Par Isabelle Mouilleseaux (*)
+79% certes, mais il revient de loin…
Il semblerait que la demande de rhodium s’éveille à nouveau… En effet, son cours regagne du terrain ces dernières semaines, passant de 760 $ à 1 360 $ l’once. +79% de hausse tout de même !
Il faut dire qu’on revenait de loin… La chute de la production automobile à l’automne dernier, et jusqu’à très récemment, a fait s’effondrer la demande de rhodium. Les cours ont violemment dévissé, passant d’un point haut de 10 000 $ en 2008 à 760 $… Malgré tout, ce métal reste le plus cher de tous les métaux précieux.
Le rhodium dépend du secteur automobile
Un peu à l’image du platine ou du palladium, l’essentiel (les 4/5ème) de la production de ce métal précieux trouve ses débouchés dans l’industrie automobile, puisqu’il sert à fabriquer les pots catalytiques. La demande de rhodium est donc directement liée à la santé du secteur automobile.
Cela dit, on trouve aussi du rhodium dans les iPhones et les écrans plats de télévision. Et également, dans les moteurs d’avions et en bijouterie, bien sûr.
La production ?
Le rhodium est un métal que l’on trouve associé au platine dans les mines. Les deux métaux précieux vont de pair.
Seules 25 tonnes de rhodium sont produites chaque année, ce qui est très peu. L’essentiel est extrait d’Afrique du Sud (de 60 à 95% de la production annuelle), le reste de Russie (Norilsk Nickel).
Pourquoi le rebond du rhodium ces dernières semaines ?
Il s’expliquerait en partie par la hausse de la demande chinoise… toujours elle.
Mais il y a surtout les fameuses "primes à la casse", qui dopent activement les ventes automobiles, tant en France qu’en Allemagne, et qui soutiennent la production automobile et donc la demande de métaux associés à cette production.
En mai, les ventes automobiles se sont envolées de 40% sur un an en Allemagne et de 12% en France. Les primes ont un tel succès qu’Obama a décidé de les instaurer aux Etats-Unis pour une durée d’un an. Objectif : soutenir son industrie automobile au bord de la faillite et relancer la consommation des ménages, indispensable à toute reprise économique.
Le rebond des ventes automobiles conduit les producteurs de pots catalytiques à reconstituer leurs stocks, entre autres de rhodium. Surtout qu’il y a aujourd’hui possibilité de reconstituer ses stocks à un prix défiant toute concurrence !
Autre facteur de soutien au cours : les investisseurs s’intéressent de plus en plus aux métaux précieux rares pour investir.
Un marché étroit et opaque
Il faut savoir que le marché du rhodium est très étroit et assez peu transparent.
Les constructeurs automobiles achètent directement leur rhodium auprès des minières, via des contrats de gré à gré — un peu à l’image des sidérurgistes pour les achats de fer.
Bien entendu, les accords sur les prix restent confidentiels.
Il existe une Bourse, mais les volumes échangés y sont très faibles, ce qui entraîne des variations de cours parfois très fortes. Elles sont directement liées à l’étroitesse du marché.
La hausse peut-elle se poursuivre ?
La barre psychologique des 2 000 $ est encore bien lointaine. Cela dit, certains experts voient revenir le rhodium vers les 2 500 $ en 2010. Nous verrons bien.
A court terme, il va d’abord lui falloir affronter la tourmente actuelle des marchés qui ont, semble-t-il, enfin décidé de consolider. Matières, actions or, pétrole… tous étaient fortement orientés à la baisse hier. Et globalement depuis quelques jours déjà.
Cette consolidation était inévitable. La hausse depuis mars a été impressionnante, directe, et sans consolidation intermédiaire aucune. Des prises de bénéfices étaient à prévoir, et elles sont salutaires.
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
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