Par Frédéric Laurent (*)
Avec la crise économique et les différentes annonces de plans de relance — dans lesquels seront dépensés des milliards d’euros et de dollars que les pays n’ont pas — la guerre a tendance à se déplacer sur le terrain des notations et des monnaies des pays. Ces montagnes de dettes qui vont s’accumuler risquent de les fragiliser à un autre niveau, autrement plus important.
Les pays sont de moins en moins solvables
La dégradation des finances publiques autant que les augmentations des déficits budgétaires inquiètent sérieusement les agences de notation. Ces dernières, après leurs terribles négligences sur leur travail d’avant crise, ayant même été accusées d’avoir contribué à l’éclatement des subprimes, se mettent à montrer plus de sévérité.
Standard & Poor’s et Moody’s dégradent les notes de la dette souveraine de certains pays comme la Grèce passée à A-, l’Espagne passée AA+, le Portugal passé A+ fin janvier. Elles ont des velléités de perspectives négatives sur l’Irlande. Le Royaume-Uni peut malheureusement être amené à suivre cette voie, qui n’a rien de royal.
La prime de risque en cas de défaut de paiement n’en finit plus d’augmenter, et la notation des pays — qui indique le degré de risque à acheter la dette dudit pays — de s’abaisser. Pour les agences, acheter la dette souveraine, même de pays réputés fiables, devient de moins en moins sûr ! Premier point : n’achetez plus de bons du Trésor et autres obligations d’Etat, mais achetez de l’or. Au moins, si les Etats ne peuvent plus rembourser, vous serez assis sur un vrai trésor.
L’euro risque-t-il d’imploser ?
Deux écoles se font jour à ce sujet. Certains spécialistes, financiers ou économistes, avancent la thèse d’une implosion de l’euro. Comment gérer une Zone euro dont les participants n’ont plus du tout les mêmes taux d’intérêts… avec l’Allemagne à un bout et la Grèce ou l’Espagne à l’autre ? De jour en jour l’écart se creuse, aboutissant à des situations intenables et mettant à jour un véritable risque de faillite de l’état concerné.
En dehors de la Zone euro, mais dans ce même espace européen, s’ajoutent les différents taux de change entre les devises des pays qui ont conservé leur propre monnaie. La couronne suédoise par exemple a baissé de 15% par rapport à l’euro ; la livre sterling pour le Royaume-Uni (tout comme d’ailleurs la livre turque) a chuté de 20% par rapport à l’euro. Or, tous ces pays proposent des produits manufacturés dont la compétitivité s’est mécaniquement améliorée du fait de la dévalorisation de leur monnaie.
Le risque, c’est d’une part de conduire les pays européens à la déflation (baisse des prix pour pouvoir lutter… puis baisse inévitable des volumes) puis à la dépression. Mais en ce moment même… certains pays réfléchissent sur l’éventualité de quitter la monnaie unique, histoire de dévaluer leur monnaie afin de retrouver une certaine compétitivité. Cela risquerait à coup sûr de mener à une crise politique européenne, si ce n’est l’explosion de l’euro.
De l’autre côté de la lorgnette figure un certain Joachim Almunia, commissaire européen aux affaires économiques qui, pour sa part, pressent au contraire une forte probabilité à l’arrivée du Royaume-Uni, de la Suède et du Danemark au sein de la monnaie unique.
Les mois prochains devraient trancher entre ces deux discours. Moralité en ce qui concerne vos finances : achetez de l’or pendant qu’il est temps. Les devises vont valser.
Meilleures salutations,
Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora
(*) Diplômé d’un DESS de Gestion Internationale de Fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et de gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier – bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en intervenant régulièrement dans la rubrique Patrimoine de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine.