Par Jean-Claude Périvier (*)
On the (broken) road again…
En ce temps-là, je travaillais pour une multinationale de l’informatique. Elle construisait les plus puissants ordinateurs du monde. Bien entendu, le siège social était aux Etats-Unis, dans la banlieue sud de Minneapolis (Minnesota). Comme la place ne manque pas dans cet état, la compagnie n’avait rien trouvé de mieux que d’installer ses usines et ses bureaux logiciels dans la banlieue nord.
Pour aller de l’un à l’autre, je circulais quotidiennement sur un highway, le I-35W, qui traversait la ville et enjambait le Mississipi — qui n’est qu’une modeste rivière à cet endroit. C’était il y a longtemps. Aujourd’hui, on ne passe plus sur le I-35W : le pont s’est effondré en 2007, causant la mort de plusieurs personnes.
Comment est-ce possible, dans un pays riche comme les Etats-Unis, dans un état riche comme le Minnesota ? Un accident ? Je suis d’un avis différent. J’ai toujours été frappé par le contraste entre la richesse, la grandeur de ce pays, et l’apparente négligence qui entoure les infrastructures : câbles électriques ou téléphoniques à la merci des intempéries ou des malveillances, routes secondaires parfois impraticables, rues des grandes villes défoncées, etc. Bien sûr, il y a des contre-exemples. Mais regardez l’aéroport d’Atlanta par exemple. Pour schématiser, les façades sont belles, mais il vaut mieux ne pas regarder les arrière-cours ou les sous-sols…
Et je ne parle que de l’Amérique… Imaginez la "vieille Europe ", ou encore les pays émergents, qui sont en plein développement.
Pas d’infrastructures, pas de développement économique
Les infrastructures. Le mot est lâché. Mais que recouvre-t-il exactement ? Comme le nom l’indique, les infrastructures sont les fondements sur lesquels s’appuie une économie pour se développer. C’est donc un secteur stratégique. Pas d’infrastructures, pas de développement économique. Regardez les pays les plus pauvres, ils n’ont rien.
Routes, autoroutes, hôpitaux, aéroports, voies ferrées, trains, écoles, universités, réseaux d’autobus ou de métro, centrales électriques, oléoducs, gazoducs, réseaux électriques, raffineries, ports de commerce, barrages, endiguement des fleuves, voirie, adduction d’eau et traitement des eaux usées, équipements nécessaires pour faire face aux changements climatiques, usines de traitement des déchets, serveurs et réseaux Internet, satellites… la liste est longue. Les infrastructures, dans un pays développé, nous les utilisons quotidiennement, sans même nous en rendre compte.
Par où commencer ?
C’est la question que je me pose en abordant ce thème fantastique. Fantastique, parce qu’il est le reflet des progrès technologiques de l’humanité, parce qu’il engendre un progrès de la qualité de la vie des populations.
Fantastique parce qu’il est inépuisable en raison de la croissance de la population, du vieillissement des infrastructures existantes, de leur obsolescence, ou encore de leur destruction.
Fantastique parce qu’il est STRATEGIQUE, quel que soit le pays auquel on s’intéresse.
Et tandis que je me demande s’il faut passer en revue les opportunités que présente ce défi planétaire par pays, ou s’il faut faire un tri par domaine, il me vient à l’idée que vous vous demandez peut-être pourquoi il faut s’y intéresser maintenant, alors que le sujet n’est pas nouveau.
La réponse est simple : regardez l’actualité ! Même dans les pays développés, les ponts s’effondrent, les canalisations se rompent ou explosent, les pannes d’électricité plongent des villes entières dans l’obscurité. Pour remettre en ordre tout cela, les Etats vont devoir dépenser des fortunes. Et ils n’ont pas le choix : la population le demande, et de plus, la compétitivité économique l’exige. Ainsi le pont du I-35W dont je vous parlais tout à l’heure sera reconstruit pour la bagatelle d’environ 250 millions de dollars !
Quant aux pays en développement, c’est devenu une priorité au même rang que les problèmes de nourriture et de malnutrition.
La suite dès demain…
Meilleures salutations,
Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora
(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis & Profits.