Le prix de l’once d’or augmente. Pourquoi les gens veulent-ils du métal jaune alors que les obligations les plus sûres au monde commencent à rapporter ?
La hausse des taux longs passe de moins en moins inaperçue. Voici encore une fois l’allure du rendement des bons du Trésor américain à 10 ans depuis 1980.
« Bof », me direz-vous, « et alors ? Ça pourrait très bien se terminer comme toutes les autres petites crêtes, comme en 1986, comme en 1995, comme en 2000, comme en 2007, comme en 2010 et comme en 2014 ».
Bien sûr. Les chartistes, pour vous convaincre, vous parleraient alors de support, de résistance, de biseau et vous traceraient plein de petites lignes pour vous expliquer que « cette fois, c’est la bonne… enfin, peut-être ».
On sait ce que ça vaut : pas grand chose face à la puissance de d’une banque centrale capable de nationaliser tout le marché obligataire et de tout racheter si elle le voulait.
Mais si un banquier central faisait ça, il risquerait fort de réveiller l’or qui dort tranquillement depuis 2011. Et si c’était déjà fait ?
« Avec le dollar index englué dans une fourchette, l’or donne des signes de vie », indique The Wall Street Journal ce matin.
Voici l’allure des cours de l’or en dollar comparé au rendement des bons du Trésor à 10 ans.
Jusqu’en 2000, tandis que les rendements des bons du Trésor à 10 ans diminuaient, l’or chutait aussi.
Puis, à la faveur de la crise des valeurs internet, de la crise du crédit subprime et enfin de la crise de la dette en euro, l’or s’est réveillé.
Il s’est ensuite rendormi, lorsque la Banque centrale européenne a nationalisé le marché de la dette en euro en promettant de racheter tout ce dont personne ne voulait.
Lorsque vous contemplez le graphique ci-dessous, vous me direz que le réveil de l’or est loin d’être apparent.
Pour s’en rendre compte, il faut sortir notre loupe. Sur ce graphique, l’or figure en jaune et les rendements du bon du Trésor en bleu.
Depuis le début de l’année, les rendements du bon du Trésor augmentent, passant de 2,45% à 3,16%, et l’or plonge. Depuis octobre, une tendance inverse se dessine pour l’or. Les minières aurifères progressent aussi.
Cette fois c’est la bonne ?
Les taux longs montent, ce n’est pas nouveau. Ce qui est différent aujourd’hui c’est que :
- Le niveau d’endettement des entreprises n’a jamais été aussi élevé
- Les obligations des entreprises risquées (junk bonds) n’ont jamais été aussi chères
- Les marchés actions américains sont à des sommets jamais atteints selon plusieurs méthodes de mesure
- L’immobilier atteint des prix astronomiques un peu partout dans le monde
- Le gouvernement fédéral américain est surendetté
- Personne ne peut supporter une hausse des taux : ni les individus, ni les entreprises, ni les gouvernements, ni les contribuables
C’est peut-être tout cela qui réveille doucement l’or. Profitez-en tant que c’est un actif « contrarien » et qu’il ne coûte pas cher.
Il faudra bien un jour que les banquiers centraux et les gouvernements reconnaissent que les dettes ne seront jamais remboursées car elles dépassent les capacités humaines.
Le problème c’est que les dettes des uns sont aussi l’épargne des autres.
Qu’y a-t-il dans votre assurance-vie ? De la dette d’Etat.
Qu’y a t-il dans les fonds monétaires ? De la dette d’Etat et de grandes entreprises.
Qu’y-a-t-il dans les fonds dynamiques ? Des actions d’entreprises surendettées et surachetées.
Le jubilé du XXIème siècle ne sera donc pas une partie de plaisir, il réduira à néant l’épargne de toute une génération.
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» Jusqu’en 2000, tandis que les rendements des bons du Trésor à 10 ans diminuaient, l’or chutait aussi. Puis, à la faveur de la crise des valeurs internet, de la crise du crédit subprime et enfin de la crise de la dette en euro, l’or s’est réveillé. »
Concernant le marché haussier de 2000 à 2008 c’était aussi très largement les achats massifs d’or par les pays émergents (en particulier leurs banques centrales) qui enregistraient une croissance économique et des excédents commerciaux records (notamment en raison du boom des matières premières).
Puis à partir de 2009 certains investisseurs ont anticipé un retour de l’inflation (voir une hyper inflation) qui n’a jamais eu lieu, d’où la chute importante des cours.
Je voulais dire que les anticipations d’inflation ont entrainé la hausse de 2009 à 2012, mais elles ne se sont pas matérialisées, d’où la chute du cours depuis.