A court terme, investir sur ce qui « fait la une » – armement, énergies vertes, technologies subventionnées – peut sembler payant. Mais derrière les effets de mode se cache un risque bien réel : celui de bulles financées à crédit.
Les marchés actions américains ont récemment connu une correction d’environ 10 % après leurs sommets atteints en février. Depuis, une stabilisation s’est amorcée et le marché reprend progressivement des couleurs.
Mais cette frayeur passagère remet en lumière une fragilité persistante : l’endettement croissant, fruit d’années d’expansion du crédit. Une bulle pourrait finir par éclater.
Face à cela, les investisseurs cherchent souvent des stratégies, des principes d’investissement.
Mais peut-on réellement investir selon des principes ? Si la réponse est non – s’il n’existe pas de règle universelle –, alors seul l’opportunisme semble payant.
Dans ce cas, la recette paraît simple : miser sur les tendances du moment… puis vendre dès qu’elles passent de mode.
Avant l’élection de Trump, on misait sur les « Trump trades » : Tesla, les valeurs technologiques favorisées par sa politique. Après l’élection et les premières incertitudes, il fallait vendre.
Aujourd’hui, la tendance semble être à l’industrie de l’armement.
Mais cela implique de devenir une girouette agile, capable de tourner vite au moindre frémissement. Il faut lire sans cesse, détecter les signaux faibles, flairer le nouveau consensus… et vendre quelques semaines ou mois plus tard.
Cela peut fonctionner… tant qu’il n’y a pas de krach. Comme en :
- 1929 (Grande Dépression) ;
- 1974 (choc pétrolier) ;
- 1987 (lundi noir) ;
- 2000 (bulle Internet) ;
- 2008 (crise des subprime) ;
- ou 2020 (Covid-19).
Depuis le creux de 2009, le S&P 500 a crû, bon an mal an, de 16,5 % par an. Krach ou pas.
Mais l’opportunisme – investir selon les modes – est-il vraiment si rentable ?
Beaucoup de secteurs en vogue sont subventionnés : véhicules électriques, énergies « vertes », armement… Or, ce qui est administré finit souvent en gaspillage.
A court terme, le dirigisme peut faire le bonheur des investisseurs. Mais les désillusions suivent : les énergies « renouvelables » ne sont pas toujours rentables, le recyclage imposé non plus. Les meilleurs opportunistes sont alors déjà sortis, laissant les pertes aux derniers arrivés.
Le Wall Street Journal relayait récemment une étude du professeur Edward McQuarrie. Elle s’appuie sur les archives boursières depuis 1792 et montre des périodes de stagnation prolongées, comme entre 1999 et 2008, ou avant septembre 1974, voire dès août 1939. Des investisseurs ayant acheté trop cher ont été piégés pendant des années, contraints de vendre à perte.
Armement : méfiez-vous d’une bulle en raison de la dépense des gouvernements
Le « plan de réarmement » correspond à 5 % d’euros supplémentaires en circulation.
Que va-t-il se passer ?
- Dans un premier temps, les valeurs liées à l’armement vont progresser.
- Dans un deuxième temps, vous constaterez une baisse de votre pouvoir d’achat lorsqu’une partie de ces euros retourneront dans l’économie au sens large.
- Dans un troisième temps, la capitalisation de l’industrie de l’armement comparée à l’or va baisser.
- Dans un quatrième temps – mais nous en sommes encore loin –, on redécouvrira que la création monétaire n’enrichit que ceux qui la contrôlent et ceux qui en bénéficient en premier.
Si vous êtes ami de madame Lagarde et avez d’excellentes relations dans le secteur de l’armement, vous pouvez tenter votre chance et miser sur ce secteur.
Dans le cas contraire, la prudence reste de mise.
Bourse : la création de valeur comme source durable de gains
En alternative aux placements dictés par les effets de mode, il existe une autre approche : sélectionner des entreprises sur la base de leurs mérites fondamentaux.
La recherche de valeur dans les actions – en s’intéressant aux déclarations et décisions des dirigeants, à l’utilité des produits proposés aux consommateurs – est une stratégie qui, sur la durée, s’avère souvent plus fructueuse.
Elle permet d’identifier les entreprises véritablement créatrices de richesse, tant pour les consommateurs que pour les actionnaires.
Cela surprendra peut-être certains, mais les sociétés les plus performantes pour leurs actionnaires sur le long terme ne viennent pas toujours de la technologie ou de l’armement… mais souvent de la distribution et de la consommation courante.
Ainsi, entre 2000 et 2022, les meilleures performances du S&P 500 proviennent des entreprises suivantes :
- Monster Beverage, leader des boissons énergétiques : +113 722 %;
- Deckers Outdoor, fabricant des chaussures UGG : +45 518 %;
- Old Dominion Freight Line, société de camionnage : +30 655 %;
- Axon Enterprise, fournisseur d’équipements pour les forces de l’ordre : +28 861 %;
- Tractor Supply, réseau de supermarchés spécialisés (jardinage, bricolage, animaux, vêtements…) : +25896 %.
La création de produits à forte valeur ajoutée pour les consommateurs – comme Monster – ou la distribution efficace via des enseignes solides – comme Deckers ou Tractor Supply – offre des résultats remarquables en Bourse.
La France connaît aussi des réussites dans ce domaine. Citons :
- Adial, spécialiste des distributeurs automatiques de pizzas (2800 machines dans le monde) ;
- VusionGroup, pionnier des étiquettes électroniques pour supermarchés, qui entre dans une phase d’accélération avec la signature d’un contrat avec Walmart, le plus grand distributeur mondial.
En résumé, plutôt que de miser sur des tendances subventionnées ou passagères, investir dans des entreprises créatrices de produits réellement demandés par les consommateurs peut offrir, sur le long terme, les meilleurs rendements boursiers.
Cette approche livre ses résultats sur plusieurs années, au lieu de quelques semaines ou mois.
Et surtout, elle permet de moins se soucier des humeurs quotidiennes du marché… tout en générant, pour une partie des investisseurs du moins, bien plus de gains dans le temps.
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