▪ Pour autant que nous puissions en juger, rien n’a été réglé la semaine dernière. Les tendances en cours sont restées en cours… Pas de fin en vue.
Vendredi, les Américains étaient toujours convaincus qu’ils ne feraient jamais faillite. Les Européens se disputaient encore sur la manière dont ils éviteraient de faire faillite. Et les Japonais se disaient que faire faillite ne serait pas si épouvantable.
Pour les Etats-Unis, la route vers l’enfer n’a jamais été si lisse. Le pays emprunte jusqu’à la ruine depuis des années. Mais désormais, les rouages sont graissés. Les roues sont huilées. Attachez votre ceinture !
Les prêteurs insistent presque pour que le gouvernement américain prenne leur argent. Reuters :
« Le gouvernement US pourrait demander aux investisseurs de payer pour le privilège et la sécurité de la dette de court terme issue par son département au Trésor ».
« En réponse aux réclamation des investisseurs, le Trésor a déclaré mercredi qu’il envisageait la possibilité de permettre des adjudications avec des rendements négatifs. Cela signifierait que les investisseurs désirant la sécurité de la dette gouvernementale américaine en réaction à l’insécurité mondiale pourraient devoir payer une prime ».
« S’il faisait cela, le gouvernement américain pourrait profiter d’une chose qui se produit déjà sur le marché secondaire, où les investisseurs ont accepté des rendements négatifs, ces derniers mois, pour protéger leurs liquidités contre les pressions financières ».
« Remarquablement, [cela se produit] même après que les Etats-Unis ont perdu leur précieuse notation AAA l’an dernier — et alors que le gouvernement entame la quatrième année consécutive de déficit budgétaire supérieur à 1 000 milliards de dollars ».
La dette continue de grimper. Elle devra bien finir par arrêter. Ensuite, les autorités feront faillite.
▪ Pourquoi une telle issue ?
Parce qu’elles vivent toutes sur du temps et de l’argent à crédit, ne payant les frais généraux — dont les intérêts sur les emprunts passés — qu’en empruntant de plus en plus d’argent. Lorsque les emprunts ne seront plus possibles, elles ne pourront plus payer leurs factures. Et quand ça arrivera, la valeur de leurs obligations chutera — et vite. Les gouvernements feront faillite. Idem pour tous les gens qui dépendent des autorités et de leurs reconnaissances de dettes. Les banques. Les compagnies d’assurance. Les retraités. Les investisseurs. Le secteur de la défense. L’éduction. La santé.
Est-ce que ce sera une mauvaise chose ? Pas nécessairement. Ce qui doit arriver un jour ferait aussi bien d’arriver aujourd’hui ; qu’on en finisse. Plus les dettes s’accumulent sans aucune limite, plus il y aura de dette à liquider lorsque la fin arrivera. Mieux vaut que la fin arrive tôt, plutôt que tard, en d’autres termes. Si on laissait la fin arriver, nous serions rapidement de retour au début.
Mais s’il y a bien un thème qui unissait tous les articles sur le « capitalisme en crise », c’était celui-ci : la fin doit être empêchée à tout prix. Le capitalisme est intrinsèquement instable, disent tous les rédacteurs. Les gouvernements doivent utiliser leur pouvoir pour l’empêcher de perdre la boule ; sinon, il pourrait risquer de mettre fin aux choses.
▪ Le capitalisme a des sautes d’humeur… et c’est une bonne chose
Les marchés — les marchés libres — sont censés être instables. Ils sont censés s’effondrer de temps en temps. Dieu merci. Sinon, nous serions éternellement coincés avec des secteurs zombie et des investissements sans issue. De temps en temps, le capitalisme fait une colère. Et alors ? Les crises, les effondrements, les krachs, les liquidations — ce ne sont que des manières rapides et efficaces de se débarrasser des zombies.
Les pays développés ne sont pas les seuls à être soumis aux crises de rage du capitalisme. Même la Chine — un pays encore géré par des gens qui se considèrent comme communistes — est soumise aux sautes d’humeur du capitalisme.
Un article de Bloomberg :
« L’économie chinoise est en route pour ‘un atterrissage difficile’ cette année, la faiblesse de la demande étrangère étouffant les exportations, déclare Gary Shilling, qui a correctement prévu la récession américaine entamée en décembre 2007 ».
« Un rapport du gouvernement chinois montrait que les commandes à l’export ont chuté le mois dernier tandis que l’activité manufacturière se développait. Le Shanghai Composite Index a chuté de 1,1% alors que la vigueur de l’activité manufacturière augmentait les inquiétudes de voir la deuxième plus grande économie du monde décélérer encore tandis que le gouvernement évite d’assouplir sa politique monétaire pour dompter l’inflation et calmer les prix de l’immobilier ».
« ‘Ils ont appuyé sur le frein’, déclarait Shilling, président de A. Gary Shilling & Co., une société de consulting basée à Springfield, dans le New Jersey, durant la conférence Bloomberg Link China à New York. ‘La transition n’est pas facile parce que [le pays] est organisé pour les exportations’. »
« L’économie chinoise s’est développée de 10,4% par an ces 10 dernières années, cinq fois plus rapidement que les Etats-Unis, le gouvernement stimulant les dépenses en routes et en ponts, tandis que les usines exportaient de tout, des jouets aux chaussettes. Shilling définit un atterrissage difficile comme un taux de croissance sous les 6%. L’économie s’est développée de 9,2% en 2011, et son expansion ralentira à 8,5% cette année, selon les estimations des économistes compilées par Bloomberg ».
« Shilling, âgé de 74 ans, prévoit un atterrissage difficile pour la Chine depuis au moins un an, conseillant à ses clients de vendre le cuivre et le dollar australien comme moyen de jouer sur ce retournement ».
« Shilling avait prévu la récession américaine en 2007 et avait prévenu les investisseurs un an auparavant que l’immobilier résidentiel était dans une bulle sur le point d’éclater. Alors que l’indice Standard & Poor’s 500 chutait à un plus bas de plus de 12 ans en mars 2009, il déclara que la hausse du chômage freinerait les dépenses de consommation, menant à ‘un affaiblissement des actions’. L’indice a repris 96% depuis ».
On ne peut pas avoir tout le temps raison. Même à la Chronique Agora, notre timing n’est pas toujours bon — nous nous trompons parfois d’un an ou deux. Après tout, nous avions prévu que le marché boursier américain, le Dow, aurait atteint les 6 000 points, aujourd’hui. Nous pensions que le rebond post-crise aurait pris fin il y a des années. Au lieu de ça, le Dow est au-dessus des 12 000… et il continue de grimper.
Patience et longueur de temps…