** Lundi était un grand jour en Italie — il ya 63 ans. C’est ce jour-là que Mussolini a été abattu, avec sa maîtresse. Ils ont été pendus la tête en bas à Milan. Qu’est-ce qui a mal tourné pour Benito ?
* "Ce qui semblait toujours mal tourner", déclarait notre guide dimanche, "était qu’ils se retrouvaient à court d’argent".
* Elle parlait des empereurs romains. Elle aurait aussi bien pu parler de présidents élus ou de dictateurs. Lorsqu’ils se retrouvent désargentés, les ennuis ne tardent pas à suivre.
* Cette semaine, les Etats-Unis ont ouvert l’ambassade la plus grande et la plus chère de leur histoire — en Irak. On dirait le Vatican, déclarent les articles, un pays dans un pays… à la fois lourdement fortifiée et luxueuse… prête pour un siège ou une fête.
* Le Vatican a été attaqué par son propre saint-empereur romain, Charles Quint, au 15ème siècle. Il avait assemblé une armée de protestants, à la tête de laquelle un général portait un nœud coulant — pour pendre le pape.
* Mais ce dernier n’avait pas l’intention de se rendre sans combattre. Avec l’aide des gardes suisses, il descendit le long d’un des murs arrière du Vatican et courut se réfugier dans le Castello San Angelo, où il put tenir jusqu’à ce que le siège prenne fin. Les gardes suisses n’eurent pas cette chance. Ils luttèrent presque jusqu’au dernier pour le protéger.
** Mais revenons à notre sujet habituel — la finance. L’or corrige. Le marché haussier est-il terminé ? Les lecteurs se rappelleront ce que nous ne pouvons pas oublier — ce qui est arrivé à l’or en 1980. Le prix du métal jaune a dépassé les 800 $… puis a entamé un marché baissier qui a duré 20 ans. Beaucoup de gens pensent que c’est ce qui est en train de se passer une fois encore. Mais nous nous rappelons également que les Etats-Unis avaient une balance courante positive en 1980… que les Américains possédaient plus d’actifs étrangers que les étrangers ne possédaient d’actifs américains… et que Paul Volcker avait poussé les taux de prêt à plus de 15% pour protéger le dollar !
* Regardez à gauche, cher lecteur. Regardez à droite. Voyez-vous Paul Volcker à la Fed ? Non. Volcker est toujours vivant — et il affirme que des ajustements douloureux sont à venir. Mais à la Fed elle-même, il n’y a que Ben Bernanke, promettant de larguer des dollars par hélicoptère, si nécessaire, pour que l’économie continue de buller tranquillement. Dans la mesure où les Etats-Unis vivent bien au-dessus de leurs moyens… et doivent tant d’argent à tant de gens… la probabilité de voir arriver un Paul Volcker pour protéger le dollar est probablement aussi grande que celle de voir Alan Greenspan élu nouveau pape.
* Non, pas de quoi s’inquiéter. Il y a peu de chances de voir la Fed être victime d’un soudain accès d’intégrité monétaire. Le dollar ne grimpera probablement pas beaucoup par rapport à l’or.
* Tout de même, la correction actuelle pourrait faire baisser le prix actuel de 100 $ supplémentaires ; on serait encore au-dessus de la moyenne mobile à 50 semaines. Alors gardez votre or… et attachez votre ceinture.
** Nous sommes à Rome pour essayer d’apprendre quelque chose — pour vous, bien entendu, cher lecteur. Jusqu’à présent, nous avons appris que les vins d’Abruzzo et de Barolo sont riches, complexes et doux. Les vins de Compania que nous avons goûtés, en revanche, semblent un peu verts… un peu durs. Mais les Barolos tendent à être chers. Hier soir, notre restaurant n’en avait pas une seule bouteille sous les 150 $.
* Quant au monde de l’argent… nous avons découvert ce qui a mis l’empire à bas. L’argent, bien entendu. Ils se sont retrouvés à court d’argent. Mais ce n’était qu’une partie de l’histoire… et pas la plus intéressante.
* "L’empire a tenu assez bien", expliquait notre guide, "tant qu’il était contrôlé par les grandes familles de Rome, qui partageaient la même culture et les mêmes valeurs. Mais à mesure qu’il s’étendait, il entrait en contact avec des groupes de plus en plus nombreux. Et pour protéger les frontières — qui étaient vastes avant même que l’empire ne soit reconnu officiellement, sous Auguste — de plus en plus de soldats étaient nécessaires, et de plus en plus d’argent".
* "J’ai vu dans les journaux que les Américains avaient ouvert une gigantesque ambassade en Irak, et qu’elle était très chère. Eh bien c’est ce qu’ont fait les Romains aussi. Ils avaient des garnisons dans tout l’empire. Et chacune d’entre elles coûtait cher à entretenir. Le cursus honorarium — c’était le chemin vers le pouvoir et le prestige, comme aujourd’hui on va dans une bonne université, puis on obtient un bon poste dans une grande entreprise, après quoi, on se lance éventuellement dans la politique… Eh bien, les jeunes ambitieux de l’époque devaient entrer dans l’armée et tenir un poste dans ces garnisons lointaines. Ils ont commencé à introduire dans le système des gens de l’extérieur… et à passer leur vie en dehors de Rome. De nombreux dirigeants ne venaient plus de Rome ; certains même ne venaient que rarement dans la capitale… et de nombreux soldats n’étaient plus romains non plus".
* "Lorsque l’empire était encore en développement, il entrait beaucoup d’argent à Rome. Chaque fois qu’ils s’emparaient d’une nouvelle ville ou d’une nouvelle tribu, ils apportaient plus d’or, plus d’argent et plus d’esclaves. Mais lorsque l’empire a cessé de se développer… il leur est resté le coût d’entretien des frontières, sans source de revenus".
** Prenons maintenant des nouvelles de l’empire actuel. Où obtient-il son argent ? Comment a-t-il pu se permettre une ambassade si extravagante — dans une région où il n’a pas véritablement d’intérêts ? Comment peut-il se permettre les milliers de milliards de dollars de la facture irakienne ? Nous allons énoncer une évidence : il commence lui aussi à se trouver à court d’argent. Mais contrairement à l’époque de César Auguste ou de Romulus Auguste, le gouvernement américain moderne peut créer de la monnaie à partir de rien. Il n’a même pas besoin de l’imprimer sur un morceau de papier. Il suffit de faire un virement électronique.
* A présent, une question, cher lecteur : qu’est-ce qu’un virement électronique ? Ou plutôt, dans un virement électronique, que transfère-t-on ?
* "Des électrons", répondrez-vous. Ou peut-être "de l’information". Ou "un symbole de richesse"… quelque chose qui représente de l’argent.
* Et là, nous revenons aux pénis un petit instant. Il y a quelque temps, nous avons entendu le dialogue suivant, durant une visite guidée de Paris, sur la place de la Concorde. Le guide venait d’informer une femme que l’obélisque, au milieu de la place, pouvait être considéré comme "un symbole phallique". La femme se tourna vers son voisin et demanda :
* "Un symbole phallique de quoi ?"
* Les électrons… ou même le dollar papier… sont peut-être un symbole aussi. Mais un symbole de quoi ?