▪ Lorsque nous avons regardé les nouvelles dimanche soir, en descendant des hauteurs andines, nous nous sommes retrouvé au 36ème dessous : notre candidature à diriger la Fed a été rejetée. Le téléphone n’a jamais sonné. La personne qui n’a jamais appelé était bien entendu Barack Obama lui-même.
Nous avons donc manqué l’occasion de gérer la banque centrale la plus grande et la plus puissante au monde. Et le président Obama a manqué l’occasion de remettre de l’ordre dans les finances nationales.
Cela n’aurait pas été facile, ceci dit. Ni sans douleur. Et les gens n’auraient pas apprécié. Il est très probable qu’on aurait mis des bâtons dans les roues de votre correspondant, qu’il aurait été mis à l’asile psychiatrique voire carrément assassiné. C’est pourquoi nous avions prévu une évasion rapide dans notre ranch argentin, où il n’y a pas de téléphone, pas de télévision et, ces derniers temps, pas d’internet.
Le système actuel dépend entièrement du crédit. Tout ce qui menace le flux de crédit doit être écrasé… ou ignoré. En l’occurrence, nous avons été ignoré.
Le choix du président américain s’est porté sur Janet Yellen, première femme à mener le cartel bancaire américain. Ce n’est pas la première femme à prendre la tête d’une usine à gaz bancaire sponsorisée par le gouvernement. Cet honneur revient à Christine Lagarde, qui dirige le FMI… et en sait encore moins long sur ce qu’elle fait que Mme Yellen.
Tout de même, les marchés ont célébré l’événement — faisant grimper les actions et baisser l’or.
Dans les deux cas, nous soupçonnons M. le Marché de ruser, exposant les investisseurs à des pertes encore plus graves par la suite. Les actions étaient déjà plutôt élevées — dans une économie qui semble déflationniste, dépressive et démoralisée. Mme Yellen est décidée à faire grimper encore plus les prix des actions — avec des politiques de crédit plus facile encore.
Nous sommes en territoire dangereux. Si les relances monétaires pouvaient vraiment augmenter la valeur des actions, le Zimbabwe aurait le marché boursier le plus précieux au monde. Ici en Argentine, les cours grimperaient joliment aussi — grâce à un taux d’inflation proche des 30%.
▪ La planche à billets ne crée PAS de richesse réelle
Dans l’économie dépressive des Etats-Unis, en revanche, la tendance la plus récente des prix à la consommation — tels que mesurés par le Bureau des statistiques de l’emploi — est à la baisse. Vraiment. Le dernier trimestre montre une baisse des prix… une tendance déflationniste qui est sûrement en partie la raison pour laquelle le prix de l’or est en baisse. C’est aussi pour cette raison que le QE, les taux zéro et tout le reste ne fonctionnent pas. Mais c’est une longue histoire… pour un autre jour.
L’or est une défense contre l’inflation… mais aussi contre le chaos financier et l’incertitude. A présent, l’incertitude a disparu. Nous savons que la Fed se tiendra au programme mis en place par Ben Bernanke. Elle continuera à financer les projets zombie des autorités avec de l’argent de la planche à billets… devenant peut-être même encore plus agressive et ambitieuse.
Les actions devraient en profiter — à court terme. Les spéculateurs devraient s’en tirer avec une longueur d’avance. Et les riches devraient devenir plus riches (le QE et les taux zéro sont, fondamentalement, des programmes de transfert, non des programmes de relance. Ils augmentent la valeur des flux de revenus anticipés — que ce soit des actions ou des obligations).
Mais s’il était aussi facile de créer de la vraie richesse, bien entendu, tout le monde le ferait. La vraie richesse, comme tout ce qui est précieux, prend du temps, de la patience et de la persévérance. On ne l’obtient pas en utilisant des trucs à deux sous et des gadgets économiques. Il faut la payer… il faut abandonner quelque chose dans le présent afin de gagner plus de prospérité dans le futur. Les autorités promettent le contraire ; les Américains obtiendront quelque chose maintenant… et paieront cher plus tard. En fin de compte — tôt ou tard — M. le Marché tombera sur les investisseurs comme un meurtrier armé d’un marteau.
Mais bon… Barack a eu sa chance. Nous voulons que vous sachiez, cher lecteur, que nous ne sommes pas vexé. Pas du tout. Nous ne voulions pas vraiment être président de la Fed, de toute façon. Nous l’avons juste suggéré comme un geste de générosité civique… notre petite contribution pour aider la cause de la prospérité et du bonheur humain.
Et si Barack et al. pensent que les Etats-Unis s’en tireront mieux avec Mme Yellen, qui selon toutes les apparences ne comprend absolument rien à la richesse réelle sous quelque forme que ce soit, ils ont notre soutien plein et entier. Nous voulons également que Mme Yellen sache que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour l’aider dans cette tâche difficile. Ils ont notre numéro.
Sans rancune, vraiment.
Les autorités ont désormais le chef de la Fed qu’elles préfèrent… et elles auront ce qu’elles méritent. Les imbéciles.