulement de « fanatiques de l’or » ou d’investisseurs prudents : les wagons se rempliront aussi de spéculateurs du dimanche. D’où notre prudence : ces retardataires peuvent quitter le train aussi vite qu’ils y sont montés.
Pour rappel, notre DGTS nous pousse à acheter des actions lorsque nous pouvons obtenir les 30 valeurs du Dow pour cinq onces d’or ou moins. Puis nous revendons nos actions contre de l’or lorsque le ratio dépasse 15, en utilisant un stop loss pour conserver nos positions tant que la tendance reste haussière, mais en veillant à sortir au-dessus de 15.
Ce système n’a rien de « technique » ni de « sophistiqué ». Il ne prétend pas prévoir l’évolution des prix, ni anticiper les décisions de la Fed, ni les effets des droits de douane, ni l’issue des élections présidentielles. C’est simplement un modèle simple, conçu pour se protéger contre les pertes importantes et acheter des actions génératrices de richesse lorsque le risque est faible.
Au niveau actuel du Dow, l’or devrait atteindre environ 9 000 $ pour que nous échangions notre métal contre des actions. Est-il réaliste d’imaginer l’or à 9 000 $ ?
Dans les années 70, le cours de l’once est passé de 35 $ à plus de 800 $, soit une multiplication par près de 25. Pour atteindre 9 000 $ aujourd’hui, l’or devrait à peine tripler par rapport à son niveau actuel. Ou, si l’on prend comme point de départ le début de la décennie (1 700 $ l’once), il faudrait une multiplication par cinq. Même en remontant 25 ans en arrière, lorsque l’or valait 300 $, il ne suffirait que d’un facteur 30 pour atteindre cet objectif.
Ces niveaux ne sont pas irréalistes. Et une envolée semble déjà amorcée : la presse en parle, le grand public commence à s’y intéresser, et Wall Street se prépare à vendre des montagnes d’or papier aux investisseurs décidés à participer à la ruée.
Mais au milieu de ce battage médiatique, il est facile d’oublier notre véritable objectif. L’or n’est pas un investissement : c’est un lieu où placer son argent en attendant qu’une bonne opportunité d’investissement se présente. Ce n’est pas un créateur de richesse, mais un conservateur de richesse.
Est-ce le meilleur endroit où placer votre argent aujourd’hui ? Nous n’en savons rien. Nous sommes déjà dans le train… et nous y resterons jusqu’à destination. Mais si nous étions encore sur le quai, nous préférerions qu’il y ait un peu plus de places libres avant de monter.
Depuis le début de l’année, l’or a grimpé de 40 %.
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