Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Souvenez-vous : il y a deux ans, le cours du sucre passait de 5 cents à quasiment 20 cents la livre. Il a été multiplié par quatre ! Le sucre était alors l’une des stars incontestées du marché des matières premières. C’était en 2005.
Puis, un beau jour de janvier 2006… patatras. La tendance s’est inversée et le cours a plongé sous les 9 cents. Depuis le début de l’année, le marché sort de sa léthargie.
A long terme, le sucre pourrait progressivement sortir de la crise de surproduction dans laquelle il est enfermé. La demande pour l’éthanol va se développer (raréfaction du pétrole, problématique du CO2) et les changements structurels sur ce marché soutiendront la hausse du cours. Mais les évolutions sont lentes.
A plus court terme, la baisse actuelle du cours du baril de brut (auquel l’éthanol est corrélé) et le rebond du dollar auront plutôt tendance à faire baisser le cours du sucre.
Le cas brésilien
Au Brésil, 50% de la consommation d’essence a déjà été remplacée par l’éthanol. La part de l’éthanol dans l’essence s’élève déjà à 25%. Autre fait marquant : de plus en plus de véhicules fonctionnent à l’éthanol pur. Il est prévu qu’en 2013, la moitié du parc automobile du pays roulera à l’éthanol. D’ailleurs, les véhicules Renault pour le marché brésilien sont équipés d’un moteur "flex fuel".
Le Brésil est sur ce point très en avance et constitue sans doute un indicateur avancé des évolutions que connaîtront les pays occidentaux.
Le marché de l’éthanol est en train d’exploser
Les Brésiliens vont exporter quelque quatre milliards de litres d’essence verte en 2008. Soit une hausse de 18% sur un an. Et d’ici 2013, le gouvernement table sur un envol des exportations de 73% et une hausse de 50% de la consommation intérieure.
L’objectif du gouvernement brésilien, en partenariat avec le pétrolier Petrobras, est de remplacer d’ici 20 ans 10% de la consommation mondiale d’essence par leur éthanol ! Pour cela, il faudra que le Brésil multiplie par 15 sa production. Les exportations d’éthanol passeront alors à 200 milliards de litres — contre quatre milliards aujourd’hui.
Projet de taille !
Des atouts sérieux
Les Etats-Unis sont très intéressés par la mise en place d’un partenariat avec le Brésil pour réduire leur dépendance énergétique face aux pays producteurs de pétrole et au pétrole en général. Les Européens y sont de plus en plus sensibles.
Autre avantage : l’éthanol brésilien est globalement moins polluant que l’essence et s’inscrit donc dans le processus de Kyoto.
Inutile de vous dire qu’il va falloir planter beaucoup de canne à sucre pour faire face à la demande. Aucun problème, selon les Brésiliens. Mais la problématique "boire ou conduire" finira bien par rejaillir tôt ou tard…
La suite dès demain…
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.