▪ Les bureaux des Publications Agora ont été envahis par la vague Michael Lewis. Entre Flash Boys (lu — et commenté — par Simone Wapler cette semaine) et Boomerang, les lectures de l’été sont studieuses… mais pas trop, Michael Lewis écrivant dans un style clair, accessible voire carrément distrayant.
Enfin… quand je dis « distrayant »… il s’agit plutôt de l’espèce « mieux vaut en rire qu’en pleurer ».
Dans Boomerang, Michael Lewis fait en effet un tour d’Europe des catastrophes financières ; j’en suis pour l’instant à la Grèce, et les énormités découvertes par l’auteur durant son voyage sont telles qu’on en ressort avec un sentiment d’absurdité quasiment vertigineux. Petite citation pour l’exemple :
« Curieusement les financiers en Grèce demeurent plus ou moins irréprochables. Ils n’ont jamais cessé d’être autre chose que des banquiers assoupis à l’ancienne. Ils sont pratiquement les seuls banquiers européens à ne pas avoir acheté d’obligations adossées à des subprime, à ne pas s’être endettés jusqu’au cou, à ne pas s’être versé des salaires mirobolants. Le plus gros problème des banques étaient en fait qu’elles avaient prêté environ 30 milliards d’euros au gouvernement grec — où ils furent volés et gaspillés. En Grèce ce ne sont pas les banques qui ont coulé le pays. C’est le pays qui a coulé les banques ».
N’ouvrez pas de trop grands yeux, cher lecteur : gardez un peu de marge pour le cas de la France.
▪ Car oui, pour l’instant tout va bien (ou presque)… mais le plumage du coq national commence à roussir sous les flammes de la faillite. Comme l’expliquait encore Simone dans La Stratégie de Simone Wapler vendredi dernier :
« Le 11 juillet, une note de GaveKal à l’adresse des investisseurs institutionnels conseillait de vendre la dette française. Justification : les données économiques indiquent que la France renouera avec la ‘croissance négative’ au second semestre. Dans ces conditions, peu importent les taux d’emprunt, notre pays sera incapable de rembourser le principal de sa dette et les ‘zinzins’ des fonds de pension étranger vont finir par s’en apercevoir ».
« […] Dans la torpeur de l’été, les problèmes n’ont pas disparu même s’il y a moins de gens pour les commenter, même si les méga-banques américaines arrivent toujours à gagner de l’argent en brassant les milliards imprimés par la Fed. Comme le dit très justement Charles Sannat, aujourd’hui les conséquences des mesures à prendre pour éviter la faillite de la France sont identiques aux conséquences de la faillite. Le point de non retour a été dépassé ».
« La seule différence tient à ce que dans le premier cas nous serions lucides et, dans le second, la Troïka se chargera de nous ouvrir les yeux ».
Le Boomerang de Michael Lewis date de 2011 — on s’intéresse au cas de l’Islande, de la Grèce, de l’Irlande, de l’Allemagne et des Etats-Unis. Peut-être bien que la prochaine édition « revue et augmentée » contiendra aussi la catastrophe française…
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora