Par Jean-Claude Périvier (*)
Une force montante
L’Amérique du Sud, même si elle n’est pas un Etat fédéral comme son grand voisin du nord, a cependant une puissance politique de plus en plus visible. Le Brésil est devenu un acteur mondial important. Le Venezuela et l’Equateur sont membres de l’OPEP.
La Chine devient un partenaire stratégique en Amérique latine et renforce ses investissements dans ce continent. La Russie est également en train de s’engager davantage dans la région. Et les Etats-Unis retrouvent de l’intérêt pour le sous-continent qu’ils avaient un peu oublié au profit de l’Asie centrale.
L’Europe, un peu en ordre dispersé, tente une percée économique en jouant la carte d’une alternative aux Etats-Unis, copiés mais peu aimés, et à la Chine qui inquiète.
Si tous ces pays se focalisent sur l’Amérique du Sud, c’est qu’ils y ont un intérêt économique mais aussi sûrement géopolitique ; c’est en tout cas qu’elle présente un réel potentiel économique, ce qui est relativement une nouveauté, et qu’il faut y prendre position sans plus tarder.
Si les Etats se positionnent là-bas… ne croyez-vous pas qu’il y a une bonne raison à cela ? Alors… pourquoi n’en profiteriez-vous pas, vous aussi !
Place aux jeunes et aux consommateurs
Bonne nouvelle : la pauvreté n’a cessé de reculer en Amérique du Sud — même si avec des disparités bien sûr.
L’Amérique du Sud a maintenant une population de 377 millions d’habitants. C’est plus que les Etats-Unis et le Canada réunis. Hormis les Indiens vivant dans des contrées reculées, presque tous sont des consommateurs. Beaucoup ont découvert récemment les mécanismes du crédit à la consommation. L’élévation globale de leur niveau de vie leur a permis, suivant les catégories socioprofessionnelles, de se doter de produits ou de services dont ils rêvaient jusqu’à ces dernières années : électroménager, voiture, électronique, logement, voyages…
La consommation est en marche et, comme cela s’est passé dans les pays aujourd’hui dits développés, elle ne s’arrêtera pas. Tout au plus, la progression de la consommation ralentira quelque peu. Mais les nouvelles habitudes de consommation, directement calquées sur celles des grands pays occidentaux, sont pérennes, et feront fonctionner les économies des principaux pays d’Amérique latine. Et puis il y a les jeunes.
Après le continent africain, l’Amérique latine est la région du monde au pourcentage le plus élevé de jeunes. On estime qu’un tiers de la population totale de ce continent n’a pas atteint l’âge de 18 ans. Ces nouvelles classes d’âge sont déjà des consommateurs, et ce sont surtout les grands consommateurs de demain. Abreuvés de télévision, accros à internet, ils ont découvert tout le système de valeurs de consommation à l’occidentale, et ils en raffolent. Fringues, lecteurs mp3, ordinateurs, boissons gazeuses, hamburgers, ils réclament de pouvoir disposer de ces produits partout, et à un prix abordable. Déjà, des compagnies ciblent leurs besoins, et se préparent à les garder comme clients captifs dès qu’ils auront l’âge adulte.
Un grand marché intérieur est en train de naître et de s’organiser en Amérique latine.
L’Amérique du Sud plie, mais ne rompt pas
La crise a démontré pour la première fois la résistance des pays sud-américains. Le sous-continent est moins vulnérable que par le passé, et va s’en sortir à moindres frais.
Depuis les interventions brutales du FMI il y a une vingtaine d’années, les pays d’Amérique latine ont cherché ouvertement à se dégager de la sphère d’influence économique des Etats-Unis. La Chine leur a apporté une alternative : un soutien financier sans réelle contrepartie politique. Pour l’instant. Il y a bien eu des pressions pour des ruptures diplomatiques avec Taïwan, mais sans plus. En échange, Pékin a voulu accéder aux matières premières d’Amérique du Sud, aux meilleurs prix.
L’Amérique du Sud va réaliser de la croissance au milieu de cette récession mondiale, exactement comme la Chine le fera. Et de la même manière que les pays riches essayeront de relancer la machine, des politiques d’expansion macroéconomiques en seront la clé. Mais une aide extérieure viendra du commerce avec les autres émergents, en particulier la Chine et l’Inde.
Justement, en ce début 2009, les Chinois ont recommencé à acheter des matières premières en Amérique du Sud. Ils saisissent ainsi l’occasion de profiter des prix bas de ces matières premières, qui ne resteront pas toujours à leur niveau actuel. Ils achètent, quitte à constituer des stocks (ils en ont les moyens) si l’appareil de production chinois, qui a ralenti, ne peut absorber tout de suite ces matières premières.
Et ce n’est pas tout. Les Chinois achètent aussi des titres de sociétés qui les intéressent car elles produisent des biens dont ils ont de plus en plus besoin. Les Chinois sont de bons commerçants, c’est connu ; ils achètent donc de préférence quand les prix sont bas. Et actuellement, les prix des actions des sociétés cotées qui les intéressent sont bas. Je vous invite à faire comme eux…
Meilleures salutations,
Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora
(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis & Profits.