L’or atteint de nouveaux sommets historiques avec un prix record de 2 802 $ l’once, soit une progression de 35% en 2024. Mais cette hausse intrigue : la confiance dans le système monétaire mondial semble vaciller.
Les contrats à terme sur l’or ont atteint récemment un nouveau sommet à 2 802 $ l’once. Depuis le début de l’année 2024, l’or a progressé de 35%, c’est sa meilleure performance depuis 1979. Pour rappel, l’or a enregistré ses plus gros gains annuels dans les années 1970 : 73% en 1973, 66% en 1974 et 126,5% en 1979.
La hausse de l’or que nous constatons actuellement n’est pas le résultat des achats de particuliers. L’activité des détaillants et des revendeurs de pièces est très calme. L’argent sort des ETFs spécialisés comme GLD et de ceux qui répliquent les indices des minières aurifères. Ce n’est pas un comportement de fin de marché haussier.
Le dollar progresse par rapport aux autres devises. Les taux d’intérêt à long terme sont en hausse. Les marchés actions sont en hausse. L’économie américaine est en croissance. L’inflation chute. Ce n’est pas un contexte normal de hausse des prix de l’or. Par conséquent, pourquoi cette hausse de l’or ? Quelle que soit la réponse, quelqu’un en achète des tonnes. Cela peut être lié à la création de la nouvelle devise des BRICs.
Dans les grands marchés haussiers, qui franchissent un nouveau sommet toutes les semaines, attendre les corrections pour rentrer est rarement une stratégie rentable et couronnée de succès. Suivez la hausse, ne la manquez pas.
Nous privilégions toujours l’or
Fin octobre, Intel a été retiré de l’indice Dow Jones et remplacé par Nvidia.
L’indice Dow Jones industriel comporte les trente plus importantes actions au monde. En 129 ans, le Dow Jones n’a changé sa composition que 58 fois. Par définition, toute action qui fait son entrée dans le Dow Jones a déjà connu un énorme succès. Le cours de Nvidia, par exemple, a progressé de 361 800% depuis son entrée en Bourse, en janvier 1999.
En raison de sa longue histoire et parce qu’il représente le gratin des entreprises cotées, nous utilisons l’indice Dow Jones rapporté à l’or pour nous déterminer si la tendance principale des marchés actions est orientée à la hausse ou à la baisse. Nous utilisons aussi le Dow pour notre indicateur de market timing (afin de savoir quand investir dans les actions ou se réfugier dans l’or) : lorsque le Dow rapporté à l’or est au-dessus de 15, il est préférable de basculer vers l’or ; lorsque le Dow rapporté à l’or descend au-dessous de 5, il faut rentrer sur les marchés d’actions.
Voici l’allure historique de ce ratio Dow rapporté à l’or.
Actuellement, il faut environ 16 onces d’or pour acheter les actions du Dow Jones aux cours actuel. C’est cher payé, et nous attendrons de pouvoir acheter à 5 onces d’or. Ceci se produira si les cours des actions reculent fortement, ou si l’or augmente fortement, ou une combinaison des deux.
Même s’il a beaucoup augmenté, l’or n’est pas dans une bulle, contrairement aux actions, selon nous. Nous attendrons donc que le Dow Jones baisse et que le ratio Dow/or revienne autour de 5, avant de modifier notre allocation d’actifs de façon substantielle.
Objectif à 10 000 $ l’once d’or !
Ne soyez pas tenté de vendre vos métaux précieux aux cours actuels.
Au contraire, si les prix fléchissent, nous serions plutôt tentés d’en acheter davantage.
L’analyste Tom Dyson raconte :
« Par le passé, je me suis déjà sabordé lorsque mes placements marquaient de nouveaux plus hauts en imaginant un retournement imminent et en coupant mes positions trop tôt. Cette leçon m’a couté des millions de dollars. Cette fois, avec cette hausse des métaux précieux, je ne ferai pas la même erreur. Et j’espère vous l’éviter aussi. Donc je conserve mon or, quoiqu’il arrive. »
Voici un rappel de Jesse Livermore, l’un des plus grands opérateurs de marchés de tous les temps, sur l’importance de bien s’asseoir sur ses positions durant un grand marché haussier :
« Après avoir passé de nombreuses années à Wall Street et après avoir gagné et perdu des millions de dollars, je voudrai vous dire ceci : je n’ai jamais gagné de l’argent en réfléchissant, j’ai toujours gagné de l’argent en restant assis sur mes positions. Pigé ? Je reste fermement assis.
