▪ Vous avez déjà eu l’impression de vivre une sorte de rêve étrange, dans lequel quelqu’un vous plaque un oreiller sur le visage pour vous empêcher de respirer, et vous pouvez vaguement entendre vos enfants demander : "il est mort, là, maman ?", et vous vous débattez et vous hurlez "non, je ne suis pas mort, bande de crétins !", mais personne ne vous écoute ? Eh bien moi aussi !
J’ai cette même impression quand je regarde le système économique s’effondrer, comme cela a été prévu par la Théorie du Cycle Economique Autrichien fièrement publié sur Mises.org, et j’ai la tête qui bouillonne, qui bouillonne, qui bouillonne, pleine de théories du complot, pour essayer désespérément de comprendre comment un pays dans lequel il y a tant d’universités et d’écoles supérieures, qui ont décerné des diplômes à tant de gens, pendant tant de temps, a pu laisser tout ça se produire !
Et, même si cela n’a rien de réconfortant, nous ne sommes pas les seuls. Tout le monde, dans tous les pays, est dans le même bateau, un charmant petit yacht fait de promesses et de papier, et non de fibres de verre et de métal, et qui se fait bringuebaler sur une mer déchaînée dont les vagues sont faites de pertes et de faillites et non pas d’eau, ce qui, si vous avez déjà fait un bateau en papier que vous avez mis à l’eau, se termine toujours en catastrophe quand le bateau est trempé et devient un vieux bout de papier inutile, qui met un terme à vos rêves de construire un bateau en papier suffisamment grand pour que vous puissiez monter dedans et naviguer jusqu’à un lieu où vous pourriez vous coucher aussi tard que vous le voudriez, manger des biscuits et du gâteau au petit-déjeuner et toute la journée si ça vous chante, et ne pas avoir à écouter des gens vous dire que l’économie keynésienne n’est pas la grosse catastrophe qu’elle est en réalité, ou que la Réserve fédérale n’est pas un traître qui triche et ruine tout le monde par le biais de l’inflation.
▪ Pour filer la métaphore (puisque je suis assez bien parti), c’est l’euro qui se trouve dans la partie du bateau qui coule le plus vite, même si le magazine The Economist est toujours optimiste et affirme que "le déclin de l’euro, par contraste, devrait soutenir les exportations des gros fabricants (surtout dans le nord de l’Europe) et des marchands de produits de luxe tout en relançant le tourisme sur tout le continent", ce qui me pousse à me demander où les gens peuvent bien trouver l’argent nécessaire pour partir en vacances en Europe et acheter des produits de luxe, parce que je ne vois personne dans le coin qui aie cet argent.
En réalité, c’est un fait, aussi triste soit-il, qui a été soulevé par Larry Kudlow, sur CNBC, où il a demandé à un panel de crétins d’expliquer d’où viendrait l’argent de la reprise, maintenant que les chiffres montrent que la masse monétaire M3 se réduit, que les revenus réduisent, que la folie de l’extraction de valeur immobilière ("votre maison est un distributeur automatique, prêt à cracher des billets !") qui a balayé les Etats-Unis est complètement terminée, que le marché hypothécaire a disparu et qu’il n’y a, pour résumer, que des mauvaises nouvelles.
Bien évidemment, personne n’a su dire d’où venait l’argent, ce qui signifie que tout le monde pensait que l’argent viendrait, je suppose, d’un pays merveilleux où tout le monde vit heureux pour toujours, et où personne n’a jamais à vivre à côté de gens comme moi.
A moins, évidemment, que la magie ne soit dans l’augmentation des prix de l’or, de l’argent et du pétrole, qui rend l’investissement si facile que vous vous surprenez à crier tout seul "youpi !"