▪ Pour la première fois de la semaine, les indices américains ont terminé à l’exact opposé de leurs homologues européens. Le Dow Jones s’effrite de 0,25%, le S&P a perdu 0,4% et le Nasdaq 0,55%. Voilà un magnifique quintuple échec sous les 2 800 points… mais le bilan hebdomadaire est proche du zéro absolu (-0,33%).
Quelle semaine palpitante… Le jeu a consisté à faire en sorte que les indices boursiers n’aillent nulle part, ou tout du moins ne consolident pas ; ce fut particulièrement visible jeudi soir à Wall Street, après le séisme japonais et la menace de shutdown budgétaire des Etats-Unis.
Les investisseurs américains n’ont relâché la pression sur la touche « achat » qu’à contrecoeur vendredi. Le baril de pétrole WTI fusait à la hausse (+2,5% vers 113,1 $). En tout, l’or noir s’envole de 4% sur la semaine : le Brent déborde les 125 $, soit +4,5% en cinq séances. De son côté, le métal précieux pulvérise un nouveau record absolu à 1 475 $.
▪ Aux dernières nouvelles, la situation militaire s’enlise en Libye. Les combats qui s’intensifient sur la zone côtière menacent l’intégrité des installations pétrolières.
L’euro a confirmé le franchissement de la résistance des 1,43 $. Il a établi un nouveau record annuel à 1,44350 $ : ce n’est pas bon pour les exportations… Dans le même temps, la croissance française est revue légèrement à la baisse pour le premier trimestre 2011 (de +0,8 à +0,7%) ; la balance commerciale allemande s’avère bien moins florissante que prévu.
▪ Le dollar s’enfonçait sous les 1,44/euro alors que les discussions sur le financement du budget fédéral étaient encore dans l’impasse à moins de quatre heures de l’expiration du délai officiel.
Ce genre de psychodrame à suspense est typique de la vie politique américaine où tout est affaire de compromis… Cependant, c’est la première fois que les Etats-Unis se retrouvent au bord du défaut de paiement (shutdown).
Il est arrivé que démocrates et républicains ne trouvent pas d’accord pour affecter les fruits de la prospérité. Cette fois-ci, ils ne parvenaient pas à s’entendre sur l’ampleur des coupes à effectuer dans les dépenses : qui doit-on sacrifier, quelles subventions supprimer ?
▪ Alors à quoi les haussiers se raccrochent-ils ? D’après la plupart des commentaires, la hausse serait due au soulagement provoqué par le constat que le puissant séisme de la veille au Japon n’avait provoqué que quelques dégâts matériels peu spectaculaires (une centrale nucléaire s’est vue privée de courant durant quelques heures, mais cela n’a rien déclenché d’irréversible).
Et voilà, comme quoi une semaine de hausse de plus tient à peu de choses !
▪ Même si Paris ressort du rouge par le plus petit écart possible et à la toute dernière seconde, cela valide la poursuite de la tendance ultra-haussière. Tout le monde sait bien que c’est « fait à la main »… mais on fait semblant de croire que le marché veut réellement monter.
La « main invisible » qui porte un gant brodé aux initiales de la Fed a donné le petit coup de pouce opportun durant le fixing… C’est lui qui a permis au CAC 40 de repasser de 0,61 à 0,83% : c’est ainsi que le bilan hebdomadaire est revenu de zéro à +0,2% — avec à peine trois milliards d’euros échangés !
Pour le reste, le CAC 40 s’est retrouvé enfermé au sein d’un corridor d’une dizaine de points, entre 4 056 et 4 066 points. Cela après une ouverture à 4 062 points qui donnait d’entrée de jeu le ton pour cette séance qui s’est achevée exactement au même niveau.
Une volatilité de 0,25% à l’issue de huit heures de cotation… voilà qui démontre une nouvelle fois le contrôle absolu exercé par des algorithmes sur la tendance. Cette dernière demeure donc haussière puisque la Fed veut qu’il en soit ainsi — cependant, les actions ne sont qu’une sorte de baudruche dont l’enveloppe est certes très élastique… mais pas extensible à l’infini.
Si la bulle doit encore enfler 24 ou 48 heures de plus, les prochains objectifs demeurent 4 080 puis 4 160/4 170 à Paris. Qui a encore envie de prendre des risques pour arracher un bonus de 2,5% au grand maximum ?
Attention en cas d’enfoncement des 4 000 points : le marché monte grâce à un acheteur unique (les partenaires de la Fed unis dans une même fuite en avant) depuis le 16 mars.
En cas de retournement de tendance, personne n’est disposé à monter dans le train de la hausse… parce que c’est un train fantôme depuis six mois.
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