** Cette semaine, les obligations américaines ont chuté, étrangement. Cela pourrait être très important. En général, lorsque les actions chutent, les obligations grimpent. Les investisseurs anticipent une baisse des rendements alors que l’économie ralentit et qu’on trouve moins d’emprunteurs à la recherche de fonds. Mais voilà que le marché obligataire semble s’inquiéter d’autre chose… et nous pensons savoir quoi.
* Nous nous méfions des chiffres depuis longtemps. Et nous nous méfions particulièrement de ceux qui proviennent du département du Commerce US, des officiels de tout poil, du secteur financier, des médias, du Congrès ou de notre famille.
* "J’ai économisé beaucoup d’argent en achetant cette veste", déclarait l’une de nos filles hier. "Elle était en soldes. Elle te plaît ?"
* "Euh… oui… mais combien aurais-tu économisé en ne l’achetant pas du tout ?"
* "Papa… ne soit pas idiot… j’avais besoin d’une veste d’été…"
* Peut-être sommes-nous idiots aujourd’hui… mais nous voyons l’argent nous glisser entre les doigts. Et il en va de même pour le reste du monde !
** Les prix grimpent pour tout ou presque : le lait, le pain, le carburant, l’alcool… bref, l’essentiel.
* Aux Etats-Unis, rapporte Martin Hutchinson, les chiffres officiels de l’inflation sont les pires de ces 17 dernières années… mais les chiffres bruts sont encore plus inquiétants. Bien entendu, les chiffres bruts ne sont jamais révélés. Ils sont un peu comme une vieille tante éloignée, mise il y a des années dans une maison de retraite : personne ne vient jamais la voir… personne ne demande jamais de ses nouvelles.
* En mars, les données brutes montraient que les prix à la consommation américains grimpaient au taux annuel de 10%. Une fois que les scribouillards du département du Travail US en ont eu fini avec eux, l’IPC n’était plus en hausse que de 3,6% annuellement. "Des ajustements saisonniers", on appelle ça. Puis, en avril, lorsque les données brutes ont montré un taux d’inflation annuel de 7,2%, les autorités ont fait quelques ajustements saisonniers pour retrouver un taux de 2,4% seulement. Elles n’ont pas semblé s’apercevoir que la saison avait changé !
* Hutchinson : "ces deux chiffres ‘ajustés’ ont été accueillis par les marchés boursiers avec une hausse notable. Durant les 10 années précédant 2007, aucun ajustement saisonnier n’a dépassé les 0,3%, en plus ou en moins ; les probabilités que les ajustements saisonniers de mars et avril aient été obtenus aléatoirement par la même méthode que ceux des précédents ajustements étaient de 0,18% et 2,3% respectivement (la probabilité de voir deux anomalies de ce genre se produire durant des mois consécutifs était donc de 0,0041%, environ 1 sur 25 000). Si les chiffres bruts de mars et avril étaient recalculés selon les ajustements saisonniers moyens de mars et avril de la précédente décennie, l’inflation des prix à la consommation de ces deux mois atteindrait en moyenne 7,4% par an".
* On peut tromper certaines personnes tout le temps, a déclaré Abraham Lincoln. Il ne connaissait aucun économiste moderne ou gestionnaire de fonds professionnels. Mais il devait les anticiper. Ils évaluent les actions et les obligations comme si elles étaient toujours sous le contrôle des ordres du département du Travail US.
* Qui sait ? Peut-être auront-ils raison. On a déjà vu des choses plus étranges. Mais à la Chronique Agora… nous pensons que les prix grimpent plus que le pense la plupart des gens… qu’il y a encore de l’inflation à venir… et que le marché obligataire commence à la comprendre. Voilà pourquoi les prix des obligations ont chuté cette semaine ; les investisseurs s’inquiètent de l’inflation.