** "C’est un changement fondamental : les consommateurs épargnent au lieu de dépenser", note le Los Angeles Times. Voilà le changement dont nous parlons depuis des mois. La grande expansion de crédit de 1945-2007 est terminée. C’est l’heure de la grande contraction du crédit.
* Le dollar a baissé la semaine dernière, tandis que l’or grimpait. La raison du déclin du dollar et de la hausse de l’or faisait la une du Financial Times. La Chine a lancé "une nouvelle pique" contre le dollar, dit l’article. Pour autant que nous puissions en juger, la Chine ne faisait que souligner l’évidence — le monde va devoir trouver un meilleur système monétaire. Le dollar ne restera pas éternellement maître du monde. Et la Chine, qui est dans les dollars jusqu’au cou, aimerait trouver une solution rapidement — c’est-à-dire avant que le dollar ne finisse comme du vulgaire papier.
* Le dollar finira par céder le pas à l’inflation et à la dévaluation, mais ce ne sera probablement pas de sitôt.
* "Je m’inquiète absolument de l’inflation", déclare John B. Taylor.
* A la Chronique Agora, ce n’est pas l’inflation qui nous inquiète… mais bien son absence. En deux mots, tant que les autorités ne verront pas d’inflation, elles continueront d’essayer d’en créer. En fin de compte, elles en obtiendront plus qu’elles le voulaient.
* La raison pour laquelle il n’y a pas d’inflation, c’est qu’il y a de la déflation en lieu et place.
* Vous connaissez aussi bien que nous les raisons de la déflation. Tout à coup, il y a trop de gens dans le monde ayant emprunté trop d’argent pour acheter trop de choses dont ils n’avaient pas vraiment besoin et qu’ils ne pouvaient vraiment pas se permettre. Ce phénomène a poussé les producteurs mondiaux à surestimer largement la demande "réelle". Leurs clients ont commencé à disparaître en 2007. Leurs usines sont toujours debout.
* Après la grande expansion, comme nous le disions ci-dessus, vient la grande contraction. Durant les années de bulle, une quantité croissante de crédit produisait une quantité décroissante de prospérité réelle. C’était comme si on empruntait de plus en plus pour investir dans son entreprise ou simplement pour élever son niveau de vie… mais que les revenus ne grimpaient pas assez rapidement pour suivre le remboursement des intérêts.
* En 2005, les Américains n’ont rien épargné. Pas même du papier aluminium ou des bouts de ficelle. Aujourd’hui, le taux d’épargne américain approche les 5% des revenus disponibles — un retournement conséquent.
* C’est là une bonne nouvelle pour tout le monde, et pour personne. Nous savons, par la logique et l’expérience, qu’épargner de l’argent est la clé pour s’enrichir — non en dépenser. Epargner de l’argent vous donne des capitaux. Et c’est l’accumulation de capitaux — sous la forme d’usines, de routes, de navires, de bâtiments, de machines… et d’épargne brute — qui donne aux gens la capacité de produire plus. Un homme armé d’une pelle mettra peut-être une journée à creuser une tombe décente. Donnez-lui des capitaux — sous la forme d’une pelleteuse — et il pourra enterrer une ville entière. Voilà pourquoi le capitalisme fonctionne. Il récompense celui qui économise son argent.
* Malgré ça, tous les économistes, en l’an de grâce 2009, prennent la nouvelle de la hausse des taux d’épargne comme la mort de Michael Jackson. Si les ménages ne consomment pas, raisonnent-ils, comment une économie de consommation peut-elle se développer ?
* Le problème, c’est qu’on ne peut pas vraiment développer une économie en empruntant et en dépensant. L’histoire récente le prouve. En dépit de la plus grande vague d’épargne et de dépenses de l’histoire, c’est tout juste si l’économie de consommation américaine s’est développée.
* "Durant les cinq années qui ont précédé décembre 2007", rapporte la lettre Grant’s Interest Rate Observer, "la dette des marchés du crédit américain a grimpé de près de 57%, à 18 000 milliards de dollars. Au cours de la même demi-décennie, cependant, le PIB nominal n’a grimpé que de 3 300 milliards de dollars".
* En d’autres termes, chaque fois qu’une personne empruntait cinq dollars, elle n’augmentait son revenu que de un dollar. Imaginons que les emprunts avaient un taux d’intérêt effectif de 10% (les dettes sur cartes de crédit peuvent être bien plus chères). A ce rythme, la moitié du revenu complémentaire gagné entre 2002 et 2007 était mobilisée rien que pour payer les intérêts.
* Ce n’était pas le genre de croissance qui avait des chances de durer. Et elle n’a pas duré. Tout s’est effondré en 2007 et en 2008. A présent, le consommateur a bu un café serré. Il s’est regardé dans le miroir. Il a fait le tri dans sa pile de factures. Et il a pris une décision : ça suffit comme ça !
** Que disions-nous, déjà ? La richesse et le pouvoir quittent les pays occidentaux. Un titre de Bloomberg semble le confirmer :
* "Les marchés émergents prennent une part record de la valeur mondiale".
* "3 juillet (Bloomberg) — La part de valeur mondiale provenant des pays en voie de développement a atteint un record, les économies à la croissance la plus rapide attirant les investisseurs alors qu’avait lieu la première récession planétaire depuis la Seconde Guerre mondiale".
* "Les 22 nations classées parmi les ‘émergents’ par le fournisseur d’indices MSCI Inc. comprenaient 24% de la capitalisation boursière mondiale, en hausse par rapport à 18% au début de cette année, la proportion la plus élevée depuis que Bloomberg a commencé à compiler les données en 2003. Les actions chinoises ont dépassé les 3 000 milliards de dollars hier pour la première fois depuis août, par rapport à 1 800 milliards de dollars à la fin 2008".