Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Un grand nombre d’entreprises devraient bénéficier du plan écologie d’Obama, étant donné la taille de l’enveloppe. En tout cas, peut-être…
En attendant, il semblerait que le marché ait déjà fait son choix, lui.
Il n’y a qu’à regarder les performances enregistrées depuis le point bas boursier atteint le 24 octobre, par SunPower et First Solar pour s’en convaincre : un rebond de respectivement 89% et 67%.
SunPower et First Solar, premiers bénéficiaires ?
First Solar est le plus gros fabricant et installateur de panneaux solaires des Etats-Unis. Son avantage compétitif ? Il consomme beaucoup moins de silicium que ses concurrents pour recouvrir les cellules solaires. Sa technologie est en effet assise sur des couches photo-actives très fines. Voilà qui réduit de façon significative le coût de production, le silicium étant extrêmement coûteux. Cerise sur le gâteau : le rendement dégagé est meilleur car la lumière est plus facilement transformée en électricité.
L’autre grand fabricant et installateur du secteur est SunPower. Ses panneaux sont parmi les plus efficaces avec un taux de transformation de l’énergie solaire en électricité de 22%.
La puissance de ces deux groupes ? Leur taille ! Ils sont suffisamment grands pour répondre aux appels d’offre des états et peuvent ainsi remporter des contrats avec les distributeurs d’électricité. Vous allez comprendre pourquoi dans un instant…
Où en est le marché du solaire ?
Au début, personne ne croyait vraiment à cette technologie qui disait vouloir transformer le soleil en électricité à partir de panneaux photovoltaïques. Notamment à cause des coûts de production prohibitifs.
Mais on a fini par leur trouver des avantages : pas de coûts de transport (puisque les panneaux sont sur nos toits !), longue durée de vie, possibilité de stocker les kilowatt/heure, pas d’émission de CO2. Et puis surtout, on peut aussi revendre l’électricité produite au réseau national. A un tarif plus qu’intéressant !
Mais ne rêvons pas trop tout de même. Ces énergies seront difficiles à rentabiliser. Surtout avec un baril de brut à 60 $ ! Et leur poids reste pour l’instant encore très marginal. Mais les choses vont dans le bon sens…
Le secteur du solaire va être rudement secoué dans les prochains mois !
Nous sommes en effet à l’aube d’une vague de surproduction de panneaux solaires. Et nous allons devoir l’affronter. Ce qui fait dire aux experts que le prix des cellules photovoltaïques devrait baisser de 15% en 2009. Inutile de vous dire que les marges des équipementiers solaires vont en prendre un coup.
Lorsque l’offre est supérieure à la demande, les prix baissent !
Nous risquons fort d’assister à une sanglante guerre des prix. Car la surproduction arrive au pire moment : en pleine crise économique, alors même que le consommateur réduit ses investissements et sa consommation…
Attendez-vous à ce que certains mettent la clé sous la porte
L’industrie du solaire va sans doute être confrontée à une vague de faillites. Sur les 200 acteurs du marché (qui pèse plus de 30 milliards de dollars), certains n’hésitent pas à dire que 80% des acteurs vont disparaître ! Pour le coup, ce chiffre me semble très exagéré. Mais retenez-en deux enseignements : il va y avoir de la casse ; il va donc falloir être extrêmement sélectif dans vos investissements.
Car n’oubliez pas que les cycles de purge sont souvent suivis de cycles d’expansion. Ceux qui auront résistés à la tourmente en sortiront renforcés et seront les grands bénéficiaires.
Méfiez-vous des producteurs de silicium
Comme vous le savez, le secteur du solaire était jusqu’ici victime du manque de silicium pur, ce qui a propulsé le prix de cette matière à des niveaux hallucinants. Or vous le savez, les matières fonctionnent selon des cycles.
Face à la demande exacerbée et au manque de silicium, des investissements énormes ont été réalisés pour produire du silicium. Et plus de 4 milliards de dollars devraient encore être investis sur la période 2008-2010, selon Merrill Lynch, afin de doubler la production de silicium. On devrait ainsi atteindre les 140 000 tonnes.
Cette production massive de silicium arrive en phase de surproduction de panneaux solaires… et de crise économique. Voilà qui devrait diviser le prix du silicium par deux, voire plus encore.
Méfiez-vous donc des producteurs de silicium.
Les Etats enfoncent le clou !
Prenons l’Espagne, très en avance dans le photovoltaïque. Et bien l’Etat espagnol vient d’annoncer qu’il allait baisser ses tarifs de rachat d’électricité photovoltaïque. Je vous rappelle que si vous avez des panneaux sur votre toit, vous avez intérêt à vendre votre énergie au réseau national qui vous le rachètera.
Même son de cloche en Allemagne, autre géant du secteur.
En France, EDF rachète toujours votre électricité solaire au prix préférentiel de 0,31 euro le kWh. Pour mémoire, EDF vend au particulier l’électricité à 0,10 euro le kWh ! Une aubaine…
La conclusion ? Soyez très sélectif dans vos investissements cette année
Le marché mondial du solaire reste très porteur dans les années à venir. On s’attend à un taux de croissance de 30%, une fois la purge passée.
Pour l’instant, évitez les producteurs de silicium. Sélectionnez les producteurs de panneaux dont les coûts de production sont les plus faibles et le taux de transformation de l’énergie solaire en électricité les plus élevés. Ce sont eux qui profiteront en premier de la "manne" d’Obama.
Privilégiez surtout les groupes de tailles importantes. Les petits producteurs de panneaux qui s’adressent surtout aux particuliers et PME seront les plus touchés par la crise de surproduction. Les gros acteurs seront tirés par les grands distributeurs d’électricité qui ont les moyens d’investir dans l’avenir et qui vont passer de très gros contrats de panneaux solaires.
Une fois la crise de surproduction passée, il sera alors de nouveau intéressant de revenir sur l’indice SOLEX, l’indice des valeurs solaires. Il comprend les dix plus grandes valeurs internationales impliquées dans le domaine de l’énergie solaire.
Mais pour l’instant, privilégiez un stock picking au réglage fin. Etant donné les valorisations actuelles, il y a sans aucun doute de très belles opportunités à saisir.
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
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