▪ L’inhabituel et le dangereux ont une emprise particulière sur notre imagination. Ils nourrissent toute sorte de fantasmes. Un excellent exemple, ce sont les inquiétudes soulevées par le virus Ebola. Pour l’heure, il n’a fait qu’une seule victime aux Etats-Unis, une en Espagne, aucune en France… mais les craintes liées à ce pathogène font les gros titres et parviennent même à créer d’énormes mouvements sur les marchés boursiers.
Ces craintes ne sont pas entièrement infondées, bien sûr. Loin de là. Ce qui inquiète les populations, ce ne sont pas les taux d’infection actuels — même en Afrique, où le virus se répand le plus vite — car d’autres maladies infectieuses tuent nettement plus de gens.
Ce qui nous fait peur, c’est la possibilité que la maladie se répande dans le monde entier : voilà ce qui alimente l’hystérie collective. Si nous ne parvenons pas à contenir le virus, il tuera un grand nombre de personnes.
Des maladies bien plus meurtrières mais bien plus ordinaires ne nous font plus peur |
C’est étrange quand même car des maladies bien plus meurtrières mais bien plus ordinaires ne nous font plus peur. La grippe, par exemple, est nettement plus meurtrière qu’Ebola. Chaque année, ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont hospitalisées aux Etats-Unis pour des cas de grippe ; les années les plus graves, elle peut tuer jusqu’à 40 000 personnes.
En France, ce sont plus de deux millions de personnes qui sont chaque année touchées par la grippe et environ 1 500 à 2 000 (surtout des personnes âgées) en décèdent.
Mais même pendant une mauvaise année, la grippe est bien moins meurtrière que le cancer, toutes formes confondues. Même si le nombre de décès dus au cancer diminue petit à petit, il est en train de rattraper le triste record des maladies cardiaques, actuellement en première position sur la liste des causes de décès dans les pays occidentaux. Plus d’un demi-million d’Américains mourront d’un cancer rien que cette année.
Ce mois-ci, dans ma lettre NewTech Insider, je vous ai donc recommandé une petite biotech capable de déchiffrer le code de ces maladies très meurtrières que sont le cancer et la grippe, mais aussi des nouvelles menaces comme Ebola. Cette entreprise travaille sur une technologie de vaccination de pointe visant à utiliser la capacité innée de notre propre réponse immunitaire à combattre les maladies mortelles
▪ Les vaccins sont-ils morts ?
Les vaccins, une méthode visant à entraîner le système immunitaire à se défendre contre les menaces, sont l’une des formes précoces d’immunothérapie.
La vaccination a émergé pour la première fois dans les années 1700 avec la découverte par Edward Jenner, un médecin anglais, d’un vaccin contre la variole créé à partir d’un virus moins dangereux, la variole de la vache. Depuis, nous avons utilisé différents types de virus affaiblis ou inactivés pour fabriquer des vaccins.
En éradiquant des classes entières de maladies infectieuses, ils ont sauvé des millions de vies… En exposant le système immunitaire à des protéines uniques présentes sur et dans les virus (les antigènes), on peut le pousser à développer des "souvenirs" qui vont permettre à notre corps de repousser les attaques des agents infectieux.
Mais cette méthode de production comporte certains désavantages. Produire un vaccin contre une menace émergente prend beaucoup de temps. Les virus, quant à eux, évoluent rapidement : il arrive donc qu’un vaccin soit obsolète dès son arrivée sur le marché, ou presque.
Les vaccins contre la grippe illustrent bien ce problème. Les vaccins disponibles actuellement sont conçus pour induire une réaction immunitaire contre les trois ou quatre souches qui, selon les experts, toucheront la population de l’hémisphère nord pendant la saison de la grippe.
Malheureusement, ces souches doivent être choisies de nombreux mois à l’avance parce que la fabrication d’un nouveau vaccin prend du temps. Il faut le faire "pousser" dans des oeufs de poules, puis l’inactiver.
Etant donné que la grippe mute rapidement, les souches sélectionnées manquent parfois l’objectif, ce qui signifie que le vaccin prévu pour une année donnée n’est pas toujours aussi efficace qu’il devrait l’être. C’est un petit peu comme d’essayer d’atteindre le coeur d’une cible mouvante à cent mètres…
Pour certains pathogènes, il n’a pas été possible de développer un vaccin en utilisant la méthode du virus inactivé |
Ce n’est pas là le seul inconvénient de la vaccination actuelle. Pour certains pathogènes, il n’a pas été possible de développer un vaccin en utilisant la méthode du virus inactivé. Ainsi, nous n’avons pas de vaccin efficace contre certains organismes infectieux. Ebola compte parmi ceux-ci, même si des essais cliniques ont été entamés en hâte. L’hépatite C et le VIH, eux non plus, n’ont pas de vaccin efficace.
▪ Place à la nouvelle génération de vaccins
Et puis cette technologie n’est pas utile pour les vaccins contre le cancer, pourtant un domaine de recherche prometteur et en pleine croissance. Voilà pourquoi la technologie de l’entreprise que je vous recommande est nouvelle et si enthousiasmante. Elle n’utilise pas de virus dans ses vaccins — elle utilise des fragments d’ADN circulaires, aussi appelés plasmides.
Les développeurs créent des plasmides, qui contiennent le code génétique de l’antigène, puis les introduisent dans des cellules du corps. Une fois à l’intérieur, les plasmides migrent vers le noyau où ils donnent l’ordre à la machinerie moléculaire de la cellule de produire les protéines antigéniques souhaitées.
Une fois sécrétées par les cellules, ces protéines, qui correspondent aux antigènes associés au virus pathogène ou au cancer, peuvent déclencher une réponse immunitaire préventive ou thérapeutique.
Lorsque le système immunitaire rencontre les antigènes produits par les vaccins ADN, il apprend à les reconnaître et à les éliminer efficacement. A partir de là, le système immunitaire peut mettre sur pied des défenses contre les protéines de la maladie — et contre la maladie elle-même… C’est le vaccin du futur ! Un traitement révolutionnaire et une biotech qui l’est tout autant à découvrir ce mois-ci dans NewTech Insider.