Alors que les banques centrales accumulent des réserves massives et que les investisseurs se tournent vers les trackers, la question se pose : faut-il encore acheter ?
L’or, véritable protection contre les incertitudes et la perte de valeur des devises, a poursuivi sa hausse pour atteindre le chiffre record de 2 800 $ l’once.
La demande mondiale en or est principalement alimentée par les banques centrales. D’après les dernières données du World Gold Council, celles-ci ont acheté en moyenne 50 tonnes par mois jusqu’en novembre. A ce rythme, leurs achats annuels dépasseraient les 50 milliards de dollars.
Les chiffres sur les fonds indiciels montrent une hausse à l’échelle mondiale. En 2024, les trackers sur l’or ont attiré 2,3 milliards de dollars aux Etats-Unis et 6,4 milliards de dollars en Asie. Toutefois, cette tendance est compensée par des sorties en Europe, où les ventes de trackers sur l’or atteignent 5,8 milliards de dollars.
Cette liquidation des fonds européens pourrait être en partie due à une pénurie d’or physique ailleurs dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Depuis les confinements, certains traders de Wall Street se tournent vers les réserves des fonds indiciels européens pour répondre à la demande.
Faut-il vendre après cette hausse ?
Notre recommandation : ne pas vendre. Même à ces niveaux élevés, les nouveaux investisseurs peuvent commencer à se positionner sur l’or. Chaque repli devrait être perçu comme une opportunité d’achat, ou de renfort, les corrections risquant d’être courtes et limitées.
Pourquoi écrire tranquillement cela, sans aucun état d’âme ? De quelle autorité ?
Pour cela, il faut adopter un point de vue simple : l’or est une monnaie. Ce point de vue se fonde sur un fait irréfutable et facile à prouver.
Nous pouvons dire que l’or est encore et toujours une monnaie parce que toutes les banques centrales et le Fonds monétaire international en détiennent. L’or ne figure pas dans ces institutions à titre décoratif, ce ne sont pas les robinets des sanitaires qui seraient en or massif ou les miroirs dorés à la feuille.
L’or figure dans la comptabilité officielle en tant que « réserve de change ». Donc l’or est bien une monnaie internationale.
C’est une monnaie internationale qui possède trois caractéristiques :
- c’est une monnaie qui n’a besoin de rien ni de personne pour exister. Elle n’est la dette de personne. Elle n’a pas besoin de réseau informatique ;
- c’est une monnaie qui ne se crée pas à partir de rien. L’or ne se décrète pas. Si vous voulez de l’or, il faut le payer ou dépenser beaucoup d’argent et d’énergie pour en trouver et en extraire ;
- c’est une monnaie qui ne dépend d’aucune institution centralisée. N’importe qui peut décider d’en extraire, d’en acheter, d’en vendre.
Aucune autre devise internationale ne possède ces trois caractéristiques.
Donc l’or est une monnaie. Pourquoi en détenir plutôt que des euros, des dollars, ou n’importe quelles autres grandes monnaies facilement négociables ?
Concentrons-nous sur l’euro, puisque je suppose que vous vivez dans la Zone euro.
Désirez-vous vraiment perdre 2% par an ?
La Banque centrale européenne indique qu’elle a un objectif annuel d’inflation de 2%. Voilà une institution garante d’une devise qui s’engage à ce que sa devise perde 2% par an en moyenne. C’est ce que la BCE appelle sans rire la « stabilité des prix ». Cette « mission » figure en clair sur son site.
Donc l’euro est une devise dont les pilotes institutionnels s’engagent à ce qu’elle perde 2% de pouvoir d’achat par an.
Faites vos comptes, rien ne va plus
Si vous conservez 1 000 € sans y toucher, vous aurez un pouvoir d’achat de 817 € la onzième année, de 668 € la vingtième année, de 603 € la vingt-cinquième année. C’est ce qu’ont prévu nos grands planificateurs monétaires. Ce n’est pas vraiment ce qu’un être humain normal qui paie ses factures appellerait une stabilité des prix.
Maintenant, voyons ce qu’a fait notre monnaie internationale, l’or, face à l’euro durant ces 25 dernières années.
- 1° janvier 2000 : 280 € l’once.
- 31 décembre 2024 : 2 532 € l’once (et 2 800 € l’once au 19 février 2025).
- Bilan : un cours multiplié par 9 en 25 ans.
Si vous aviez laissé dormir 1 000 € dans un coffre depuis le 1° janvier 2000 et que vous les repreniez aujourd’hui, vous auriez un pouvoir d’achat de 626 € (en se fondant sur l’indice ICPH). Si vous aviez placé 3,57 onces d’or dans un coffre le 1° janvier 2000 et que vous les retrouviez aujourd’hui, vous auriez un pouvoir d’achat de 9 000 €.
Cependant, la question de l’inflation, impôt arbitraire et antidémocratique, n’est qu’un aspect de la question monétaire. L’autre aspect est la dette et plus précisément les dettes souveraines.
Toujours plus de dettes, mais toujours moins de croissance
Il n’a certainement pas échappé à votre sagacité qu’il y avait actuellement un problème mondial d’endettement. Les Etats-Unis, le Japon, la Chine…
De grands pays de la Zone euro sont très endettés : France, Italie, Espagne. Les taux d’intérêt sont supérieurs à leurs perspectives de croissance économique. La charge de la dette va donc devenir écrasante au fur et à mesure que celle-ci est roulée, c’est-à-dire qu’il faut emprunter à des taux plus élevés pour « rembourser » un vieux prêt qui arrive à échéance.
Il y a deux façons de sortir de l’ornière :
- arrivée au pouvoir d’hommes à la tronçonneuse (style Javier Milei en Argentine) qui tailleraient immédiatement dans les dépenses publiques ;
- création monétaire (peu importe de quel nom abscons l’opération sera habillée) pour rembourser les échéances.
Il n’existe pas d’autres solutions à moins que vous ne souscriviez aux aimables farces de relance par des investissements de 800 Mds€ de M. Draghi. Pour rappel, les 750 Mds€ créés en 2020 pour affronter le COVID (plan dit « NextGeneration EU ») se voient très bien sur la courbe de l’indice d’inflation IPCH. La pente de cette courbe se redresse dépassant largement les objectifs de 2% par an de la BCE. Ce qui signifie que l’inflation a été nettement supérieure à l’objectif.
On voit mal comment emprunter plus, pour faire plus de tout ce qui nous a conduit ici, améliorerait la trajectoire. N’oublions pas le principe d’Einstein : « La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. » C’est un principe fidèlement appliqué par nos autorités.
Pour conclure, tant que la Banque centrale européenne affichera un objectif d’inflation, que les finances publiques ne sont pas maîtrisées et que la croyance keynésienne selon laquelle des « investissements publics » financés par la dette nous enrichissent persiste, il serait imprudent de vous séparer de votre or ou de ne pas en avoir.
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1 commentaire
Bonjour,
Depuis peu, je m’intéresse aux publications, aux interviews de Philippe Béchade, de Piero San Giorgio, et je m’y plaît!
Leurs analyses correspondent à mes pensées.
Bientôt prêt à passer à l’acte, pour cette société minière, je ne veux pas être le DINDON de la farce à attendre que
l’état nous prenne TOUT, en tous, le peu que je possède !!
Merci pour ces précieuses Informations !
Cordialement,
Mr Lahaye Pascal,