▪ La rechute des marchés est amorcée depuis bientôt quatre mois, et nous ne voyons toujours pas le bout du tunnel. Pire, la crise ne semble toujours pas avoir touché son plancher. Depuis la semaine dernière, on peut officiellement déclarer que les Etats-Unis ont commencé à rentrer dans la boucle. La crise de la Zone euro fait s’amonceler des nuages noirs sur Wall Street.
Pourtant, je ne veux pas vous plonger la tête encore un peu plus dans l’eau. A l’inverse, je veux vous donner les grandes tendances haussières qui se dessinent à l’horizon.
Car vue d’Europe, l’économie mondiale ressemble à une barque de pêcheur se dirigeant tout droit vers un typhon du golfe du Mexique. Vue d’Asie ou d’Amérique du Sud, nous entrons davantage dans une zone de perturbations. Il suffit d’accrocher sa ceinture en attendant l’embellie.
Car des marchés haussiers existent. L’actualité nous en fournit tous les jours des indices.
▪ La Chine plie mais ne rompt pas
La Chine est en train de ralentir. Le tant attendu soft landing est en train de se produire. Le landing est quasiment officiel. Désormais, les prix de l’immobilier baissent dans toutes les villes chinoises. De même, les exportations sont en baisse vers l’Europe et les Etats-Unis.
Mais le soft est tout aussi avéré. Si la Chine a vu son taux de croissance passer de 9,5 à 9,1%, la baisse n’est pas dramatique. Car l’empire du Milieu a bénéficié d’un amortisseur de poids : sa consommation locale.
Malgré une inflation forte, au-dessus de 5%, le revenu par tête a effectivement continué de progresser depuis un an, avec une hausse en zone urbaine de 9,5% sur un an au troisième trimestre 2011 et de 15% en zone rurale.
Alors que la Chine est le moteur de l’économie mondiale, la consommation intérieure est en passe de devenir le carburant du moteur chinois. Or il existe plusieurs façons de jouer cette opportunité.
▪ L’énergie, encore et toujours
Selon la banque Barclays, sur les 10 dernières années, l’augmentation de 86% du revenu chinois par tête a conduit à une augmentation de 50% de la demande énergétique par tête. Ainsi, la hausse rapide de la consommation chinoise va d’abord profiter au secteur de l’énergie.
Nous sommes régulièrement revenus dans L’Edito Matières Premières & Devises sur les opportunités que nous offrait la demande énergétique chinoise. Charbon, pétrole, nucléaire… nous avons largement analysé ces marchés au prisme de l’économie chinoise.
Pourtant une matière, le gaz, a été souvent marginalisée. Et pour cause.
▪ Le marché chinois s’ouvre au gaz
Ne cherchez pas, ce n’est pas une erreur comptable, le gaz est absent du mix énergétique chinois. Il compte pour moins de 4% du mix énergétique. La Chine commence à peine à développer ses infrastructures. Cette matière n’est pas développée car elle va de paire avec le développement d’un marché intérieur. Or pour l’instant, seulement 10% de la population est raccordée au réseau. Le gaz ne représente que 1% de la production d’électricité.
Alors que le 12e plan quinquennal chinois 2001-2015 a l’intention de porter la part du gaz à 8,3% en 2015, les valeurs gazières exposées au marché chinois en seront les premières bénéficiaires.
Ainsi les importations de gaz en provenance de Russie et du Turkménistan vont se développer. Personnellement, je m’intéresserais plus particulièrement aux valeurs liées au GNL, dont les pays développées abritent plusieurs spécialistes.
Je prépare un dossier sur le GNL justement, à paraître cette semaine dans Matières à Profits, dans lequel je me penche notamment sur les quelques très rares valeurs qui pourraient profiter de la flambée des prix du gaz en Chine.
▪ L’Inde, l’autre moteur émergent
De l’autre côté de l’Himalaya, l’Inde fait figure de géant minuscule face à la Chine. Pourtant ses besoins sont tout aussi grands, sa population tout aussi consommatrice.
C’est une autre tendance qui est en train de décoller là-bas : le nucléaire. Ou plutôt, l’uranium. Alors que l’Iran focalise l’attention de l’AIEA et d’Israël à cause de son programme nucléaire probablement militarisé, il est bon de rappeler que l’Inde possède la bombe nucléaire, et n’est pas membre du TNP, le traité de non-prolifération.
Cette situation a handicapé le pays dans la mise en place de son programme électronucléaire civil. Car les producteurs d’uranium, tels que l’Australie, refusaient jusqu’à il y a peu de signer des contrats avec New Delhi. Or récemment, la situation a évolué…
▪ L’Australie fait une entorse à sa morale
Longtemps Cambera s’est opposée à la vente d’uranium à New Delhi. Pourtant la manne que ces ventes représenteraient, a fait infléchir la position de Cambera. Julia Gillard, la Premier ministre travailliste, voudrait autoriser la vente d’uranium à l’Inde.
Cette rente minière serait très profitable. L’Australie est déjà le troisième producteur mondial d’uranium, avec 11% de la production. Selon Simon Clarke, le directeur de la communication de l’Australian Uranium Association (AUA), un accord avec l’Inde pourrait relancer la production. Selon lui, l’Australie pourrait doubler sa production et ses exportations d’ici 2020.
Il reste au groupe travailliste, majoritaire, à valider une telle proposition. Pourtant, le contexte actuel joue en la faveur du Premier ministre. Alors que le projet de taxe minière du gouvernement est largement contesté par les miniers australiens, un tel accord pourrait apaiser durablement cet électorat.
Cerise sur le gâteau, les cours de l’uranium sont attendus en hausse, alors qu’ils ont touché un seuil plancher à 50 $. Mon conseil : dans l’attente d’un accord politique, je vous conseille de commencer à regarder les miniers en uranium en Australie.
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 24/11/2011.