▪ Nous avons passé les derniers jours en France — en Normandie pour être précis, à observer un flot d’Américains se rendant vers la côte. C’était le 70ème anniversaire du Débarquement. Personne ne voulait manquer l’événement — en particulier les vétérans, pour qui ce serait une dernière occasion de se souvenir.
Parmi eux se trouvait Bernard Jordan, 89 ans. Il avait bravé l’artillerie allemande sept décennies auparavant, en tant qu’officier dans la Royal Navy. Selon les articles, le personnel de sa maison de retraite, dans l’est du Sussex, lui avait dit qu’il ne pouvait pas partir… mais il n’allait pas laisser quelques donzelles en blouse blanche lui dicter sa conduite. Il a donc épinglé ses médailles à son revers et s’est mis en route. Il n’a dit à personne qu’il partait — pas même à son épouse de 97 ans.
Le samedi, il était de retour chez lui… accueilli en héros — une nouvelle fois — par ses amis, sa famille et ses soignants.
Parallèlement, nous avons aussi appris que la BCE avait pris des mesures décisives pour stimuler la croissance. Le cartel bancaire européen a abaissé son taux directeur. Au lieu de distribuer de l’argent à 0,25%, dorénavant, la banque permettra à ses membres d’emprunter à 0,15%. Nous avons vu ce que 0,25% a fait à l’Europe. Maintenant, nous verrons ce que 0,15% fera.
Nous n’avons encore jamais rencontré quiconque dont le rythme cardiaque s’accélère à de telles nouvelles |
Nous n’avons encore jamais rencontré quiconque dont le rythme cardiaque s’accélère à de telles nouvelles. Il faudrait être facilement excité… ou complètement fou. Ce n’était vraiment pas l’invasion de la Normandie.
Mais la majeure partie de l’actualité, ces derniers jours, était positive. Le Financial Times a annoncé que le nombre de personnes ayant un emploi aux Etats-Unis était désormais de retour aux niveaux de 2007. En d’autres termes, au moins en termes d’emploi, l’économie s’est finalement remise — après sept ans. Bien entendu, ce n’est pas tout à fait vrai, voire pas vrai du tout.
Avec une croissance démographique d’environ 1% par an (immigration et naissances), il doit y avoir environ 20 millions de personnes de plus aux Etats-Unis qu’il y a sept ans. Que le nombre brut de personnes ayant un emploi soit retourné à 139 millions n’est pas vraiment une réussite. Si l’on part du principe que la moitié des "nouveaux venus" est en âge de travailler, ça laisse environ 10 millions d’Américains se tournant les pouces sur les bancs de la vie économique.
▪ Si le gouvernement a réussi le Débarquement…
Les festivités en Normandie ont fait les gros titres. Partout dans le monde, les journaux ont parlé de ce qui s’est passé sur les plages du Débarquement. Cette entreprise datant de 70 ans est universellement considérée comme un grand succès. Même en Allemagne, le changement de régime déclenché par les Royal Marines et les US Rangers est largement applaudi.
Aujourd’hui, ce souvenir génère un espoir tout frais et une confiance renouvelée. Si un gouvernement peut organiser avec succès un projet aussi noble et vaste — impliquant des millions de vies… des milliers de navires et d’avions… des emplois du temps soigneusement coordonnés… du ravitaillement avec des millions de tonnes de matériaux livrés au bon endroit et au bon moment… tout cela planifié et exécuté dans le secret le plus strict — il ne fait aucun doute qu’il peut aussi gérer une économie.
Oui, le D-Day donne confiance dans la capacité de l’humanité à faire de grandes choses sur une échelle monumentale |
Oui, le D-Day donne confiance dans la capacité de l’humanité à faire de grandes choses sur une échelle monumentale. Comme les pyramides… Angkor Wat… Stonehenge… l’invasion de l’Italie par Hannibal… la conquête de la Gaule par César… Cela montre que nous pouvons mobiliser les gens et les ressources, et agir !
Alors pourquoi ne pas éviter de sérieuses corrections/dépressions en dirigeant minutieusement les taux d’intérêt ? Pourquoi ne pas maintenir le plein emploi en permettant au crédit de continuer à se développer ? Pourquoi ne pas laisser les maréchaux des banques centrales guider l’économie mondiale vers une prospérité éternelle ?
Mais pour autant que nous puissions en juger, la Deuxième guerre mondiale a été le dernier programme gouvernemental réussi. Depuis, chaque guerre et chaque projet s’est terminé soit par un match nul soit par une défaite. Nous sommes prêt à parier que le projet actuel — la bataille pour mettre fin au cycle du crédit — se soldera par un complet désastre.
1 commentaire
En complément de ce vient d’écrire Bill Bonner.
On peut méditer sérieusement ce fait hautement significatif repéré dans l’histoire, mais jamais explicité que je sache. Il s’agit du fait que les effets économiques et sociaux de la crise de 1929 provoquèrent, en gros, 10 ans de marasmes dans les économies développées de cette époque. Mais il est une chose révélatrice entre toutes et qui éclaire d’un jour plutôt lugubre les politiques et les pratiques bancaire. C’est que si le redressement économique puis social fut à peu près un échec à quelques variations près (le New deal de Roosevelt qui ne fut pas une pleine réussite), c’est la 2ème guerre mondiale qui donna le coup de fouet décisif du vrai redémarrage économique et de la baisse véritable du chômage, surtout aux États-Unis et peut-être plus encore au Canada dépendant des États-Unis pour son économie.
Que je sache, nous ne nous sommes encore jamais interrogé sur le fond, le vrai fond: pourquoi des politiques gouvernementales pour la soit disant reprise économique et la baisse décisive du chômage ont-elles échouées lamentablement durant 10 ans, 10 législatures? Puis, par miracle ou magie, soudain, les milliards de dollars qui manquaient cruellement depuis tant de temps sont soudainement réapparus pour financer la guerre dès la déclaration de celle-ci?? Ces mêmes milliards ne sont jamais apparus pour relancer l’économie et éradiquer le chômage et ses ravages, mais pour la guerre, si ! Alors, dit-on, que le chômage est un « effet » de la crise économique laquelle est donc aussi la cause de la guerre, l’on s’attaque au deuxième effet, la guerre, mais pas au premier effet, le chômage massif et l’appauvrissement. Ce dont apparemment les tenant du système financier, lesquels sont les commanditaires des gouvernements n’ont cure. Les gouvernements (à quoi servent-ils?) étant toujours totalement silencieux sur ce sujet crucial et décisif entre tous.
Et quand on voit aujourd’hui les « somptueux QE » illimités qui abreuvent toute l’économie du mensonge (votre chronique d’hier 10 juin 2014 – la magie des taux 0 et des taux négatifs – chronique très explicite qui ‘parle’ d’elle-même), à l’évidence, les structures financières sont inchangées tant de décennies après la 2ème guerre mondiale Quelles leçons faut-il en tirer??