▪ Mes détracteurs se font de plus en plus discrets et modestes sur la question de la manipulation des marchés. Ce sont maintenant ceux qui le nient qui passent pour des idiots.
Certains — de plus en plus rares — minimisent encore le rôle de la Fed car les actions, c’est fait pour grimper éternellement, avec ou sans la fausse mornifle d’une banque centrale… à plus forte raison s’il n’y aucun placement alternatif (regardez d’ailleurs ce qu’en dit Bill ici).
Le principe est compréhensible par le premier imbécile venu. S’il n’y a plus de champagne, on se rabat sur le mousseux… et si le prix du mousseux devient à son tour prohibitif, ce n’est qu’un minuscule inconvénient en regard de l’ivresse qu’il est censé procurer.
A aucun moment ces beaux esprits n’envisagent d’arrêter de se comporter comme des alcooliques mondains et de filer à grandes goulées vers la cirrhose ou le coma éthylique.
Peu leur importe la couleur du ciel, l’humeur des passants qui ne sont pas et ne seront jamais conviés à la fête organisée par la banque centrale ; peu importe aussi que l’argent soit réinjecté encore plus massivement qu’en 2007/2008 dans le grand casino des dérivés, avec des leviers spéculatifs encore plus vertigineux.
Peu importe que l’aboutissement ultime de l’économie de marché, c’est l’abolition du marché (libre et efficient) et l’instauration de prix administrés.
▪ Paris sous total control
Un formidable exemple nous a été offert la semaine dernière en Europe. La Bourse de Paris a expérimenté la quintessence du phénomène de total control.
Le CAC 40 a été « saucissonné » par une camisole algorithmique dont les liens ne se sont pas desserrés de plus d’1% durant cinq séances. 98% des échanges de la semaine se sont matérialisés au sein de la fourchette 4 170/4 202 points.
Les ultimes habillages de bilan trimestriels ont soutenu le CAC 40 jusqu’à la dernière seconde vendredi. Cela n’a cependant pas été suffisant pour éviter l’inscription d’un score hebdomadaire légèrement négatif de -0,4%, les valeurs françaises clôturant parfaitement flat à 4 186,8 points alors qu’elles s’effritaient de -0,15% vers 17h29.
Les permabulls espéraient que la semaine s’achèverait au-dessus des 4 200 points, qui servent de résistance également depuis lundi… Mais il reste encore cette séance de lundi pour clôturer le mois et le trimestre au plus haut.
Tout espoir n’est pas perdu dans le cas d’un accord de dernière minute — et à l’italienne — entre les ministres démissionnaires du camp Berlusconi et le gouvernement de coalition. Ce dernier semble désormais incapable de faire adopter de grandes orientations budgétaires et de poursuivre sa politique de réduction des déficits.
▪ Les Etats-Unis paralysés ?
Aux Etats-Unis, le repli des indices a été tout sauf une surprise alors que la date du 1er octobre se rapproche. Aucun compromis sur la question du budget ne semble pouvoir émerger des tractations — qui demeurent stériles — entre démocrates et républicains.
Le pays semble se diriger tout droit vers un nouveau train de coupes automatiques… et peut-être même une situation technique de défaut de paiement d’ici le 17 octobre.
Même si à Wall Street aussi, les gérants mettent la dernière main aux habillages de bilans, on n’observait pas de flux acheteur, pas de relais à la hausse. A partir de 20h, le marché a entamé une lente dérive à la baisse.
Cela a débouché sur l’inscription d’une sixième séance de repli sur une série de sept. C’est la première de l’année mais la perte cumulée demeure modeste, de l’ordre de -2,5%.
Assez curieusement, les chiffres du jour ne sont pas venus au secours des marchés américains. Selon le département du Commerce US, les dépenses des ménages américains ont légèrement accéléré au mois d’août (de 0,3% comme prévu) sous l’effet d’une progression plus soutenue de leurs revenus (+0,4%, c’était également le chiffre attendu par le consensus après de très décevant +0,2% de juillet).
La confiance des consommateurs du Michigan pour septembre est ressortie à 77,5 contre 76,8 en première estimation (et 78 attendu après 82,1 en août et 85,1 en juillet).
Wall Street n’a pas vraiment besoin que les consommateurs aient confiance : à partir du moment où les professionnels sont haussiers à 70%, nous pouvons aborder le mois d’octobre l’esprit serein…