▪ La baisse des fonds de rendement en euro est inéluctable, comme nous l’avons vu hier — voici quelques raisons supplémentaires de vous intéresser de près à ce qui se passe dans votre assurance-vie.
▪ Hausse des taux longs prévisible à terme
Les déficits publics sont d’une ampleur considérable, et pour pallier la récession économique, les états ont décidé de conserver une politique monétaire offrant des taux très bas. Mais à force de monétiser les déficits publics par de la création de monnaie, de nouvelles bulles vont finir par se former et les taux par remonter. Dans cette hypothèse, les assureurs vont être confrontés à une moins-value de leurs actifs obligataires.
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Un scénario de "krach obligataire", loin d’être imaginaire, se profile, et constitue la principale menace pour la stabilité de l’assurance-vie. Si les taux montent de façon marquée, le rendement des contrats en euro existants perd en compétitivité par rapport aux placements dont le rendement varie avec l’inflation, comme cela a brièvement été le cas fin 2008. Si une telle situation perdure, le risque est alors de voir les épargnants racheter massivement leurs contrats, c’est-à-dire récupérer leur épargne pour la placer sur d’autres supports plus rémunérateurs.
Or, dans un scénario de krach obligataire, les plus-values latentes accumulées par les assureurs sur les titres en portefeuille fondent comme neige au soleil, faisant bientôt place à des moins-values latentes. Les assureurs deviennent alors vulnérables aux rachats de contrat, qui les forcent à céder une partie des actifs du fonds, donc à réaliser des moins-values importantes, ce qui affecte directement leur solvabilité. Une situation qui contraindrait sans doute l’Etat à intervenir, comme il l’a fait fin 2008 pour stabiliser le système bancaire.
Jusqu’à présent, on l’a vu ces dernières années, les bénéfices mis en réserve les années passées et non distribués (dénommés PPE, Provision pour participation aux excédents) permettaient de ralentir la chute du rendement. Seulement voilà, beaucoup d’assureurs ont déjà pioché dans leur bas de laine en 2008 pour doper les taux et n’ont plus guère de marge de manoeuvre.
Alors les assureurs ont joué sur les rendements en augmentant la part des obligations privées face aux obligations d’Etat. Mais certains ont pu être tentés pour conserver leur niveau de performance, de choisir des emprunts d’Etat plus rémunérateurs mais aussi plus risqués comme les pays du sud de l’Europe. Se présente alors un nouveau problème décrit ci-dessous.
▪ Retour d’un risque souverain jusque-là ignoré
Nous avons vu lors de ce printemps qu’un nouveau phénomène s’est installé sur les marchés : le risque de faillite d’un pays occidental. La situation de la Grèce de l’Irlande, de l’Espagne ont fait prendre conscience aux investisseurs, et donc aux marchés, que le risque était présent même dans les pays dits "développés, occidentaux, sûrs" — ce qui était impensable quelques mois auparavant. Et pourtant ce n’est pas une première. L’histoire regorge de crises au cours desquelles les épargnants se sont retrouvés ruinés à cause du défaut de leur émetteur, même s’agissant d’un Etat.
Rappelez-vous les emprunts russes au début du 20ème siècle ! Plus récemment, on peut citer le Mexique en 1982, la Russie en 1998, l’Argentine en 2001. Mais que veut dire réellement et concrètement un défaut d’un Etat ? Tout simplement lorsque celui se trouve dans l’impossibilité de rembourser ses dettes. Les recettes, principalement fiscales, ne suffisent plus à rembourser les intérêts de ladite dette et de la dette elle-même. Pendant un certain temps, les investisseurs consentent à prêter de l’argent frais, généralement à un taux supérieur, au pays pour éponger les anciennes dettes. Jusqu’au moment où, convaincus que le pays ne connaîtra pas de croissance de son PIB, donc une amélioration de ses recettes, ils arrêtent de prêter, le pays se trouvant en cessation de paiement.
Rarement, le défaut de paiement est total et définitif. Heureusement, car dans ce cas, le créancier perd l’intégralité de son investissement. Pour un état, le défaut de paiement est souvent rééchelonné, c’est-à-dire que le remboursement est étalé sur une durée supérieure à celle prévue initialement. La dette peut également être réduite. Dans ces cas, la perte des investisseurs n’est pas totale mais peut être conséquente.
Nous avons là une situation tout à fait paradoxale. En croyant acquérir des actifs réputés sans risques, les emprunts d’Etat, le risque est finalement de plus en plus grand concernant certains états. Même si cela est difficile à quantifier, chaque contrat d’assurance contient des lignes d’un ou plusieurs de ces pays. Mais surtout on est rentré dans une période où, devant l’accumulation des déficits publics des grands pays (la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne ou même et peut-être surtout, les Etats-Unis), nous ne sommes désormais plus à l’abri d’un tel risque…
Redémarrage inévitable de l’inflation à venir
La seule parade qu’ils pourront trouver devant l’absence de croissance forte, à court terme, sera d’accepter de laisser filer l’inflation. Il est bien connu que l’inflation permet de rembourser plus facilement des dettes. Néanmoins, lorsque l’inflation part, on ne peut la contrôler et on arrive rapidement à de l’hyperinflation. Tous les actifs non tangibles — obligations, monnaies, actions ! — perdent de leur valeur et le rentier s’appauvrit– dans certains cas extrêmes il se retrouve même ruiné.
Si je vous ai présenté quatre risques majeurs, c’est pour vous prévenir que ces risques vous concernent car ils font partie de votre fonds en euro de vos contrats d’assurance-vie. C’est bien loin d’une pure fiction. Tous ces cas de figure n’arriveront pas forcément, mais avouez qu’à la baisse du rendement largement en cours vienne s’ajouter l’un des autres évènements présentés… votre épargne en prendra un sacré coup. Quelle position tenir ? Une démarche proactive s’impose. Face à cette situation, vous devez et vous pouvez réagir.
[NDLR : Frédéric Laurent et Alain Baillon vous y aident dans le hors-série de Vos Finances spécialement consacré à l’assurance-vie et au SCPI ; mais attention ! Leurs stratégies et conseils ne sont valables que jusqu’à la fin de l’année 2010. Pour en profiter — et recevoir ce hors-série en cadeau avec votre abonnement, c’est par ici…]