** Le prix du brut continue sa spirale mortelle — et les investisseurs ont toutes les raisons d’arborer un air stupéfait. Les cours du pétrole semblent intégrer une situation économique mondiale qui serait encore plus affreuse qu’une seconde Grande Dépression. Un pétrole à 35 $ semble impliquer que le genre humain va revenir à d’anciennes sources d’énergie comme l’huile de baleine, le suif et la bouse de vache.
– Peut-être… mais nous en doutons.
– A la fin de l’année dernière, l’AIE (Agence internationale pour l’énergie) a publié son rapport 2008 sur les perspectives énergétiques mondiales (World Energy Outlook 2008), qui présente une analyse précise des tendances de production, secteur par secteur, dans les 800 plus grands gisements de pétrole du monde. Cette étude suggère que le prix du pétrole a plus de chances d’augmenter que de chuter dans les années à venir.
– L’AIE met un terme à la théorie du Peak Oil selon laquelle la planète sera bientôt à court d’hydrocarbures. Mais l’agence note que la production des principaux puits de pétrole du monde diminue plus vite que prévu.
** Comme l’observe notre éminent collègue Chris Mayer, "les découvertes de l’AIE confirment que sans un investissement supplémentaire pour augmenter la production, celle-ci va diminuer de 9,1% par an. Tout le monde sait que la production de pétrole fait du sur place, et que les puits les plus anciens vont produire de moins en moins. Mais ce taux de diminution est plus rapide que ce que l’on avait envisagé jusqu’à maintenant. Même en investissant, la diminution annuelle sera de 6,4% par an. Ce sont de grosses diminutions annuelles dans un marché qui est déjà sur le fil du rasoir de l’offre et de la demande".
– "La demande va probablement continuer à s’effilocher au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans cette récession/crise", déclare Chris. "Mais l’offre diminue également, et ce n’est pas comme s’il y avait des stocks de pétrole invendus partout dans le monde. The Economist rapporte que ‘les stocks officiels de pétrole sont bien en dessous de la moyenne des cinq dernières années’. Et n’oublions pas que la plus grande partie des réserves mondiales de pétrole est entre les mains de gouvernements capricieux ou instables".
– Ces divers facteurs encouragent vos correspondants à vous offrir une prédiction (ou ce que nous aimons appeler "une supposition au pifomètre") : le brut à 100 $ avant le brut à 20 $.
– L’effondrement spectaculaire du pétrole de 147 $ le baril à 35 $ en dit long sur ce qui se passe en ce moment dans l’économie mondiale. Mais la diminution actuelle du prix du pétrole ne dit rien sur ce qui va se passer ensuite. Plus précisément, le prix actuel du pétrole ne donne aucune indication sur ce que va devenir la demande mondiale de brut, ni sur ce qu’il va se passer au niveau de l’offre mondiale.
– Nous ne savons rien des futures tendances de l’offre et de la demande. Néanmoins, nous dirions qu’un investisseur qui ne sait rien à tout intérêt à acheter le pétrole pour le long terme… plutôt que le vendre à découvert.