** Commençons avec une citation de notre philosophe préféré du moment : Prança Dantafas.
* "Le coeur de l’homme riche se brise… tout comme celui de l’homme pauvre. Malgré tout son argent, il ne peut en acheter un autre".
* Prança savait de quoi il parlait. Il a été exilé après avoir eu une liaison amoureuse avec l’une des concubines de Genghis Khan.
* Ce pauvre Prança ! Ces pauvres riches ! A la Chronique Agora, comme le savent ceux qui nous subissent depuis longtemps, nous prenons toujours le parti du plus faible. Nous n’avons quasiment jamais vu de cause perdue que nous ne voulions pas rejoindre. Nous admirons les durs de durs… et nous aimons la compagnie des canailles.
** Aujourd’hui, nous brandissons donc le drapeau d’un groupe qui appartient à toutes ces catégories… un groupe généralement méprisé et régulièrement persécuté… les "intouchables" au sommet de la pyramide économique — les riches.
* "La Suisse en guerre contre le reste du monde", commence un article de notre collègue Cécile Chevré, de MoneyWeek.
* Les Suisses parviennent en général à éviter les guerres. Ils y parviennent en étant lourdement armés. Les yodeleurs se sont adoucis ces derniers temps, mais jusqu’à récemment, tout Suisse valide devait servir dans l’armée nationale. Il devait garder son fusil à la maison… et chaque année, il devait prouver qu’il savait s’en servir.
* Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont envisagé d’envahir la Suisse. Selon la légende, un grand général allemand a rencontré le chef de l’armée suisse.
* "Nous avons deux fois plus d’hommes que vous à la frontière", a dit l’Allemand. "Que feriez-vous si nous attaquions ?"
* "La réponse est tout à fait évidente", répondit le général suisse. "Je dirais à chacun de mes hommes de tirer deux fois".
* Et voilà que la Suisse se trouve confrontée à pire encore. Pendant longtemps, le pays a été le refuge des gens fortunés. Or la vie devient plus dure pour les riches… et pour ceux qui les défendent.
* Pour commencer, devenir riche n’est plus aussi facile qu’autrefois. Terminé, les jours où l’on pouvait juste "mettre son argent en Bourse" et repartir 10 ans plus tard avec 10 fois la somme investie. Si on avait placé 70 000 $ dans les actions du Dow en 1982 et qu’on les avait laissés croître, on aurait terminé millionnaire en 2007… Même en tenant compte de l’inflation, les investisseurs sont repartis bien plus riches.
** Terminés aussi les beaux jours de l’immobilier. Combien de fortunes, aux Etats-Unis, ont été construites sur la pierre ? Des milliers… voire des millions — surtout dans des endroits comme la Californie, la Floride et Las Vegas. L’immigration constante, au cours des décennies, s’est révélée être une véritable aubaine pour les propriétaires immobiliers. Un homme aux moyens modestes pouvait hypothéquer sa maison et acheter de nouvelles propriétés. Il pouvait commencer avec la maison de l’autre côté de la rue… puis acheter quatre appartements dans l’immeuble du quartier… puis passer à des immeubles entiers et à l’immobilier commercial. Après quelques décennies, il pouvait facilement avoir négocié jusqu’à transformer les quelques milliers de dollars d’origine en millions d’actifs immobiliers.
* Mais comment parvenir au même résultat quand les prix chutent ? Et quand les prêteurs ne veulent plus vous accorder de crédit ? Nous avons vu passer la lettre d’un lecteur américain possédant toute une série de propriétés à Las Vegas. Il avait acheté avec sagesse et profitait désormais d’un cash flow positif — en tenant compte de tous les coûts et en incluant le financement. Pourtant, il ne pouvait trouver de prêteur volontaire pour prolonger son crédit.
* Ces dernières années ont été mauvaises pour les riches. Le capital des capitalistes capitule. Il jette l’éponge et meurt.
** Parallèlement, les gouvernements se tournent vers "les riches" pour financer leurs programmes de renflouage, leurs guerres, leurs plans de retraites et leurs subventions. Qui d’autre pourraient-ils solliciter ? Ils ont besoin d’argent. Et ils savent où le trouver.
* Il y a quelques années, des agitateurs ont fait les gros titres en soulignant "la distribution inégalitaire de la richesse" aux Etats-Unis. 85% de la richesse du pays était détenue par seulement 20% des gens. Ce qui dérangeait, c’est que les riches devenaient plus riches. Le pourcentage de richesse totale détenue par les riches avait grimpé, par rapport aux 81% enregistrés en 1983.
* Que s’est-il passé entre 1983 et 2004 pour rendre les riches encore plus riches ? La valeur des actifs financiers a grimpé.
* Et ensuite ? La valeur des actifs financiers a chuté en 2007-2009. La somme perdue, selon les derniers chiffres que nous ayons vu, se monte à 13 000 milliards de dollars environ. En gros, les maisons et les actions ont chuté d’un tiers environ. Qui a encaissé ces pertes ? Les pauvres ? Ha ha. Le bon côté de la pauvreté, c’est qu’on n’a pas à s’inquiéter de perdre de l’argent quand la Bourse baisse. Non, cher lecteur, les pauvres ne sont guère plus pauvres à cause de la crise. Ils n’avaient rien quand elle a commencé ; ils n’ont toujours rien. Les riches, en revanche, ont beaucoup perdu. Ils ont dû subir environ 85% des pertes — soit un total de 10 000 milliards environ. Si ces calculs sont corrects, les riches doivent désormais avoir une plus petite part du gâteau qu’à aucun autre moment de ces 25 dernières années.
* Nous sentons une larme se former dans notre oeil droit. Tenez… elle enfle… et roule sur notre joue tremblante. Les pauvres riches !