Rare sont ceux qui peuvent à la fois avoir raison et rester résolument assis. J’ai appris que c’était le plus dur. Mais c’est seulement après avoir saisi cela qu’un intervenant sur les marchés peut vraiment gagner beaucoup d’argent. »
Van Simmons dirige le plus gros détaillant de pièces d’or de collection du pays, David Hall Rare Coins, situé à Newport Beach, en Californie. Van collectionne les pièces (et bien d’autres choses) depuis l’âge de 12 ans. Cela fait 45 ans qu’il est dans le négoce de pièces. Il est l’un des fondateurs de PCGS, un service qui note l’état des pièces rares, puis les scelle dans un emballage inviolable ce qui permet de les négocier plus facilement.
Octobre 2024 était le mois le plus calme de l’histoire de sa société. Il lui est arrivé par le passé de recevoir 10 à 20 appels par jour de gens souhaitant acheter de l’or. Récemment, ce n’a pas été le cas. Si on lui avait dit que l’or atteindrait un jour des cours records mais que son entreprise connaîtrait alors la plus petite demande de son existence, il ne l’aurait jamais cru.
Les propos de Van confirment que la plupart des particuliers n’ont pas encore commencé à acheter de l’or. La faible valorisation des minières aurifères confirmerait une fois de plus ce point.
L’or est une sonnette d’alarme
Pour le moment, personne ne panique ouvertement au sujet de la hausse des prix de l’or.
A quel prix la montée de l’or attirera-t-elle l’attention du grand public ? Quand verrons-nous des queues se former devant les boutiquiers de repreneurs d’or ?
L’or n’en est qu’à 2 741 $ l’once. Le graphique suivant (en échelle logarithmique) donne l’évolution du prix de l’or en dollar depuis l’adoption du régime de change flottant en 1971, ajusté de l’inflation. Avec cette représentation, le prix n’est pas encore stratosphérique. Mais une nouvelle hausse commence.
Nous avons connu une nouvelle année épique. L’indice S&P 500 a augmenté de presque 23%, l’or de 32%. Ces deux actifs ont connu leur meilleure évolution annuelle depuis 25 ans.
« Combien de fois l’or et le S&P 500 ont-ils pris 25% en un an simultanément ? », écrit notre vieil ami Meb Faber sur Twitter. « Zéro », répond-il.
Beaucoup de personnes s’inquiètent de l’inflation et de la dévalorisation de la monnaie, et sont sensibles à l’importance de détenir des actifs réels. Nous nous faisons aussi du souci.
Mais nous devons être attentifs au problème de l’emballement de la dette publique.
La prochaine fois que surviendra un important ralentissement économique ou une crise de crédit – comme en 2008 ou 2020 – le sauvetage sera plus difficile. Toutes les solutions ont été épuisées.
Donc, le plus grand risque n’est pas l’inflation – mais une forme de liquidation, de désendettement, de crise bancaire ou de pénurie de crédit que le gouvernement peinera à soulager en raison des soucis concernant sa propre solvabilité.
Quelqu’un pourrait nous contredire en disant ceci : « La BCE, la Réserve fédérale, et les autres banques centrales pourraient simplement ouvrir un nouveau guichet et permettre à quiconque en difficulté de faire disparaître ses mauvais actifs de leurs bilans sans les vendre en échange de réserves impeccables, restaurant ainsi la confiance. »
Notre contre-argument est que, l’or renouant déjà avec des sommets, et les déficits en France comme aux Etats-Unis ayant atteint des niveaux record, les marchés ne seront plus aussi accommodants.
Pour cette raison, nous avons activé notre mode « sécurité maximale ».
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1 commentaire
Très bon article, mais je n’ai pas la réponse à 2 questions :
1)La monnaie n’ayant plus aucune valeur intrinsèque depuis 1971, quel est le problème d’avoir une dette qui ne vaut rien, qui peut être remboursée quel que soit le montant,
par de la nouvelle monnaie » de singe » ?
2 ) l’once à 10 000 $ ? oui, mais qu’est ce que je pourrai acheter avec ces 10 000 $ ? un café en terrasse ?
Ne serait il pas mieux de comparer l’once à un actif tangible ? 1 hectare de bonne terre , par exemple ?
Une tonne de beurre ? ou autre…