Silvergate Bank… Silicon Valley Bank… Signature Bank… Ces trois faillites sont-elles vraiment anodines ?
Quelque chose serait-il en train de se briser, comme nous l’anticipions ? Business Insider rapporte :
« L’effondrement de la Silicon Valley Bank pourrait inciter la Réserve fédérale à réduire ses taux de 100 points de base d’ici décembre afin d’éviter la contagion au sein du système financier, a déclaré Larry McDonald.
Cela marquerait un net revirement par rapport à la politique actuelle de la banque centrale, qui consiste à resserrer les taux de manière agressive afin d’endiguer l’inflation. »
Rappelons notre prévision : la Fed continuera à relever ses taux « jusqu’à ce que quelque chose se brise ». SVB, une banque californienne, a été démantelée vendredi dernier. Et il y a eu d’autres dégâts depuis. Deadline rapporte :
« Les régulateurs de l’Etat de New York ont pris le contrôle de la Signature Bank [dimanche], la deuxième institution financière à faire faillite en moins d’une semaine. La FDIC et le Trésor ont toutefois assuré aux déposants des deux banques qu’ils seraient indemnisés pour tenter d’enrayer la crise grandissante.
‘Aujourd’hui, nous prenons des mesures décisives pour protéger l’économie américaine en renforçant la confiance du public dans notre système bancaire. Cette mesure permettra au système bancaire américain de continuer à jouer son rôle vital de protection des dépôts et d’accès au crédit pour les ménages et les entreprises, d’une manière qui favorise une croissance économique forte et durable’, ont déclaré conjointement le département du Trésor, la Réserve fédérale et la Federal Deposit Insurance Corporation dans un communiqué publié dimanche. »
Un éléphant dans un magasin de porcelaine
Les deux banques ont été fermées par les autorités de régulation, après avoir subi de lourdes pertes. Les obligations de la SVB, par exemple, sont tombées à 31 cents par dollar.
Mais c’est ce qui arrive lorsque la Fed augmente ses taux. C’est cette même Fed qui a incité tout le monde à emprunter des milliers de milliards de dollars en leur faisant miroiter des taux d’intérêt bas pendant plus de dix ans.
Après avoir créé une bulle d’endettement dangereuse et débilitante, la Fed est maintenant déterminée à la faire dégonfler… tant que ces taux d’intérêt plus élevés ne causent pas trop de problèmes.
Mais dans une économie où 90 000 Mds$ de porcelaine ont été achetés à crédit, même une petite hausse des taux d’intérêt risque de provoquer beaucoup de casse. C’est le bruit de craquement que l’on entend en Californie et à New York. Même si nous doutons que ce soient ces « craquelures » qui mèneront la Fed à un pivot de sa politique monétaire, elles nous aident à comprendre comment les ahuris de la Fed cassent les tasses.
C’est donc sous les yeux des milliers de régulateurs bancaires de la Fed… et des milliers d’autres analystes de Wall Street… que le « deuxième plus grand effondrement bancaire de l’histoire des Etats-Unis [Silicon Valley Bank]… s’est déroulé… sans qu’une seule personne n’émette le moindre avertissement ».
Si l’on regarde les chiffres, les dépôts à la SVB sont passés de 60 Mds$ en 2019 à 189 Mds$ en 2022. Le boom des IPO et des SPACs du secteur technologique a été bénéfique à SVB. Mais que fait une banque avec une telle masse d’argent déposée par ses clients ?
Que pouvait-elle faire ? Elle a acheté des obligations. Puis, lorsque les taux d’intérêt ont augmenté, les prix de ces obligations ont baissé.
Le bon côté des choses
Nous allons maintenant poursuivre notre promenade du côté ensoleillé de la rue, en ne regardant que la moitié du verre qui contient quelque chose. Commençons par examiner les événements absurdes, ridicules et sublimes de la semaine dernière.
S’il y avait encore un doute sur le fait que le Congrès est composé de cerveaux boiteux, le parlementaire Mark Takano fait de son mieux pour le dissiper. C’est ce que rapporte CNBC :
« Sa proposition de loi sur la semaine de travail de 32 heures étudiée au Congrès, si elle est adoptée, réduirait officiellement le modèle standard de la semaine de travail de 40 heures à 32 heures, en modifiant le Fair Labor Standards Act.
Sa proposition rendrait obligatoire le paiement d’heures supplémentaires pour tout travail effectué après 32 heures hebdomadaires, ce qui encouragerait les entreprises à payer davantage les travailleurs pour des heures plus longues, ou à raccourcir leur semaine et à embaucher davantage de personnes. »
Cette mesure « accroîtra le bonheur de l’humanité », affirme son auteur.
Quel plaisir ce doit être de passer du temps au Congrès ! Un rire à la minute. Comment diable M. Takano peut-il savoir ce qui rendrait l’humanité plus heureuse ? Et si une semaine de travail plus courte fait l’affaire… pourquoi pas une semaine de 25 heures… ou une semaine de 10 heures… ou une semaine sans travail du tout ? Comment M. Takano, qui semble par ailleurs être une personne capable de faire ses lacets et de conduire une voiture, peut-il savoir qu’une semaine de 32 heures rendrait heureux les humains sur la planète Terre ?
Nous n’en avons aucune idée. Mais les membres du Congrès doivent bien ricaner ! Tels les gardiens d’un goulag, ils s’amusent à imaginer de nouvelles façons d’abuser de leurs électeurs.
« Voyons comment les imbéciles de chez nous vont prendre ces bonnes nouvelles », se disent-ils, avec un clin d’œil et un coup de coude.
« Et si nous donnions 52 milliards de dollars aux entreprises de défense américaines pour que les Ukrainiens puissent se battre pour la liberté ? »
« Hah… ha… ha… »
« Non… disons plutôt ‘lutter pour la démocratie’. »
« Hah… ha… ha… »
« Et interdisons Tik Tok… et obligeons les entreprises américaines à acheter des semiconducteurs aux entreprises qui nous font des dons pour nos campagnes électorales. »
« Hé, attendez…. n’est-ce pas inconstitutionnel ? »
« On s’en fiche… ? »
« Hah… ha… ha… »
Oui, le Congrès américain est corrompu et incompétent, mais est-ce vraiment une révélation ? Cela fait des années que tout le monde est au courant.