Le secteur minier offre encore un beau potentiel que l’on peut éventuellement pimenter grâce à l’effet de levier de quelques warrants
Au début du joli mois de mai, le métal jaune a dépassé les 700 $, un nouveau record. L’horizon des 800 $ est en vue pour la fin de l’année ou le début de 2007. Le moment semble donc bien choisi pour sélectionner quelques warrants, en se fondant sur le fait que :
– L’or a encore une bonne marge de progression
– Les actions minières peuvent encore surperformer le cours du métal.
Jusqu’où le cours de l’once peut-il grimper durant cette deuxième phase de hausse ? Probablement 800 ou 1 000 $ l’once. Ceci le mettrait encore au dessous de son sommet de 1981. La liste des facteurs favorables reste à ce jour inchangée :
– Le dollar est la monnaie fiduciaire étalon dans le monde, dans laquelle se négocient toutes les matières premières.
– Le dollar est miné par les déficits américains qui dépassent les 8 000 milliards. La facture de la guerre en Irak dépasse maintenant celle de la guerre du Viet-Nam.
– Toutes les matières premières ont connu une forte augmentation par rapport au dollar et aux autres monnaies fiduciaires.
– Aucune autre monnaie fiduciaire n’est actuellement prête à remplacer le dollar. Il faudrait une monnaie liquide issue d’un pays à forte croissance dont les échanges commerciaux représentent les plus gros volumes sur la place mondiale et capable d’assurer militairement la police du monde, rôle tenu jusqu’à présent par les USA. La Chine ne satisfait pas encore à tous ces critères.
Pour le moment, la hausse de l’or est encore rampante et attire peu les projecteurs de l’actualité, sauf occasionnellement, lors de l’enfoncement d’un “seuil psychologique”. Toute une génération d’investisseurs et de traders ignore l’or. Pour eux, la richesse ne se mesure pas en actifs réels et l’argent se résume à des 0 et des 1 stockés dans des mémoires d’ordinateurs. Ce sont les mêmes qui pensent que la consommation précède la croissance (et non l’inverse) ou qui ont cru en la nouvelle économie. Pour eux, le cancer du dollar est encore masqué par la hausse des taux d’intérêt.
Petit à petit, cependant, les consciences s’éveillent et l’idée que l’or puisse retrouver son statut de monnaie universelle (en attendant le nouvel étalon monétaire) chemine. Les vendeurs de matières premières sont acheteurs d’or : pays exportateurs de pétrole et de métaux. Le plus gros créancier des USA, la Chine, est aussi acheteur d’or.
Lorsqu’un chauffeur de taxi vous parlera de l’or, alors seulement vous saurez qu’il est temps de vendre votre or… mais nous n’en sommes pas encore là.
Dans la dernière période haussière de l’or (1978-1980), l’once est passée de 200 $ à 860 $, soit un coefficient de 4,3. On peut considérer que l’actuelle période haussière a commencé en 2002 avec une once à 300 $. Même au cours actuel de 700 $ l’once, il reste une marge de hausse potentielle à exploiter jusqu’à 1 000 $.
Les mines d’or devraient continuer à surperformer le métal. Celles qui existent déjà – ou qui vont rentrer en production – ont survécu (ou ont explosé) avec un cours de l’once au dessous de 400 $. Nul besoin de posséder un doctorat en gestion financière pour comprendre que si le ratio prix de vente/coût d’une entreprise bénéficiaire double, son bénéfice fait plus que doubler.
Un moment favorable pour les warrants
Un warrant est l’achat d’un droit (et non d’une obligation) à acquérir une action à un prix spécifié. Ce droit est valable pour une durée de 2 à 5 ans. Un warrant est donc une option de long terme. Il est émis par l’entreprise pour faire face à un besoin de liquidité (ou un banquier désirant offrir une gamme de produits dérivés). Cette entreprise a l’obligation de coter le warrant. L’intérêt du warrant réside dans son effet de levier.
Supposons que la société Bonnemine émette un warrant au prix de 1 dollar, alors que l’action cote 10 $. Ce warrant expire en 2009 et donne le droit d’acheter une action Bonnemine à 12 $. Confiant dans l’avenir de Bonnemine, vous décidez d’acheter 500 warrants plutôt que des actions. Un an plus tard, en 2007, Bonnemine cote 15 $ (+50%). Le warrant Bonnemine de son côté vaut 3 $. Vous décidez de vendre le warrant. Avec une mise de fonds de 500 $, vous avez gagné 500 x (1–3) = 1 000 $, soit 100% de gains. Si vous aviez investi directement dans des actions, votre gain serait de 50%. Dans cet exemple, le cours du warrant surperforme celui de l’action. Ceci est toujours le cas lorsque l’action qui sous-tend le warrant monte. Car votre droit, matérialisé par le warrant Bonnemine, a pris de la valeur. En effet, l’action cote 15 $ et votre warrant vous permet de l’acquérir à 12 $. Chaque warrant vaut donc bien 15–12 = 3 $. Dans la pratique, l’effet de levier est supérieur à notre exemple car les acheteurs de votre warrant estiment que l’action sous-jacente va encore monter.
Et maintenant, voyons ce qui arrive si vous vous êtes trompé. Notre société Bonnemine, victime d’une inondation, est en perte d’exploitation. Son cours dégringole à 5 $. Le warrant ne vaut plus rien, vous avez perdu 500 dollars. Mais si vous aviez investi dans 100 actions Bonnemine, votre perte serait de 100 x (15–5)= 1 000 $.
Cet exemple montre que l’on peut profiter d’un marché haussier avec un investissement réduit en utilisant les warrants à option d’achat, ou “call”.
Les warrants “call” disponibles en France
Seuls les warrants de Barrick Gold et Newmont Mining Corp sont facilement accessibles sur le marché français. BNP Paribas, la Société Générale et la Commerzbank s’en partagent un quasi monopole.
Newmont et Barrick sont des poids lourds du secteur minier. Les cours des deux entreprises ont fortement baissé lors de la consolidation du mois de février. Plus récemment, le cours de Barrick profite de sa politique de réduction de ses contrats de vente à terme, et de bons résultats du premier trimestre. La Canadienne annonce que les bénéfices de l’absorption de Placer Dome devraient se faire sentir avant 2007. L’Américaine Newmont reste encore à la traîne, empêtrée dans une affaire de pollution en Indonésie. Les deux géantes accusent un retard par rapport à la progression de l’once aussi bien sur un an (+63%) que depuis le début de l’année (+35%). Pour une échéance au 15/12/2006, les warrants de l’émetteur Société Générale sur Newmont et de BNP Paribas sur Barrick présentent un risque raisonnable. Ces grandes entreprises sont en outre rodées à bichonner leur communication financière pour la fin de l’année.